En revanche les lecteurs, et les nouveaux propriétaires, du Monde (1) pourront pousser des petits cris de bonheur à l'idée que, finalement, le Sénat des États-Unis reste à gauche. La presse parisienne l'annonçait pour perdu. Autre effet de propagande à base de demi-mensonges, Radio France Internationale insistait, ce 3 novembre au matin, sur la victoire de la couleur rouge. Depuis Lincoln on l'attribue traditionnellement à ce qui est devenu la droite d'outre Atlantique, le bon vieux parti. Ainsi, l'opinion francophone de gauche peut-elle conserver le sentiment d'une compensation chromatique aux déboires qu'elle éprouve, par procuration. Dérision.
Peu importe à vrai dire ce que les auditeurs du service public hexagonal et françafricain perçoivent. Pour le peuple américain, et sans doute aussi pour l'économie mondiale, l'arrivée d'une majorité conservatrice à la Chambre basse de Washington doit être tenue pour positive, sinon excellente. On peut espérer que les finances du pays, et donc celles du monde, en seront tendanciellement assainies, comme elles le furent après les élections intermédiaires de novembre 1994 sous la présidence Clinton. Celles-ci avaient donné un résultat analogue pour une raison similaire : l'opposition de la majorité des électeurs, citoyens et contribuables aux projets d'assurance-maladie étatique, dont nous pensons en France que le principe a été donné à Moïse sur le mont Sinaï.
On peut espérer aussi de ce retour au bon sens une diminution des dépenses publiques, du soutien aux banques, des plans de relance bidon et un recul du chômage local. Actuellement évalué à hauteur de 9,6 %, il dépasse de loin ce que ce grand pays supporte comme gaspillage des énergies.
En revanche toutes ces améliorations de l'économie vont laisser plus de place à la politique étrangère périlleuse portée par Mme Clinton. Celle-ci bénéficiera de la bienveillance d'une Chambre haute au sein de laquelle le pouvoir mondialiste conservera la majorité.
Il restera donc encore à faire comprendre aux Français que les institutions, pensées outre Atlantique en 1787 à partir des idées de Montesquieu peuvent parfaitement fonctionner. Elles l'ont prouvé par le passé dans ce pays où elles sont devenues désormais traditionnelles.
Comme on n'arrête pas le progrès, on concédera certes quelques avancées à la science politique depuis l'étude magistrale consacrée par Aristote à la constitution d'Athènes. Le Stagyrite ne disposait que de l'observation de quelque 170 régimes politiques. Aujourd'hui nous pouvons explorer les lois fondamentales de 190 nations et évoquer aussi l'expérience des 16 constitutions dont 5 républiques que nous avons connues depuis 1791, à peine concurrencés par le Niger, qui aujourd'hui même atteint sa Septième république.
Les commentateurs parisiens agréés et les vaseux communicants se réclament hautement de la gouvernance mondiale. Étrangement cependant, ils ne semblent connaître que de manière vague et formelle le mode effectif de gouvernement des 3 ou 4 grandes démocraties occidentales auxquelles ils s'intéressent.
De ces pays cependant nous nous trouvons alliés. Pas seulement dans le cadre un peu bancal de l'OTAN remontant à la situation périmée de 1949. On vient de reconstituer, ce 2 novembre à Londres, la bonne vieille entente cordiale de 1905. Espérons toutefois qu'elle ne sera plus jamais dirigée contre les puissances continentales de l'Europe centrale. Nous ne pouvons non plus ignorer que dans le conflit déclenché en 2001 par l'agression islamo-terroriste, l'occident se sait allié de l'Inde ou du Japon.
On peut hélas redouter que la connivence, dans nos pays, des fragiles pouvoirs gouvernementaux avec des puissants intérêts de coulisse, notamment pétroliers, persistera à intoxiquer les opinions et à aveugler les dirigeants de l'Europe.
Maîtres mondiaux de l'esbroufe, le président Obama et son ministre des affaires étrangères Hillary Clinton risquent donc de persister dans leur nuisance et même de l'aggraver.
JG Malliarakis
Apostilles
- Il s'agit de MM. Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse.
Vient de paraître : L'Histoire du communisme avant Marx les lecteurs de L’Insolent peuvent commander directement "L'Histoire du communisme avant Marx par Alfred Sudre, un livre de 459 pages au prix franco de port de 25 euros.
Vous pouvez entendre l'enregistrement de notre chronique
sur le site de Lumière 101
c'est très vrai et amusant qu'en France nous pensons que l'assurance maladie étatique correspond à un principe sacré. Les gens en font un enjeu moral et considèrent qu'une société qui décide de s'organiser autrement (et souvent plus efficacement) n'a pas atteint notre niveau de civilisation et doit être regardée avec commisération.
Rédigé par : Mitjavile Bernard | jeudi 04 nov 2010 à 14:41
1 - La volonté d'Obama de mettre en place une sorte de sécurité sociale est-ce une bonne ou mauvaise chose?
Personnellement , je pense que ce serait une bonne chose pour les plus pauvres.Quel est votre avis ?
Petite réponse
C'est l'affaire des Américains. Manifestement ils sont contre.
Comme j'ai bon coeur je suis plutôt pour les soins gratuits aux indigents en France. Mais êtes vous d'accord pour payer? Et combien?
2- Certains commentateurs ont expliqué les difficultés économiques d'Obama, justement par les sommes immenses injectées pour une "bonne chose " la mise en place d'une sécurité sociale. Sur ce point, je sollicite aussi votre avis.
Autre petite réponse
Ben, je pense un peu comme ces commentateurs
Rédigé par : Luc Elmlinger | samedi 06 nov 2010 à 18:11
Ce n'est pas les soins gratuits pour les pauvres qui sont en cause, les indigents ont toujours été soignés gratuitement et tous le monde est d'accord avec ça. Pour les autres les assurances sont mutuelles par l'intermediaire des employeurs. Le problème c'est que les riches ont de grosses assurances qui leur coûtent des fortunes et les moins riches ont des assurances moins performantes. Il y a également un problème d'assurance des médecins et chirurgiens qui peuvent être poursuivis pour des millions de $. 100.000$ d'assurance par an est chose courante pour un medecin. Résultat, un accouchement coûte en moyenne 5000$ aux USA contre 500$ à Montréal.
Paul Tarjon
Rédigé par : Paul Tarjon | dimanche 07 nov 2010 à 23:37