On éprouve quand même un relatif malaise en constatant à la fois le discord franco-italien face à l'afflux des réfugiés tunisiens et les pressions opérées sur les opinions publiques par les marchands de mauvaise conscience.
Dès le commencement des révolutions arabes nous pouvions tous savoir le type de problèmes qui allaient advenir. Quand je dis nous je pense aux citoyens et contribuables ordinaires. Inéluctablement, les Européens devraient prendre des dispositions communes pour faire face à un phénomène migratoire. Celui-ci ne peut être jugé qu'inopportun, inapproprié au regard des agendas démocratiques internes de la plupart de nos pays.
Tout lecteur du roman "Le Camp de saints" publié par Jean Raspail en 1973 pouvait comprendre à quel type de scénario seraient confrontés, un jour ou l'autre, nos pays.
Or aucun de nos dirigeants n'a manifesté le courage ou la lucidité de tirer la sonnette d'alarme. Pourtant les accords de Schengen signés par 5 pays en 1985, s'appliquent désormais dans la plupart des États-Membres de l'UE, et même à la Suisse. Dès le traité d'Amsterdam de 1997 les dispositions administratives des politiques d'immigration étaient incorporées à la compétence de l'eurocratie.
Rien de tout cela n'a été appliqué.
Et pourtant on remarquera que la "convention Schengen" ratifiée en 1990 comporte 142 articles. Les technocrates prétendent tout prévoir à l'avance. Tout, sans doute, sauf les crises.
Déjà en 2010, une crise d'un autre ordre, portant sur les finances publiques des pays du sud de l'Europe, prévisible depuis longtemps, et particulièrement à partir de l'été 2009 avait montré l'inadaptation des institutions actuelles.
Celles-ci découlent pourtant du traité de Maastricht négocié en 1991, rédigé par les équipes de Jacques Delors et de son collaborateur Pascal Lamy. Cet énorme document était lui aussi conçu pour répondre à toutes les questions, dans la plus pure tradition des énarques et autres polytechniciens français. On avait ainsi disposé que les déficits publics ne dépasseraient pas 3 % du PIB, que la dette des États n'excéderait pas 60 % de la richesse produite annuellement par les nations. Ceci tenait un compte approximatif d'une théorie fausse, plus ou moins formulée par Keynes 30 ans plus tôt. Mais tout en représentant des centaines de pages imprimées ces accords ne prévoyaient pas leur propre mise en œuvre disciplinaire.
Tout l'échafaudage eurocratique postérieur à l'Acte Unique ratifié en 1987 peut tomber légitimement sous le coup des mêmes critiques. De ce fait, et pour des raisons d'incapacité politique observables dans la plupart de nos pays on a perdu de vue les raisons mêmes qui ont poussé les fondateurs à s'unir du traité de Rome, signé en 1957, et mis en application par la Cinquième république. Certes les chars soviétiques ne constituent plus la menace essentielle perçue par les opinions publiques. Mais d'autres périls se sont accumulés
On ne peut pas esquiver la question de la faiblesse de nos moyens de défense. La France se targue de compter parmi les deux ou trois États qui, parmi vingt sept nains sans Blanche Neige, accomplit un effort crédible dans ce domaine régalien par excellence. Hélas cela ne se vérifie que relativement à la plupart de ses partenaires. Peut-on considérer par exemple que le seul Charles-De-Gaulle suffit aux besoins de protection du second domaine maritime mondial. La Royal Navy, pour sa part, dispose de trois porte-avions.
Que la défense de l'Europe soit assumée, hélas de manière quasi exclusive dans le cadre de l'Otan chagrine les nostalgiques du gaullisme. Mais qu'ont-ils fait, en plus de 50 ans, sinon réduire l'armée française à un effectif désormais squelettique ? On exagère à peine en imaginant de la rassembler tout entière, ou du moins la quasi-totalité des 88 000 hommes de l'armée de terre, dans les 81 000 places du Stade de France. Or cela est directement lié à la prétendue doctrine tous azimuts, à l'idée même de la priorité à la dissuasion nucléaire, à l'illusion de la guerre presse-bouton.
