Quoi de plus irritant, par ailleurs, que ces combattants par procuration dont certains se félicitent d'engranger les "soutiens". Rien n'a changé depuis Gustave Le Bon. (1) Et nous en restons toujours à la fameuse boutade de la Grande Guerre : "tiendront-ils ceux de l'arrière ?"
Interrogeons-nous d'abord sur le concept même d'opinion publique.
Hans-Jürgen Eysenck avait mis au point l'un de ces fameux questionnaires de personnalité à partir desquels on calcule, ou plutôt : on tente d'évaluer, le quotient intellectuel (2) des individus. On ne saurait contester à cet auteur, parfois sulfureux, un certain humour existentiel. On lui demandait ainsi : "qu'entendez-vous par intelligence ?" Il répondait tranquillement : "c'est ce que mesurent mes tests."
Aujourd'hui, on peut définir d'une manière analogue : le peuple français pense tout simplement ce que les sondages disent. Et comme toute prophétie dite "autoréalisatrice", on croit souvent qu'ils finissent par s'aligner sur ce que leur suggèrent les résumés des enquêtes d'opinion. Les digestes en ont toujours été effectués à gros traits. Les médiats s'étant interposés, nul n'en reste indemne. Et la diffusion de leurs synthèses demeure le plus souvent imprécise quant aux question posées. Enfin, les chiffres réels ont immanquablement été rectifiés par la méthode [de "rectification" pifométrique] dite des "quotas".
Une fois posées ces réserves, et en n'oubliant pas que l'on calcule la proportion de gens qui se disent "pour" mais qui ne font "rien", voici depuis 15 jours l'évolution des sondages autour du "mouvement social" en cours :
L'Humanité du 1er octobre affirmait, sondage à l'appui, que 71 % des Français se disaient favorables à la grève (3). Faut-il dire que ce pourcentage relève de l'intox ou bien suffit-il d'en mentionner l'origine ?De façon manifeste, la baudruche des "7 Français sur 10", propagée depuis le 1er octobre par les canaux bien connus, a déjà perdu 15 à 20 points de popularité, sur la base de ses propres critères de calcul.
AFP 09/10/2010 11:09 "71 % des Français considèrent que le mouvement social de mardi contre la réforme des retraites est justifié, indique un sondage Ifop pour Sud-Ouest Dimanche selon lequel le soutien de l'opinion "gagne en fermeté", 42 % jugeant la grogne "tout à fait justifiée". Les femmes "soutiennent davantage la mobilisation que les hommes" (75 % contre 67 %)."
AFP 10/10/2010 15:57 "31 % des Français souhaitent que le mouvement de grève reconductible à partir de mardi, journée d'action pour les retraites, dure au-delà de quelques jours, et 44 % le pensent. Sondage Ipsos pour Europe 1 par téléphone les 8 et 9 octobre auprès d'un échantillon national représentatif de 961 personnes (méthode des quotas)"
AFP 10/10/2010 21:41 "55 % d'entre eux considèrent que le gouvernement est susceptible de l'amender sur certains aspects, selon un autre sondage IFOP pour France Soir, 31 % des Français considèrent que le gouvernement ne cèdera pas 8 au 9 octobre par téléphone auprès de 955 personnes représentatives de la population française âgée d'au moins 18 ans, selon la méthode des quotas. 7 et 8 octobre sur un échantillon de 955 personnes âgées de 18 ans et plus (méthode des quotas)"
AFP 10/10/2010 21:41 "66 % des Français sont favorables à un durcissement BVA commandé par M6."
AFP 11/10/2010 07:24 "Les Français soutiennent à 69 % la grève de mardi CSA pour Le Parisien/Aujourd'hui réalisé les 6 et 7 octobre auprès d'un échantillon représentatif de 1 011 personnes (méthode des quotas)."
AFP 14/10/2010 11:37 "Les Français sont favorables à 54 % à ce que "les syndicats organisent une grève générale comme en 1995" 49 % des personnes interrogées espèrent cependant que le mouvement va s'arrêter très vite. 17% sont favorables à ce qu'il dure seulement quelques jours. 3 % ne se prononcent pas. BVA pour Canal Plus 12 et 13 octobre auprès d'un échantillon représentatif de 1.016 personnes de plus de 15 ans (méthode des quotas)."
Répétons que tous ces gens se disent "pour" la grève mais ils ne la font pas eux-mêmes. Ils croient à un durcissement, mais l'imaginent momentané juste nécessaire à imposer quelques modifications de détails.
