Après 3 jours de pointe d'une grève des messageries, les journaux quotidiens sur papier apparaissaient de nouveau dans les kiosques le 17 décembre. Il ne faut pas passer sous silence toutefois que la distribution des magazines reste perturbée et que cela dure depuis le début de ce mois.
Voici à ce sujet ce qu'en écrit le Canard Enchaîné dans son édition datée du 15 décembre : "Pour la sixième fois depuis le début de l'année, la distribution du Canard, comme celle de toutes les publications risque d'être gravement perturbée." Et elle l'a été cette semaine pendant 3 jours. "À l'heure où nous imprimons, ajoutent les rédacteurs du bon vieux volatile de gauche, il est impossible de savoir quand Le Canard parviendra chez les marchands de journaux." Et l'hebdomadaire habituellement humoristique précise justement, pour ceux qui ne le comprendraient pas : "Cette situation, due à des mouvements sociaux chez Presstalis, l'ex-NMPP, pénalise évidemment nos lecteurs, mais aussi les vendeurs de presse. Déjà confrontés à une baisse régulière de leur chiffre d'affaires, ils sont aujourd'hui au bord de l'asphyxie financière. Or sans eux la presse n'existerait plus".
Nous citons ici ce journal, à la fois parce qu'il demeure l'un des plus prospère de France et, aussi, en raison de sa fonction involontaire : celui de "Krokodil" dans l'Union soviétique stalinienne, khrouchtchévienne comme brejnevienne.
Toute personne sensée a compris que l'instrument véritable de libération de l'information passe aujourd'hui par l'outil technique de l'internet. Et il faut se féliciter à cet égard de la création cet automne d'un site consacré au bilan des grèves (1). Cette modeste institution permettra désormais de regrouper les informations relatives aux abus des cégétistes et autres destructeurs de l'économie française. Ici les dégâts considérables atteignent notamment les kiosquiers qui tirent actuellement la sonnette d'alarme tant leur difficile métier et leurs petites entreprises artisanales et familiales se trouvent menacés. Mais qui se préoccupe dans l'oligarchie parisienne de ce type de libertés, trop concrètes trop populaires sans doute ?
L'espace de la liberté ne recoupe certainement pas en France celui de la plupart des radios hertziennes tamisées par le Conseil supérieur de l'audiovisuel. Cet organisme fut créé en 1989 par la Mitterrandie pour quadriller, à l'époque, la bande FM et y verrouiller au maximum la libre expression et y matraquer la dissidence culturelle.
Certaines rares antennes, passées par les mailles du filtre, avaient pu donner par le passé l'impression d'une indépendance et d'un attachement à la vraie culture européenne : ainsi Radio Classique avait été fondée en 1983 par une équipe issue de France Musique, désireuse de passer plus de production artistique et moins de commentaires inutiles, envahissants et bien pensants. Depuis 2007, elle fait partie du groupe de presse des Échos, lui-même pôle médias de LVMH. C'est-à-dire qu'elle est passée sous la houlette du financier Bernard Arnault, une des plus grosses fortunes, peut-être (2) la première de notre beau pays sous la malencontreuse Ve république.
Le programme et l'orientation de la station ainsi rachetée ne correspondent évidemment plus guère à son origine. On y donne une place considérable à l'économie. Or son bulletin matinal d'information, tout en ayant, sur beaucoup d'autres, l'avantage d'être rédigé et lu dans une langue se rapprochant du français, prétend fournir à 7 h 11 une rubrique intitulée "décryptages". Celle–ci est confectionnée et lue à l'antenne par M. Philippe Escande, rédacteur en chef des Échos et par conséquent salarié du brillant et richissime capitaliste cité plus haut.
Et le 17 décembre le journaliste de service osait présenter, dans ce cadre, et sous cette étiquette de "décryptage" en déballant une marchandise frelatée. Il évoquait en effet cette crise en commettant les trois erreurs principales suivantes :
1° Erreur : Sur l'origine des anciennes NMPP, il datait ce monopole historique effectivement de 1947. Mais il y associait un seul nom, celui du général De Gaulle. Le képi de ce militaire sert ici, comme toujours, à couvrir de son [faux] prestige toutes les saletés dont nous avons hérité, depuis les soi-disant "Trente Glorieuses". Or ce contresens ne dénote pas seulement une ignorance ou une maladresse pardonnables à 7 heures du matin. De Gaulle avait démissionné en janvier 1946 : en avril 1947, il n'exerce pas d'autres fonctions que celles d'opposant à une combinaison qui s'appelle le tripartisme : démocrates chrétiens, socialistes et communistes. Et ces derniers représentaient alors un poids considérable, adossé à 28 % des suffrages. Thorez tient le ministère de la Fonction publique, etc.
2° Erreur : Or, M. Escande ose d'abord prétendre que ce système mis en place en 1947 fonctionnait correctement par le passé.
En tout cas, le rédacteur en chef du principal quotidien économique de Paris, appartenant à l'un des plus importants groupes financiers de l'Hexagone, ne peut pas ignorer la situation. Il ne devrait donc pas la dissimuler au public. L'entreprise distributrice de 80 % de la presse hexagonale, filiale à 49 % du groupe humaniste Lagardère, se trouve depuis plusieurs mois au bord du dépôt de bilan. En avril dernier, on prévoyait pour Presstalis un déficit d'exploitation de plus de 26 millions d'euros sur l'année 2010. Un rapport officiel était commandé par le Premier ministre François Fillon. Il fallait, affirmait-on, réagir au plus vite. Faute de quoi le groupe déposerait le bilan avant la fin de l'année. Les fonds propres atteignaient une valeur négative de 50 millions d'euros. Un enjeu majeur en terme d'emploi, celui de 1 200 salariés. Exit cet été le directeur général, Rémy Pflimlin promu, en fonction sans doute de sa grande réussite, en août président directeur général de France Télévisions. Lui a succédé en juillet Mme Anne-Marie Couder, plus agréable à regarder sur les photos. Ancien ministre de l'Emploi su gouvernement Juppé (1995-1997), il s'agit d'une chiraquienne de stricte observance. On l'a présentée comme une sorte de sauveur. Hélas, elle ne semble guère avoir réussi à ce jour.
