De Platon à Montesquieu que de penseurs ont disserté sur le thème de la république et de la vertu. Ne me sentant moi-même aucune fibre républicaine, je compatis malgré tout. Certains de mes malheureux concitoyens confondent encore, en effet, la France, que nous aimons, avec cette forme de régime, peu enviable. Celui-ci pue, certes, comme tout corps en décomposition qui se respecte. Mais certains, jusqu'ici, ne voulaient y voir, ou plutôt y sentir, que l'odeur de l'andouillette ou du camembert. On les reconnaît pour expression du génie national.
Mesurons donc avec eux en cette soirée du 8 mars ce que signifie l'impunité pratique du clan Chirac. Comme le souligne la chroniqueuse judiciaire du Monde, Mme Pascale Robert-Diard : "Le procès Chirac n’aura sans doute jamais lieu". Fermez le ban.
Convient-il d'entrer ici dans la danse des sondages ? Ils déchaînent depuis plusieurs jours d'ardents commentaires. Les fromages menacés des élus de droit divin les font crier à la menace "populiste", un mot qui ne devrait rien vouloir dire en démocratie. Mais enfin, si l'hypothèse d'un désaveu des partis en place provoque une telle panique, ne le doit-on pas au spectacle qu'ils donnent : à gauche celui de l'archaïsme et des ambitions purement personnelles ; à droite, ou plutôt en ce qui en tient lieu, celui des promesses non tenues.
Quel que soit l'endroit où l'on place son thermomètre, quel que soit par conséquent le niveau nominal de la fièvre, s'il monte c'est bien qu'il se passe quelque chose dans le corps social.
Ne cherchons donc pas à prétendre savoir d'où vient l'écœurante manière dont la gueuse est parvenue à couvrir son protecteur des années 1995-2007. Le soupçon de proxénétisme hôtelier retombe ici sur tous les palais nationaux. Il éclabousse évidemment l'hôtel de Ville de Paris. Mais il jette aussi son ombre sur l'Élysée. Ne croyons pas qu'il exonère les tribunaux : leur logique échappe au bon sens et à l'entendement des citoyens. La magistrature syndiquée ne doit pas se croire immunisée contre la vague du mépris et de rejet. Tous donnent l'impression de la connivence, de la moisissure et de l'assiette au beurre.
Giraudoux disait : "Si on essayait de dire la vérité juste une fois, pour voir l'effet que ça ferait ?"
Au lendemain de l'opération sondage, commandité par les éditeurs du journal "Aujourd'hui Le Parisien" et réalisé par l'institut Louis Harris, certains ont recommencé à lever un coin de voile sur la manière dont on touille les chiffres, la fameuse "méthode des quotas".
Cassons le thermomètre et la fièvre baissera pensent sans doute les nouveaux Diaforus.
Et puis, avant même que le parti socialiste ait le temps de concrétiser ce qu'il appelle ses primaires, remarquez avec quelle précipitation on a demandé de recompter, dans l'hypothèse où il choisirait tel autre candidat que son actuelle dirigeante d'ailleurs non déclarée elle-même, quelle différence de un ou deux points pourrait dégager un tel changement.
Mais la vraie question ne se pose-t-elle pas plutôt de primaires au sein des droites ? À quand un vrai débat sur le programme des candidats qui tous s'empressent de revendiquer les voix d'un électorat majoritairement libéral et conservateur, mais auquel on se refuse de donner parole et dont on se garde bien de reprendre les aspirations légitimes.
Ayons le courage, dans un tel contexte, d'observer que le pays ne se pose pas seulement la question de l'islam, de l'insécurité et de l'immigration, que d'ailleurs personne ne sait vraiment résoudre. Les électeurs de droite souhaitent sans doute un peu plus d'ordre dans les villes et leurs faubourgs, mais ils veulent d'abord moins d'interventions étatiques, plus de respect de la propriété et de la famille, moins d'impôts, moins de déficit, moins de subventions, moins de gaspillages.
À ce jour, et on peut le regretter, sinon quant au résultat, du moins pour la crédibilité du système, aucun candidat déclaré ou annoncé "à droite" ne reprend la promesse de rupture avec le chiraquisme, annoncée en 2006 par l'actuel président, jamais tenue. L'étatisme et les monopoles n'ont pas reculé non plus.
Ne nous étonnons pas par conséquent qu'un courant de vote protestataire s'annonce. Après tout, le candidat Coluche fit déjà trembler, il y a 30 ans. Sa disparition opportune a déjà cassé le thermomètre une fois. Un jour la colère débordera vraiment. Il ne faudra pas s'en étonner.
JG Malliarakis
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La voix du peuple confisquée ? Attention à la révolte dans Facebbok et Twitter...
Il y a des précédents dans d'autres pays
Rédigé par : GeorgesD | mercredi 09 mar 2011 à 10:13
Bonjour, cher ami, j'aimerais rebondir sur cette présentation des derniers sondages en vue des élections présidentielles : dans les médias, voter FN est présenté comme compulsif, presque une maladie, un choix écœurant, comme un troupeau qui se suicide de panique par peur des invasions barbares et/ou autres. Et non pas comme un choix responsable, réfléchi, qui demanderait simplement une nation souveraine. Sans plus. Ce n'est pas un vote protestataire, c'est un choix conscient...
Rédigé par : minvielle | mercredi 09 mar 2011 à 11:49
La Révolution n'aura pas lieu pour cause d'embouteillage des autoroutes avec le retour des vacanciers de la glisse.
Rédigé par : Tonton Cristobal | mercredi 09 mar 2011 à 13:55