Certains sans doute regrettent la disparition de ce que Mme Sinclair appelle un blogue. La relance de notre chronique en consolera peut-être d'autres. Car, depuis des semaines le rédacteur de L'Insolent en avait délaissé le rythme pour consacrer ses efforts sur l'Alliance Staline Hitler. Les épreuves sont corrigées, les cartes des conquêtes soviétiques ont été vérifiées, le bon à tirer a été remis à l'imprimeur (1) depuis le 24 mai 5 h 55. Quelques minutes plus tard, le 22 juin 1941 commençait l'opération Barbarossa.
Une voix me dit dès lors : réveille-toi. Regarde comme tout a changé autour de toi pendant ton espèce de léthargie.
D'abord, que de bouleversements au regard de l'Histoire.
Et puis, observe l'évolution de l'opinion pendant ton sommeil paradoxal.
I. Premièrement, 70 années se sont écoulées depuis ces événements historiques auxquels tu viens de consacrer plusieurs mois de travail. Et, aujourd'hui, la France n'est plus occupée par la Wehrmacht et l'Europe n'est plus menacée par Staline.
Strasbourg, avait été transformée, sans raison, en ville morte dès le 1er septembre 1939. Gamelin avait fait évacuer brutalement vers le sud de la France, 430 000 Alsaciens. La plupart ne purent commencer à revenir chez eux, qu'en juillet 1940. Le drame ne se terminera pour eux que beaucoup plus tard.
Eh bien, Strasbourg, aujourd'hui, devrait faire office, en principe, de capitale symbolique d'un continent réconcilié. Les jeunes gens et les jeunes filles circulent pacifiquement, culturellement, de Stockholm à Lisbonne. Ils bénéficient du patronage d'Erasmus. La plupart n'imaginent même pas que leurs aînés aient pu s'affronter les armes à la main, du moins pour les plus courageux d'entre eux, sous des uniformes hostiles.
Le monde a tellement changé que les Français croient même, du moins officiellement, qu'ils ne sont confrontés à aucune menace, à aucune force ennemi.
L'expression "choc des civilisations" ne doit même pas être soupçonnée. L'idée qu'une nation majoritairement musulmane puisse simplement différer d'une communauté de peuples formés par des siècles de christianisme tombe pratiquement sous le coup de la loi. Permis aux Chinois, aux Hindous, aux Zimbabwéens, aux Américains, défendu aux Européens. Peine perdue, et même propos suspect, que de noter combien les Turcs divergent de nos comportements, puisqu'ils ne savent pas introduire dans leur discours le mot repentance. Je ne dis pas que nous détenions, dans ce registre le monopole de la raison, je constate seulement la différence.
II. Et puis la scène politique a vu l'ouverture, sur un mode enlevé, d'un nouvel acte. Nous contemplons, pour la plupart d'entre nou, s le commencement d'une campagne électorale de 2012 qui bat déjà son plein. Scherzo. Mais le décor du théâtre ne s'anime que d'un seul côté. Éclairage lugubre. Car la nouvelle ligne de fracture ne sépare pour le moment que des forces de déclin internes à ce malheureux pays, au sein de la gauche la plus intelligente du monde. À peine les différentes variantes du socialisme, du strauss-kahnisme et de la technocratie s'apprêtent-elles à s'entre-dévorer. Cela d'ailleurs ne s'observe pas seulement au sein du PS, mais également, ou presque, du côté du gouvernement Fillon. Avec, certainement, la meilleure volonté du monde il aura fait adopter quelque chose comme 21 impôts nouveaux en 4 ans. Faut-il les énumérer ici ? Le profane s'y perd d'autant plus que la fiscalité existante se complaît aux géométries variables. Les gens de Bercy imposent leurs lois, leurs raisonnements et leurs réseaux aux ministres de passage et aux représentants supposés de la nation souveraine.
Tout cela, nous assure-t-on va se résoudre dans les urnes. Nous devrons, nous pourrons choisir, pour faire court, entre plus d'impôts et moins d'impôts.
Mais pour nous convaincre entièrement, deux conditions devraient être réunies.
La première supposerait que les électeurs sachent quels dirigeants seront soumis à élection : choisirons-nous les gestionnaires de la sécurité sociale, dont le budget dépasse celui de l'État ? Nous reconnaîtra-t-on officiellement le droit naturel de sortir de son monopole ? Demandez autour de vous le nom de son directeur. Les lecteurs de L'Insolent ont entendu parler de M. Dominique Libault. Ils ont même pu voir sa photo (2). Leur information se situe donc, probablement, très au-dessus de celle de leurs compatriotes, co-contribuables, co-assujettis.
La deuxième dépend en grande partie des médias. Supposons un pouvoir considérant que sa légitimité découle du soutien populaire reçu par son programme, si chaque fois qu'il fait un pas dans la bonne direction, dans celle que lui ont indiquée les électeurs, reçoive son paquet de dénigrement à chaque réforme. Sa réussite semblerait improbable. Cela dépend du pouvoir médiatique et nous ne l'élisons pas.
La troisième enfin supposerait, du côté d'un candidat quelconque, qu'apparaisse une volonté véritable, et crédible, de rendre notre tribut plus léger. Alors, mais alors seulement, nous pourrions même chanter comme on le faisait autrefois :
"Écoute la voix qui t'appelle, enfant de France, vers le plus noble but".
JG Malliarakis
Apostilles
- Normalement il sera livré dans la journée du 27. Je vous avertirai triomphalement bien sûr de cette parution attendue. D'ici là les Éditions du Trident accepteront encore les souscriptions des lecteurs de L'Insolent.
- cf. L'Insolent du 29 janvier 2010 "Pourquoi Aubry accepte le prix du ridicule"
"L'Alliance Staline Hitler"
Sous ce titre paraîtra un ouvrage de l'auteur de ces lignes retraçant le contexte de la politique soviétique pendant toute l'entre deux guerres. Il comprend en annexe, et les expliquant, plus de 80 documents diplomatiques, caractéristiques de cette alliance. Il sera en vente à partir du 25 mai au prix de 29 euros. Les lecteurs de L'Insolent peuvent y souscrire jusqu'au 25 mai au prix de 20 euros, soit en passant par la page spéciale sur le site des Éditions du Trident, soit en adressant directement un chèque de 20 euros aux Éditions du Trident 39 rue du Cherche Midi 75006 Paris. Tel 06 72 87 31 59.Couverture du Livre Alliance Staline-Hitler
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Cher ami,
Pensez-vous vraiment que le choix soit entre "plus d'impôts" et "moins d'impôts" ? Je pense qu'au vu des promesses de 2007 et de ce qui s'est réellement passé, nous avons le choix entre "plus d'impôts" et "encore plus d'impôts". Mais c'est une opinion personnelle...
Rédigé par : Pierrot de la Luna | mercredi 25 mai 2011 à 18:43
Votre " Opération Barbarossa " sera sans aucun doute plus intéressante à lire que les élections de 2012 le seront à suivre ... ne serait ce que par la médiocrité des politiciens européens actuels (tous bords confondus) et leur asservissement aux maitres du N.O.M. Et d'autant que le sort de l'Europe ne se joue plus à Berlin, Moscou, ou Londres [...]
Petite réponse : ce livre ne parle pas de "l'Opération Barbarossa ", fort connue, mais de la période qui l'a précédée.
Rédigé par : sparte | samedi 28 mai 2011 à 02:52