Ayant renoncé à l'esprit de défense, on a donc rogné progressivement les moyens militaires et on l'a fait d'autant plus volontiers que le gaspillage social devenait la première préoccupation des budgétivores.
Un État qui refuse de se reconnaître des ennemis, ne saurait concevoir ni la nécessité de ses alliances ni les perspectives d'aucun conflit.
Une Europe digne de ce nom prendrait en considération, au contraire, que 495 millions d'Européens devraient pouvoir se défendre, l'affirmer et le rendre progressivement possible, osons alors le dire : sans nécessairement recourir au parapluie de 305 millions d'Américains.
Nous nous trouvons contraint hélas de penser cela au conditionnel.
Ceci veut donc bien dire que les accords technocratiques intergouvernementaux de Schengen et de Maastricht ne peuvent plus suffire à l'illusion de notre liberté. La calamiteuse opération référendaire de Chirac en 2005 n'a certainement pas contribué au renforcement d'institutions devenues illisibles et lointaines.
Il semble désormais grand temps de choisir et de poser honnêtement les vraies questions, à commencer par celle du ministre italien de l'Intérieur Roberto Maroni qui en arrive même à se demander "si cela a un sens de rester dans l'Europe." "Personne ne veut que l'Italie quitte l'Union européenne" lui a répondu Cecilia Malmstrom commissaire aux Affaires intérieures. Reste à passer aux actes.
JG Malliarakis
Apostilles
- Qu'on me permette de renvoyer le lecteur à L'Insolent du 14 février "Les Tunisiens votent déjà avec leurs pieds"
- Sur la crise non moins prévisible de la zone euro cf. → L'Insolent du 19 octobre 2010 "La crise grecque sans mythologie"
→ L'Insolent du 3 juin 2010 De la banqueroute et de ses formes modernes"
→ L'Insolent du 27 novembre 2009 "La redécouverte du risque souverain"
→ L'Insolent du 25 novembre 2009 "Donnez nous notre emprunt quotidien" /li> - "Ha senso restare in Europa ?" cf. La Repubblica du 11 avril
Sous ce titre paraîtra un ouvrage de l'auteur de ces lignes retraçant le contexte de la politique soviétique pendant toute l'entre deux guerres. Il comprend en annexe, et expliquant, plus de 80 documents diplomatiques, caractéristiques de cette alliance. Il sera en vente à partir du 15 mai au prix de 29 euros. Les lecteurs de L'Insolent peuvent y souscrire jusqu'au 30 avril au prix de 20 euros, soit en passant par la page spéciale sur le site des Éditions du Trident, soit en adressant directement un chèque de 20 euros aux Éditions du Trident 39 rue du Cherche Midi 75006 Paris. Tel 06 72 87 31 59.
Puisque vous avez aimé l'Insolent
Aidez-le par une contribution financière !
Les plus récentes chroniques :
• "Fiscalisme technocratie atteinte à la propriété" Une fois de plus la grande réforme promise, la grande réflexion annoncée, le grand débat entr'ouvert aura été immédiatement refermé. La fiscalité du patrimoine demeurera pénalisante en France (...) →Texte et notes → Version vocale
•"Géopolitique de la subversion ou vieille ligne Radek " La réunion ce 14 avril en Chine de ce groupe paradoxal et bancal appelé "BRICS" a au moins donné lieu ce matin à une intéressante conclusion. (...) →Texte et notes → Version vocale
• "De l'exclusion des députés communistes" Quoique moins dramatique, la mise à l'écart de Gremetz de l'Assemblée nationale, jusqu'en mai, se justifiait sans doute autant que la mission assumée par les aviateurs et les marins principalement français et britanniques (…) → Texte et notes → Version vocale
• "Les planches pourries du radicalisme" L'annonce de la candidature hypothétique de Jean-Louis Borloo président des radicaux valoisiens a manifestement réjoui certains journaux monopolistes régionaux. (...)→ Texte et notes → Version vocale
• "Staline pas si génial que cela" →Texte et notes → Version vocale
Oui, ce constat est bien attristant : il n'y a plus d'armée mais on engage en Afghanistan ; encore 2 soldats tués : après le 1cl Clément CHAMARIER du 27e Bataillon de Chasseurs Alpins décédé le 19 Février, c'est le Caporal Alexandre RIVIERE, du 2e Régiment d'Infanterie de Marine qui est décédé ce mercredi. Qui leur rend l'hommage sur les télé ?
