À propos du directeur général de cet organisme, ce 19 décembre, M. Montebourg s'exprimait dans le cadre d'une émission d'actualité (2). Le sujet théorique tournait autour de sa propre présence dans ce qu'on appelle un peu frauduleusement les primaires du parti socialiste. Personne certes ne semble accorder de chances à sa candidature. Un Bourguignon cela compte fort peu dans les balances de l'État central parisien. Un avocat de Chalons-sur-Saône contre de puissants financiers internationaux ? Partie jouée d'avance.
Tout le monde mesure par ailleurs la grande question, la seule qui passionne les salles de rédaction. Elle tourne actuellement autour de la décision tant attendue de Dominique Strauss-Kahn, ancien ministre des finances, de 1997 à 1999, époque où paraît-il il fit des merveilles. En souvenir de la multiplication des pains et autres miracles oubliés du gouvernement Jospin, et sans préjudice de la rumeur malveillante qui le fit démissionner trop tôt, le pays attend son sauveur de manière ardente.
Or, le député de Saône-et-Loire a commis ce soir-là un sacrilège. Ne croyant visiblement pas au Père Noël, et contrariant par là même la consommation nationale il s'est permis d'émettre des doutes sur la qualité de cette incarnation proposée. Le personnage mondial sponsorisé par Coca-Cola depuis 1931 ne lui paraît pas nécessairement correspondre à celui qui dirige actuellement le FMI.
Comment peut-on montrer autant d'ignorance et de grossièreté ? Montebourg l'a fait en cette occasion, déclarant notamment : "Je ne ferai pas de procès d'intention à Dominique Strauss-Kahn. Je ne connais pas son projet pour la France. Le connaissez-vous vous-même ?".
Cette pertinente question lui sera cependant longtemps reprochée.
Aggravant son cas, il a continué : "Je ne suis pas d'accord avec ce que fait le FMI. Il n'est pas inscrit dans les statuts du PS que l'on doive adhérer à tout ce que fait le FMI ou l'OMC sous prétexte qu'il y a de très brillants camarades qui y font une carrière exemplaire".
Qu'on le veuille ou non hélas les deux personnages dont il parle ne peuvent être jugés par l'électeur français, appelé à se prononcer devant une candidature éventuelle à l'échelon national, qu'en fonction de leur action internationale, ou de l'idée qu'il s'en fait.
Pour ma part, d'ailleurs, je n'arrive pas à croire l'intéressé physiquement capable d'affronter les fatigues physiques et les promiscuités plébéiennes d'une campagne présidentielle. On avait pu mesurer son ennui lors des primaires de 2006. Le va-et-vient alphabétique entre Abbeville et Avignon, de Villeneuve-sur-Lot à Villefranche-sur-Saône, et depuis Wissous jusqu'à Wissembourg, semble au-delà de ses forces et de ses appétits. Beaucoup plus accessible et prestigieuse, la succession sans risque d'un Van Rompuy à la présidence de l'Union européenne lui tend bientôt ses bras confortables. Ce "grand habile" (3) échangera sans souffrance le droit d'aînesse que tout le monde fait actuellement mine de lui reconnaître contre un plat de lentilles bien garni.
Il pourra dès lors appliquer au bénéfice de la quasi-totalité des 16 pays de l'Eurozone les recettes qui font actuellement le bonheur, paradis un peu artificiel dira-t-on, de quelques pays jugés anecdotiques, comme la Grèce et l'Irlande. Les schémas s'imposeront bientôt dans toutes les capitales, à commencer par Paris. Tout le monde y aspire, visiblement. Ainsi les dirigeants rivaux de la gauche, et même en secret ceux de la droite, rêvent-ils aujourd'hui de son soutien, de ses remèdes miracles.
Son grand camarade Georges Papandréou, président de l'Internationale socialiste, a très correctement su jouer sa partition. Elle lui fut soufflée à l'automne 2009 et imposée au printemps 2010. Et il a accepté de porter en premier l'opprobre de son pays, négociant assez habilement d'ailleurs cette priorité. Il peut cependant se féliciter aujourd'hui d'une décroissance exemplaire au taux de 4,6 % pour l'année 2010 et d'un chômage exponentiel. Que les Français, supposés philhellènes, se rassurent : le peuple grec a toujours su faire face à des catastrophes de cette nature. En Espagne les choses risquent de se traduire par des chiffres déjà plus inquiétants. En France, quoi qu’on en dise, l'économie souterraine reste à ce jour encore embryonnaire. Elle n'offre pas dans l'immédiat les mêmes ressources à ses populations, plutôt habituées à l'assistanat. Mais ne doutons pas qu'elle prendra son envol.
Au fond toutes ces grincheries devraient être balayées.
L'important pour la gauche consiste à crédibiliser son candidat, ou mieux à transférer la compétence, supposée, d'un expert imaginaire, sur une candidate réelle.
JG Malliarakis
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- cf. Beau de Loménie.
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Belle analyse !
Rédigé par : nautile | mercredi 22 déc 2010 à 10:37