Ce 27 juin à Phnom Penh commençait le second procès des crimes massifs commis, entre 1975 et 1979, sur l'ordre du PCK parti communiste cambodgien.
Un premier procès avait permis en juillet 2010 de juger le tortionnaire "Douch". Cet horrible personnage avait dirigé Tuol Sleng, la sinistre prison S-21 de Phnom Penh. Aujourd'hui les lieux ont été transformés en musée du génocide. Les murs ont été recouverts de photos des victimes. Mais l'homme n'avait été identifié qu'en 1999. Sa condamnation n'est finalement intervenue plus de 30 ans après la liquidation du gouvernement "khmer rouge" par les rivaux vietnamiens.
La procédure actuelle vise les principaux survivants de la direction de "l'Angkar", appareil du pouvoir totalitaire de la terrible période 1975-1979.
On pense généralement qu'il s'agira du premier et dernier "Nüremberg" d'un régime communiste. Depuis 20 ans que l'Union soviétique et le pacte de Varsovie se sont effondrés, aucune démarche internationale d'une telle nature n'a pu aboutir dans aucun autre pays.
Certains se demandent pourquoi cette immense opération judiciaire, voulue par les Nations Unies, reçoit un si faible écho dans nos grands moyens de désinformation. À peine a-t-on mentionné la première audience. Sans doute indiquera-t-on brièvement la condamnation, qui ne signifiera pas grand chose.
Dans le but d'expliquer les racines idéologiques du polpotisme la défense avait fait citer un expert belge Raoul-Marc Jennar. L'intention des avocats tendait sans doute à présenter pour spécifiques les sources de la terreur khmère rouge.
Son rapport fut présenté au tribunal le 14 septembre 2009.
Or, ce document met en lumière le rôle essentiel du communisme parisien dans la formation du monstre.
Saloth Sar, qui prendra le pseudonyme de Pol Pot avait étudié à la Sorbonne, comme la plupart de ses camarades. Tous lisaient quotidiennement "L'Humanité", s'imprégnant de la manière dont on y distille la doctrine de Marx et Engels. Ils cultivaient déjà le secret et le noyautage, dans la pure tradition du travail fractionnel léniniste. Un cercle des étudiants marxistes se camoufle, dès cette époque, au centre de l'Association des étudiants khmers de Paris. Elle en tire les ficelles, et elle impose ses mots d'ordre. C'est dans ce contexte qu'ils pratiquent l'admiration du modèle d'accumulation primitive expérimenté par l'URSS. Ils l'appliqueront avec méthode et fanatisme, un quart de siècle plus tard.
En 1952, le chef du groupe publie (1) un article fondateur. Sous prétexte de choisir entre "Monarchie ou démocratie ?" il se réfère essentiellement à l'exemple bolchevique de 1917. Revenu dans son pays, ce noyau subversif conduira une guerre révolutionnaire impitoyable. Aux adeptes de cette organisation, l'Angkar, du Parti communiste khmer (PCK) ils fourniront un programme et un encadrement.
Quand 20 années plus tard, surgissant de la forêt, les guérilleros sauvages qu'ils ont recrutés sur place s'emparent du pays, c'est bien naturellement que les communistes français applaudissent.
Le 18 avril 1975, sans disposer d'aucun informateur sur place (2)⇓, voilà comment L'Humanité aveuglée par la complicité idéologique prétendait décrire les événements :
"Aussitôt après la libération et l'accueil enthousiaste fait aux libérateurs, des dizaines de milliers de paysans sont repartis avec leurs familles dans leurs villages, écrit Tass. Le commandement des forces armées populaires leur prête l'aide nécessaire pour qu'ils reprennent les travaux des champs".
Le 22 avril, "la vie reprend son cours normal".
Le 24 avril, le responsable de la rubrique Asie du journal communiste, le camarade Jean-Émile Vidal annonçait la grande Fête de la Victoire :
"La fête du peuple. Et déjà, le gouvernement royal d'Union nationale et le Front uni national ont pris des mesures pour que les plus déshérités, ceux qui ont souffert dans les villes sous contrôle de l'ennemi tandis qu'une poignée de gens faisaient fortune, aient part aux réjouissances. Les stocks de vivres détenus par les spéculateurs ont été réquisitionnés. Des campagnes arrivent le riz et la viande. Les prix du riz, du porc et du bœuf ont été réduits en quelques jours dans des proportions considérables. La monnaie nationale, le riel, qui s'effondrait sous le régime fantoche, vient d'être réévaluée de 120 pour cent.
C'est le pouvoir du peuple. Les centaines de millions de dollars ont cessé de couler sur le Cambodge, et pourtant, si quelques corrompus ne s'enrichissent plus, les pauvres déjà sortent de la misère…"
Ces dithyrambes des camarades français en faveur des communistes cambodgiens dureront deux ans, jusqu'au 5 septembre 1977.
JG Malliarakis
Apostilles
- dans "Khemara Nisset" (L’Etudiant khmer) bulletin des étudiants khmers, de l’Association des étudiants khmers de Paris, ce texte est signé "Khmer de souche".⇑
- cf. l'indispensable livre de Jean-Noël Darde consacré au "Ministère de la Vérité" 198 pages Seuil 1984.⇑
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J'ai longtemps pensé qu'ils n'y avait de bons communistes que s'ils étaient morts. Plus réservé, je me demande comment se fait-il que l'on puisse débrider la nature humaine au point de lui faire faire n'importe quoi. Les exemples ne manquent pas de la Terreur à la Syrie en passant par Oradour ou les exactions des FFI après la Libération. Plus on a été lâche, plus on se défoule. Le pouvoir des masses endoctrinées ou soumises à leurs pulsions les rend folles.
Rédigé par : LPN | mardi 19 juil 2011 à 11:30
Merci pour ce rappel. Sans vous je n'aurais pas eu connaissance de l'ouverture de ce procès. Puissent les criminels communistes être condamnés, pour que justice soit faite, et pour que les communistes ne puissent plus nier.
Rédigé par : Libertates | mercredi 20 juil 2011 à 19:03
On sait à quoi s'attendre de la part du PCF. Mais il n'y pas eu que des gens à la solde de Moscou. Sur le rôle d'universitaires comme Chomsky j'étais tombé sur ce papier intéressant et impitoyable pour cette rock star de l'intelligence de gauche
http://www.csua.berkeley.edu/~sophal/canon.pdf
Rédigé par : j.acks | mercredi 20 juil 2011 à 22:48