Aucun ne précise, et pour cause, quelle solution il préconise pour financer le trou de la fameuse "répartition" inventée en 1941 dans le contexte de la guerre et de l'occupation.
Tous souhaitent un système plus "juste". Non seulement on attend avec curiosité quelqu'un capable de se prononcer en faveur d'une plus grande iniquité, mais on aimerait savoir ce que les bons esprits entendent par "justice".
On peut, et même on doit, exprimer les critiques qu'appelle une réforme purement cosmétique destinée à calmer les agences de notation. On peut éprouver de la pitié pour les émouvantes victimes du misérabilisme. On ne saurait se faire complice de l'imposture des marchands de bobards.
JG Malliarakis
Apostilles
- On relira avec profit sa "Psychologie de la Guerre".
- À lire notamment son décapant"Déclin et chute de l'empire freudien" ed. FX de Guibert. Et pour les curieux, candidats à la "MENSA", association des gens se comptant, ou se croyant, un QI > 140 : "Calculez vous-mêmes votre quotient intellectuel".
- cf notre chronique du 4 octobre "Comment on fabrique le nombre des manifestants".
Le livre devant nous être livré le 18 octobre, vous pouvez encore souscrire jusqu'au 19 octobre les lecteurs de L’Insolent peuvent commander directement "L'Histoire du communisme" par Alfred Sudre, un livre de 459 pages proposé en souscription au prix franco de port de 18 euros. Il sera ultérieurement commercialisé au prix de 25 euros.
Vous pouvez entendre l'enregistrement de cette chronique
sur le site de Lumière 101
Il est évident qu'un peuple avec un QI moyen de 94 est plus facilement manipulable que ces voisins qu'en ont 13 points de plus.
tiré du Figaro le 27 3 2006 : :
Avec un quotient intellectuel (QI) moyen de 107, les Allemands devancent d'un souffle les Néerlandais (107) et les Polonais (106), Suédois (104) et Italiens (102) suivant au classement de cette étude de l'université de l'Ulster (Irlande du Nord) citée dans le Times lundi. Les Britanniques, avec un QI de 100, sont largement devancés, mais ils gardent une confortable avance sur les Espagnols (98) et surtout les Français (94), qui ne devancent que la Bulgarie, la Roumanie, la Turquie et la Serbie, dernière au classement. Le professeur Richard Lynn, auteur de cette enquête, avait déjà beaucoup fait parler de lui en 2005 en affirmant que les hommes avaient en moyenne un QI supérieur de 5 points à celui des femmes. Plus on habite au Nord, plus on a un gros cerveau Selon le professeur Richard Lynn, ces différences de QI seraient dues au fait que les populations soumises à des climats plus froids dans le nord de l'Europe auraient développé des cerveaux plus volumineux.
Rédigé par : wijngaards | vendredi 15 oct 2010 à 20:21
Bonsoir. Pour ma part, je vois un état qui mène gentiment ses indigènes à travailler toute leur vie pour eux jusqu'à n'en peut mais... ça me rappelle un moustachu célèbre, non, et vous?
Amitiés franches mais pas maçonnes.
Rédigé par : minvielle | samedi 16 oct 2010 à 00:09
J'ai été frappé par l'argument cent fois répété par nos enfants ou petits enfants en "grève" dans leur lycée ou en manifestation dans la rue. Cet argument, c'est que si on repousse l'âge du départ à la retraite, le job qu'ils auraient pu avoir sera occupé et donc inaccessible.
Cet argument, certainement injecté par la propagande de gauche, se classe dans le mélenchonique moyen : simple a comprendre, et faux.
En effet, on peut facilement comprendre qu'il y a d'autant plus de postes à pourvoir qu'il y a de demande solvable : la demande fournit du travail.
On sait, d'autre part, que les salariés touchent d'avantage d'argent que les retraités.
D'où il ressort, à l'évidence, que si on remplace des salariés par des retraités en mettant un certain nombre de gens à la retraite, on diminue le pouvoir d'achat global et donc la demande solvable globale. Et donc le nombre de postes à pourvoir, CQFD.
Note : je parle bien de demande solvable, car les créations de postes qui consistent à employer la moitié des chômeurs pour creuser un trou, et l'autre moitié pour les reboucher, (méthode connue dont on peut observer la mise en oeuvre dans certaines collectivités locales "sociales") non seulement ne crée pas d'emplois, mais crée d'avantage de chômage...
Rédigé par : Account Deleted | samedi 16 oct 2010 à 00:16