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mardi 10 mai 2011

Commentaires

Antoine C.

Daudet écrivait dans "Député de Paris", la partie de ses Mémoires consacrée à la législature 1920-24 :

"Très 1792 aussi Herriot, citoyen laborieux, rond et subtil, orateur-né, même tribun, se frappant la poitrine à tour de bras, chaleureux et sans mémoire, et dantonisant à tout propos, etc." C'est le portrait de celui qu'il a appelé "l'imposteur chaleureux" et "le jovial traitre".

Dans le paragraphe suivant Daudet rapporte un trait caractéristique de Herriot :

"Nous causions un jour, tous les trois, sur la banquette en velours d'un salon de la Chambre, Barrès, Herriot et moi. Nous parlions du danger que faisaient courir à notre pays la barbarie allemande et le chaos russe. Barrès, à ce moment-là, était tout au génie du Rhin. Il venait de publier un fort beau livre, ainsi intitulé, mais trop austère, recueil de ses conférences sur ce sujet à l'université de Strasbourg. Tout à coup Herriot, qui ne l'écoutait guère, nous dit : "La France est condamnée. C'est la grande et belle statue dressée à la pointe du monde occidental, au Finistère, et que la poussée slavo-germanique, venant de l'Est, va précipiter dans l'Océan." Il nous livrait là le fond de sa pensée. Nous nous récriâmes : "Mais voyons, Herriot, c'est du Renanisme, du Renan à Deroulède : jeune homme, la France se meurt, ne troublez pas son agonie." Édouard Herriot nous lança un regard douloureux sans affectation, se leva, alla, roulant des épaules, rejoindre ses copains. Barrès dit : "Il ne tient pas compte des sursots (des sursauts)..." Mais ces paroles l'avaient impressionné et il m'y fît, par la suite, allusion souvent."

C'est page 780 du volume Léon Daudet en "Bouquins" / Robert Laffont.

Herriot n'était pas encore président du Conseil et n'avait pas encore été fait colonel de l'Armée rouge par PAC, surtout l'on était à l'époque où il était possible d'appliquer la Pax Gallica.

Le portrait que Daudet fait de l'Herriot de 1920 est équilibré et montre la sympathie qui a toujours été la sienne pour la plus emblématique figure du parti radical valoisien. L'extraordinaire article de Mauriac de février 46, "La Liberté de la Presse", où il écrivait : "Aujourd'hui, nous nous rendons compte que, pendant un demi-siècle, ceux mêmes qui se croyaient des adversaires de l'AF ont vu et jugé les gens d'après les caricatures que les grands journalistes de la droite leur imposaient" (p. 381 du volume Mauriac en "Bouquins" / Robert Laffont), ne pouvait donc s'appliquer à un Herriot tout simplement parce que le vrai Herriot n'a jamais évolué au grand jour, ou peut-être seulement à la fin de sa vie quand, après un Tardieu, après un Déat, il a fini par se convertir.

Il y a un autre passage de Mauriac qui me paraît intéressant, il est d'octobre 69 et traite du parti radical qui vient d'élire à sa présidence Maurice Faure et fait l'objet de la convoitise de JJSS : "L'élection de Maurice Faure à la présidence du parti radical intéresse peu les gens. On dirait qu'ils ne se souviennent plus de ce que fut ce parti durant la 3ème République, à la lettre le maître de tout, de toutes les places, grâce au Grand Orient de France, à ce clergé passionné et à ses ordres : les instituteurs d'alors, grâce aussi à cette énorme cible atteinte à tous les coups, sur laquelle les radicaux s'acharnaient : l'Église, les congrégations, et à ces adversaires en or que constituaient pour eux les nationalistes antisémites, en pleine déroute de l'affaire Dreyfus. Etc." (t. V du "Bloc-Notes" en Seuil "Essais", p. 257)

Herriot a survécu à la 3ème, le parti radical est sorti considérablement diminué de la guerre. Le "style" de gouvernement de la 4ème était, si l'on suit J. Julliard dans son essai sur les années 46-58, personnifié par M. Queuille et sa quête d'absolu anonymat : le Président du conseil, le ministre ou le sous-ministre ne doivent pas être reconnaissables dans la rue, ils doivent se fondre dans la masse des Français moyens. Il est vrai qu'au temps de la 4ème Mitterrand cultivait un style grand jouisseur. Mais les politiques menées par les gouvernements de la 4ème auront été somme toute d'une grande audace : c'est sous la 4ème qu'Adenauer effectue son premier voyage en France, c'est encore sous la 4ème que le Traité de Rome est signé, c'est toujours sous la 4ème que les travaux devant nous mener vers la force de frappe sont entrepris.

Donc si j'ai bien compris, c'est de l'insaisissabilité des personnages de Herriot et de Mitterrand que vous parlez dans cet éditorial. De leur absence de convictions réelles, de leur méconnaissance totale des réalités mondiales, en particulier économiques, enfin avec une probabilité beaucoup plus haute : de leur connaissance profonde des hommes, qui explique le fait qu'ils auront été tout au long de leur vie des éléments de permanence de la vie politique, des repères inébranlables ; or les hommes d'appareil, qui sont souvent des virtuoses de l'opposition, montrent leur impéritie totale à gouverner une fois arrivés ou revenus aux affaires.

Martin Peltier

Le parallèle me paraît plus exact avec Jacques Chirac, qui supprima la proportionnelle et fut le grand artisan, contre l'avis de ses amis, de la diabolisation du front national, quand Junot, Malaud et bien d'autres réputés plus modérés, prônaient le pas d'ennemi à droite.

minvielle

Fort visiblement, la catastrophe ukrainienne de 31-33 ne semble pas encore concernée par l'article 6 du tribunal de Nuremberg...
Ce silence est assourdissant de complicité objective, pénalisé par les mêmes "lois" d'ailleurs.

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