En d'autres circonstances, nous aurions crié notre foi en scandant : occident vaincra. On y verrait aujourd'hui quelque nostalgie. Ma certitude relève d'ailleurs d'une autre dimension, autre chose que des comptes à régler avec les ennemis intérieurs et extérieurs du combat pour la liberté.
L'abominable dictature libyenne a montré depuis longtemps son vrai visage. Et si le démagogue d'Ankara Erdogan a encore accepté de recevoir en décembre 2010 le "prix Kadhafi des droits de l'Homme", seul un clown aussi dérisoire que M. Ollier pouvait encore accepter la basse besogne de présider une prétendue association "d'amitié France-Libye". Quelles amitiés en effet ? Quels droits de l'Homme ? … dans un pays où même les auto-stoppeurs craignaient de monter dans la voiture d'un étranger, comme aux pires époques du stalinisme en Union Soviétique.
À remarquer d'ailleurs que les adversaires de notre civilisation demeurent lovés dans tous les rouages des prises de position et, plus encore, dans la machine à décerveler.
Aux yeux des entrepreneurs de la crétinisation universelle, tout ce qui s'oppose à la décadence et à la destruction de l'occident, sous tous ses aspects, mérite dénigrement et même sanction.
On doit donc se féliciter de voir la France retrouver sa place naturelle dans le dispositif du camp de la liberté.
Ne nous y trompons pas en effet. L'opération menée contre le dictateur de Tripoli, son sac de dollars et sa rente pétrolière met notamment en action, et en partie en première ligne des moyens de défense français. Mais elle s'inscrit aussi dans des dispositions plus larges, dont on doit saluer le fait qu'elles se trouvent concertées avec les alliés traditionnels de nos armées.
On peut regretter seulement que le gouvernement de Mme Merkel n'ait pas encore rejoint ce groupe et que la concertation n'ait pas donné toute sa place à l'Europe en tant que telle : cette carence n'a sans doute échappé à la sagacité d'aucun observateur et surtout d'aucun acteur. On peut souhaiter par conséquent que dans une prochaine étape elle se trouve comblée.
On ne peut que déplorer qu'à Moscou on persiste encore à s'aligner sur le communiqué de la Chine, les protestations du Zimbabwé et de la Corée du nord, et les rodomontades insanes d'un Chavez.
En revanche on applaudira légitimement à la mise au rancart du vénéneux héritage gaulliste, qui n'avait réussi depuis son apparition qu'à amoindrir, rabougrir et polluer le pays dont il se réclame. Cette imposture durait depuis trop longtemps. (1)
Aux États-Unis on ne se méprend pas et on ne cherche pas à tromper l'opinion sur la réalité pan-occidentale de l'opération.
Le Washington Post soulignait le 19 mars avec humour : "alors que les forces internationales lançaient samedi leurs attaques contre la Libye, la Secrétaire d'État Hillary Rodham Clinton adoptait un ton inédit dans les annales des interventions militaires américaines, celui de l'humilité". (2)
Le New York Times du 20 mars titrait en première page : "Américains et Alliés frappent la Libye". (3)
On peut donc et on doit certes souhaiter que les Rafale de l'aéronavale disposent enfin de l'occasion de donner toute la mesure de leur capacité multirôle. Le constructeur le prétend même "omnirôle", tel un "couteau suisse", le présentant avec un peu d'emphase comme "le meilleur avion du monde". En réalité, depuis 1986, ce phénomène n'a guère été testé en situation de combat véritable et sa commercialisation en a gravement pâti. De ce fait, il ne s'écoule actuellement qu'au rythme de 11 (onze) exemplaires par an, exclusivement acquis par les forces françaises. Ses succès sur le théâtre des exploits du maréchal Rommel et de son glorieux adversaire Montgomery constitueraient donc une excellente nouvelle pour notre industrie d'armement.
On aimerait s'assurer aussi, plus généralement dans cette expérimentation à balles réelles, que ce pays ne dispose pas seulement d'un outil de défense rouillé.
On le mesurera aux frais du vieillissant colonel et de ce qu'il mérite depuis le temps qu'il nous provoque, c'est-à-dire une sérieuse… dérouillée.
Sans doute le sinistre guide de la "Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste", massacreur des tribus de Cyrénaïque et des confréries du désert n'aurait probablement jamais dû recevoir l'absolution de GW Bush. Cette page grise est définitivement tournée, semble-t-il.
Enfin, certains s'interrogeront sans doute sur les buts théoriques, sur la légitimité juridique, sur la finalité politique de ce conflit. Il ne paraît même pas utile de les renvoyer à un examen attentif la résolution 1973 du Conseil de sécurité des nations unies. Certes, ce document de 5 pages en 29 points détermine une feuille de route assez précise. On peut toutefois objecter que les mécanismes d'une guerre ne ressemblent jamais aux conditions logiques qui prévalaient encore à la veille de son déclenchement. (4)
La question essentielle que doivent résoudre dans ce genre de circonstances les dirigeants d'un pays et d'une coalition c'est de la gagner.
JG Malliarakis
Apostilles
- Relire à ce sujet "De Gaulle dictateur".
- cf. article publié par Mary Beth Sheridan et Scott Wilson le samedi 19 mars à 20 h 45
- cf. La capture d'écran illustrant cette chronique.
- On redécouvrira au besoin la "Psychologie de la Guerre" par Gustave Le Bon.
Vous pouvez entendre l'enregistrement de notre chronique
sur le site de Lumière 101
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Les "Rafales" de l'Aéronavale ont eu l'occasion de mener des opérations au dessus de l’Afghanistan à partir du CDG.Ils sont moins indispensables pour la Libye qui peut être facilement atteinte à partir de Sigonella par des avions de l'armée de l'Air. Mais "trop fort n'a jamais manqué" et si cela pouvait montrer qu'un deuxième P.A.aurait dû être en chantier depuis longtemps...
Rédigé par : Pontchevron | lundi 21 mar 2011 à 22:08
Je vois un danger qui consiste aussi à légitimer n'importe quelle "révolte", notamment sur notre sol à raison d'une soi-disante oppression anti-démocratique... Le poison se dilue dans l'eau du robinet, voyez vous.... il se répand avec elle....
Rédigé par : minvielle | mercredi 23 mar 2011 à 11:11
je suis très souvent entièrement d'accord avec vos éditoriaux.
mis là je ne vous suis pas.
quid de la Côte d'Ivoire, de Bahreïn, du Yémen, de la Turquie où les tyrans massacrent impunément leur peuple.
Cette opération ressemble fort à un pillage des réserves de pétrole de la Libye
Rédigé par : tadios | mercredi 23 mar 2011 à 18:52
Dernier petit commentaire personnel, trois ans plus tard. Je ne retire pas ce que j'ai dit à l'époque. Ce serait malhonnête. J'invite cependant le lecteur à relire entre les lignes les questions que je posais dès le départ.
Personne ne pouvait imaginer non plus que tout cela servirait à laisser le champ libre aux pires ennemis de l'occident : les islamo-terroristes, catégorie dans laquelle Khadafi s'était illustré.
Rédigé par : JG Malliarakis | vendredi 20 déc 2013 à 16:50