Schengen : on pourrait le garder en revenant au droit du sang ... cela deviendra une nécessité impérieuse (on entend la gauche, et l'église même protester à l'unisson) ! Pourtant les écoles londoniennes sont fréquentées à plus de 50 % par des extra européens sans que Schengen soit en cause car cette immigration est venue directement (depuis les Indes et le Pakistan), peu sont passés par Sangate.
La question du droit du sang est fondamentale : la nationalité italienne, française, etc. ne serait plus donnée à tout va. D'ailleurs beaucoup d'immigrés tiennent à conserver la bi-nationalité! cqfd.
Aussi l'actualité italo-lybienne ne cache-t-elle donc pas l'histoire ? Le problème de la France ne provient il pas surtout des accords entre la France et l'Algérie qui permirent et permettent aux Algériens d'être chez nous comme chez eux, en toute légalité (et sur nos fonds propres) ? En terme d'ennemi conventionnel l'Algérie ne menace pourtant pas la France, mais Boumedienne l'a dit : nous ferons votre conquête par le ventre de nos femmes ! Le premier ministre turque tient un langage similaire pour toute l'Europe.
Enfin cette politique de mélanges des races est celle des "instances mondialistes", et c'est elle qu'il fau(drai)t réduire. Or ni l'actuel "président" fantoche de l'UE, ni Barroso ne le feront puisque qu'ils ont été mis en place par leurs maitres extra européens précisément pour parachever la destruction des pays d'Europe et de leurs peuples. La substitution de populations est un moyen essentiel.
On continue ainsi à nous faire croire "qu'ils paieront nos retraites" - alors que notre industrie est ruinée et qu'ils n'y a plus d'emplois industriels peu qualifiés - ou que "c'est normal de les accueillir" ... après tant de (soi disant) souffrances infligées à ces peuples par les colonialistes.
Cette substitution de population nous ruine, en plus : le coût de l'immigration (plus de 20 millions d'extra européens en France, peut être 25 ...) représente l'essentiel de notre dette de 1.500 milliards. Et ce n'est pas fini : les immigrés, vont devenir fonctionnaires, maires, députés, ... déjà leurs mosquées magnifiques poussent comme des champignons au coeur des villes alors que nos églises peinent à rester ouvertes malgré un apport massif de prêtes et diacres ... africains ; la encore c'est le fruit d'une politique, soutenue par de nombreux évêques d'ailleurs.
L'annonce par Sarkozy d'une suspension de Schengen m'apparait donc être un simple effet d'annonce de politique intérieure ; cela va faire causer assez fort (c'est son but)... mais n'aura que peu d'effet sur l'avenir (triste) de la population française de souche. Les démographes comme Chaunu et Marseille - RIP - l'ont démontré : les dés sont jetés. La question est de savoir comment "faire avec" - est ce possible ? - car nous ne sommes pas partis pour les rejeter à la mer comme firent les espagnols ... vous me direz que cela leur pris 7 siècles !
L'avenir ne sera donc pas rose (je n'ose écrire blanc) pour nos enfants, petits enfants, etc. mais café au lait et noir. C'est déjà tragique dans nombre de nos villes et leurs banlieues, et de nos régions sur le plan de la sécurité au quotidien, du travail, de la culture, de l'alimentation, des soins médicaux etc.
Pourra-t-on encore parler d'Europe quand les peuples européens ne seront plus majoritaires en Europe ? Peut-on toujours de Parisiens, de Marseillais, d'Alsaciens, de Provençaux, etc. ?
Tout ceci dépasse l'entendement, on se demande même comment cela a pu être possible, alors que nos grands pères sont morts pour que pas un Allemand ne resta en France. C'était il y a bientôt un siècle. Un siècle déjà ... comme le temps passe. Mon grand père "fit" Verdun.
Mon père fit son service à partir de 1936 et revint en 45 de stalag ; il m'a dit un jour : tout ça pour en arriver là !
Rédigé par : Sparte | dimanche 24 avr 2011 à 00:18