Les historiens, plus quelques bricoleurs de mémoire se préoccupent, en ce printemps, d'évoquer le 70e anniversaire du retournement de l'Allemagne en 1941 contre son alliée soviétique. Comme d'habitude, on considérera cet épisode comme inéluctable, puisqu'il s'est produit. On y verra la logique même du conflit.
On oubliera que celui-ci avait commencé, au contraire, par une véritable alliance entre les deux futurs adversaires. Le pacte signé en août 1939 n'a en effet pas seulement conduit à une "non-agression". Il a permis un véritable partage de l'Europe orientale. Celui-ci au cours des années 1939 et 1940 n'a pas seulement visé la Pologne, dont son voisin occidental a pris son "morceau" en le rebaptisant "Gouvernement général" privé de souveraineté étatique. Mais, symétriquement, l'allié de l'est, le prétendu "grand frère slave", déplaça définitivement la frontière polonaise orientale à son profit, dont les terres furent nominalement incorporées aux républiques biélorusse et ukrainienne. De plus, Staline s'empara aussi, dans le cadre de cette alliance et au prix d'une concertation étroite avec Hitler des territoires finlandais (1), estoniens, lettons, lithuaniens (2), tchécoslovaques (3) et roumains (4) que l'URSS, États ou régions a tous conservés après les conférences de Yalta et de Potsdam en 1945.
Il devrait être inutile de dire que les populations n'ont jamais été consultées. Tout cela est connu de certains. Mais cela va encore mieux en le rappelant.
Or, aujourd'hui encore la Russie officielle, mieux implantée encore dans les réseaux parisiens d'opinion que la défunte Union Soviétique, puisqu'on cherche à lui vendre des armes, persiste à revendiquer pour légitime, voire géniale, l'attitude de Staline scellant avec le Reich le "pacte de non agression" et son "protocole additionnel [alors] secret" des 23 et 24 août 1939, qui furent eux-mêmes complétés par divers accords subséquents, et substantiels.
Les esprits précis pourraient donc être tentés de lire à la lettre la loi liberticide fabriquée par le communiste Gayssot, et promulguée par Mitterrand. Ils s'exposeraient dès lors à remarquer que la cosignataire de ces documents s'appelait Joachim Von Ribbentropp. Or, ce ministre fut lui-même condamné à mort, et exécuté, au terme du procès de Nuremberg, comme responsable de la guerre. L'apologie de ses compères, commensaux et complices pourrait donc relever de poursuites que, curieusement, l'on n'intente jamais. Au moins devrait-on prendre conscience de la gravité de cette connivence au bénéfice des crimes du stalinisme.
Ceci mériterait aussi de nous éclairer sur l'actualité.
Le regard médiatique porté sur les conflits fausse tout. On ne veut pas nommer les choses par leur nom. On programme un dénigrement systématique de l'action dès l'instant où elle est entreprise. On cultive le complexe de la défaite au lieu de désirer la victoire pour l'occident. On se case dans sa chaise longue en pestant contre la lenteur des prises de décisions, jusqu'au jour où, celles-ci étant prises, on en critique la précipitation.
Et surtout on veut ignorer qu'une guerre ne se termine jamais comme elle avait commencé. On se reportera au besoin à Thucydide, ou bien on revisitera la Guerre de Trente Ans, ou bien celle de 1914-1918 et le système du traité de Versailles, etc.
Les enseignements de l'Histoire produisent des rayonnements qui ne réchauffent guère, mais ils pourraient au moins nous éclairer.
Qui donc a pu imaginer par exemple qu'un organisme tel que la Ligue arabe puisse se comporter autrement que par le passé. Fondée en 1945 par 7 États cette organisation en compte désormais 22 dont très peu ressemblent à des démocraties. Dès le départ elle se proposait de soutenir les réticences de la Grande-Bretagne à abandonner le mandat que la Société des Nations lui avait confié sur la Palestine. Qu'a-t-elle donc accompli, en 66 ans, en soutien à ses "frères" ? Imagine-t-on qu'aujourd'hui cet assemblage de régimes dictatoriaux, autocratiques et népotiques va soutenir de manière franche et efficace la lutte entreprise par l'occident pour abattre l'un des siens ? Doit-on en concevoir une quelconque inhibition ?
On se souviendra de la boutade du Maréchal Foch au lendemain de la victoire de 1918 : "depuis que je sais ce que c'est qu'une guerre de coalition, j'admire un peu moins Napoléon".
Il peut cependant advenir que les coalitions l'emportent. Foch l'a prouvé, et Napoléon l'a mesuré à ses dépens au soir de Waterloo. Les alliés rivaux, concurrents, divisés gagnent aussi en face d'adversaires eux-mêmes désunis. Et dès lors que la décision est prise d'engager le sort des armes et le sang des soldats on doit le souhaiter. Toute autre attitude relève en fait, d'une forme hélas d'autant plus efficace qu'elle se révèle souvent inconsciente, de la trahison.
Je ne crains certainement pas que ces propos soient considérés comme décalés par rapport aux modes contemporaines, "unzeitgemässig", intempestifs. Je le sais. Delenda est Cartago. Je persiste et je signe.
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JG Malliarakis
Apostilles
- La république de Carélie (148 000 km²) arrachée à la Finlande fait toujours partie de la Fédération de Russie.
- Les trois États baltes seront absorbés de forces par l'URSS pendant l'été 1940. Après 1945, ils seront ré-annexés par elle et ne redeviendront indépendants qu'en 1991.
- La "Ruthénie subcarpathique" ou "Ukraine subcarpathique" sera rattachée à la république soviétique d'Ukraine, indépendante elle aussi depuis 1991.
- La Bessarabie et la Bucovine du nord forment aujourd'hui la république de Moldavie (34 000 km2).
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En 1941, le caporal Hitler se retourna perfidement contre son allié soviétique. Cet acte de repentir actif devrait valoir à sa mémoire des circonstances atténuantes.
Petite réponse
"Circonstances atténuantes" ? Hum !
Rédigé par : Pirée | mercredi 23 mar 2011 à 14:36
Donc, si j'ai bien compris votre raisonnement, dès l'instant où une mesure est prise, il faut la soutenir, même si elle est, non seulement absurde, mais irresponsable, voire quasi immorale ?
Petite réponse
Non. Vous n'avez pas "bien compris [mon] raisonnement". Ce n'est pas un "raisonnement". Car il s'agit d'une action où sont engagés des soldats français, et non d'une simple "mesure".
Je défends l'armée française partout où elle se bat.
Dans ce genre de circonstances il serait bon de savoir penser comme les Britanniques : "right or wrong, my country", hélas peu traduisible dans la langue du dénigreur Voltaire.
Rédigé par : Lamieh | mercredi 23 mar 2011 à 17:55
Sans un acte de repentir actif, le juge pénal ne peut retenir de circonstances atténuantes. Encore faut-il, bien entendu, qu'il d'agisse du même crime.
Rédigé par : Pirée | mercredi 23 mar 2011 à 20:22
Ma patrie avant tout?
Et voilà...
Rédigé par : minvielle | jeudi 24 mar 2011 à 17:37