3° Erreur : Enfin sur une durée de 3 minutes et 12 secondes, ne sont jamais prononcés ni le terme "communiste", assurément un gros mot, qui comme chacun le sait fâche (4), ni, non plus, s'agissant du monopole d'embauche du syndicat du Livre le sigle de la CGT.
Dans quel monde le citoyen Escande vit-il ?
Décryptage ou enfumage ?
De qui se moque Radio Classique ?
JG Malliarakis
Apostilles
- Apparu à l'initiative de "Liberté chérie", motivé au départ par les grèves de et notamment celle de Marseille.
- Sur la fortune de celui-ci un blogue du Monde donnait quelques utiles précisions le 4 novembre 2010 : "Un calcul un peu rapide lui accorde généreusement une fortune de 24 milliards d’euros, avec le titre attenant d’homme le plus riche de France, quand elle ne dépasse pas 7 Mds €, 8 Mds € d’actifs net. Deux éléments obligent à revoir l’addition à la baisse : la dette, bien cachée, mais bien réelle, et la part du capital de LVMH détenue réellement par l’homme d’affaires."
- cf. Figaro 3 avril 2010.
- Découvrez enfin la "Sociologie du communisme" de Jules Monnerot
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Vous pouvez entendre l'enregistrement de notre chronique
sur le site de Lumière 101
Dans le cadre de l'économunisme médiatique, signalons aussi les prestations régulières sur France-Inter du chaud partisan du social-clientélisme (joli mot inventé par Charles Gave)en la personne de Bernard Marisse avec son "autre économie" dont le slogan pourrait être : "sachons mieux capturer l'argent des riches".
Rédigé par : Pierre-Ernest | samedi 18 déc 2010 à 11:01
Bernard Arnault n'est pas énarque... Sinon d'accord avec cet article : Maurice Druon avait raison lorsqu'il écrivait que la France était aux ordres d'un cadavre (l'URSS). Il faudrait créer une webradio de musique classique & économie, où - comme autrefois sur Radio Classique - on passerait plus d'un mouvement de chaque oeuvre et on varierait davantage les compositeurs...
Petite réponse : merci du correctif. Je remplace "énarque". Pour ce que vous appelez webradio purement musicale, il existe un merveilleux programme : Radio suisse classique.
Rédigé par : Libertas | samedi 18 déc 2010 à 12:19
J'ai cru lire un instant: "De qui se moque Radio Courtoisie ?". J'en frissonnait à l'avance...
Rédigé par : Simon95 | samedi 18 déc 2010 à 13:32
Vous avez tout à fait raison pour Radio Suisse classique, (http://www.radioswissclassic.ch/ )que l'on peut écouter et que l'on peut même enregistrer, avec le logiciel gratuit "Screamer Radio" Mais pas d'info économie sur ce site
Rédigé par : F. DUCHATELET | samedi 18 déc 2010 à 13:43
Effectivement, Radio Classique a été fondée pour diminuer le blablabla de France Musique, et la diffusion était gérée par un ordinateur, avec un programme publié dans une brochure, à laquelle on pouvait s'abonner.
L'an dernier, les programmes ont été modifiés pour inclure des "concerts" (13h-14h et 21h-minuit) sans paroles, mais au prix de coupures publicitaires, dans le reste du programme, au moins 5 fois par heure, et pour des produits haut de gamme. Et des "bulletins d'infos, à chaque heure (y compris le 1er janvier et le 15 août)
Merci pour la radio suisse.
Rédigé par : nicole | dimanche 19 déc 2010 à 12:20
En effet, qu'est devenue Radio Classique ??? Un ramassis de blablabla agrémenté de temps en temps de musique classique (toujours les mêmes morceaux), qu'avons-nous à faire des commentaires oiseux de cette bonne vieille E. Ruggieri , des pubs (horreur), passe encore pour l'émission, heureusement raccourcie d'une 1/2 heure d'Olivier Bellamy, bref, radio écoutable uniquement le dimanche. Bien que rien ne soit parfait, ce qui fut RADIO CLASSIQUE est à ce jour avantageusement remplacée par France Musique. qui l'eût cru ???
Rédigé par : Michèle Gonet | mardi 07 août 2012 à 19:24
Pour souligner le coeur du sujet, il faut préciser que la "Paix Sociale" est maintenue à ces prix:
- L'Humanité n'ayant que 40.000 lecteurs, a cumulé 10 millionsE de dettes, que le PS au pouvoir a réduit de moitié, en annulant 5 millionsE fin 2013, pour entretenir les bonnes relations à gauche...
En outre, ce quotidien a comme actionnaires majoritaires Lagardère, via sa filiale Hachette-Filipacchi, et TF1 + Caisse d'Epargne, avec la bienveillance de l'Etat complice.
- Enquête sur la CGT, qui tue nos emplois. Le SGLCE, Syndicat du Livre, étant sa garde prétorienne. Les dossiers du Contribuable, numéro spécial 10, décembre 2012, 4,50E. Avec un article en ligne sur leur site.
Rédigé par : Coriolan | dimanche 28 déc 2014 à 16:30