On nous les présente désormais comme les "responsables de la communauté musulmane de France". Ce point mériterait à lui tout seul une réflexion. Car l'idée d'une "communauté" dont ces gens détiendraient une "responsabilité", si l'on voit bien sur quel précédent il a été copié, n'en devient pas légitime pour autant, ni même légal. Dans notre droit, cela n'existe pas.
On nous précise aussi que cet accueil fait à quelques notables intervenait en fait "dix jours après l'adoption définitive par le Parlement" de la loi sur la burqa. Et il paraît que ce texte "a suscité de nombreuses controverses en France et à l'étranger." Ici le mot "controverse" fait une apparition opportune et non fortuite.
La petite délégation a donc "appelé au respect de la loi interdisant le port du voile intégral, tout en souhaitant que son application ne soit pas une source de stigmatisation." Stigmatisation : encore un mot qui ne veut rien dire mais qui, placé au bon endroit remet en cause tout l'énoncé précédent.
M. Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM) et ses compagnons ne manquent pas d'air. "Pour nous, en tant que citoyens responsables, le temps du débat est passé, la loi est votée", ont-ils concédé,, tout en prétendant exhorter "bien sûr les musulmans de France à respecter la loi".
L'expression de "citoyens responsables" nous interpelle. Citoyens sans doute, mais de quelle cité ?
Par curiosité, on peut encore consulter sa fiche sur Wikipedia. Elle comporte à ce jour [24 septembre 2010] la mention bien significative : "Cet article est une ébauche concernant le Maroc." Certes la fameuse encyclopédie virtuelle se trompe souvent et trompe ses utilisateurs, sur les personnalités touchant à la politique. Je ne crois pas cependant que l'impression ait été faussée en l'occurrence par de mauvaises intentions. Très flatteuse pour l'intéressé, tout donne à croire qu'il l'a rédigée lui-même.
Le conseil "français" du culte musulman, outre qu'à ma connaissance l'islam ne doit pas être tenu pour "un culte" mais pour une prédication et un système politico-juridique (1), reflète surtout désormais les luttes de tendances entre Marocains, Turcs et Saoudiens. (2)
Cette observation objective appelle une remarque subjective : les citoyens marocains, ou turcs, [ou algériens, depuis l'indépendance de ce pays] ou saoudiens résidant en France ne sont pas, en principe, appelés à débattre de nos lois. Leur approbation ne se négocie pas. L'aller simple pour Rabat ne coûte pas très cher.
Généreusement donc M. Mohammed Moussaoui déclare : "Nous ferons tout le travail de pédagogie nécessaire pour permettre à ces femmes qui portent le voile intégral de se conformer à la loi" mais il marque les limites de cette application de la loi en ajoutant qu'ils veilleront "à ce que, en termes d'application, cette loi ne stigmatise pas les citoyens de confession musulmane".
Puis-je donc l'avouer : cette loi ne m'enthousiasme pas vraiment. Mais, d'une part, il semble nécessaire de fixer une borne. Celle-ci en vaut d'autant plus une autre que ce voile intégral, comme d'ailleurs la polygamie [légale], offensent à nos yeux le respect de la femme qui prévalait déjà en Gaule avant la conquête romaine. Et puisque nous avons choisi de légiférer il importe que cette barrière ne soit plus jamais franchie.
M. Mohammed Moussaoui s'est également félicité de la signature en juin avec le ministère de l'Intérieur d'une convention cadre sur le suivi des actes anti-musulmans.
L'expression de son inquiétude quant à la "stigmatisation" des musulmans se révèle donc singulièrement mal venue. Il n'ignore pas que la classe politique hexagonale cherche, par tous les moyens, y compris les plus saugrenus à complaire aux "musulmans modérés" sans se rendre compte de la contre-productivité, parfois même de l'obscénité, de certaines concessions.
À propos des menaces d'attentats contre la France, on nous certifie que le CFCM avait "réaffirmé sa condamnation ferme et sans appel de tous les actes qui peuvent viser nos compatriotes et notre pays, de surcroît lorsqu'ils sont commis par des personnes qui se réclament de la religion musulmane." Soit.
Mais où M. Mohammed Moussaoui dépasse les bornes c'est lorsqu'il demande que les auteurs de ces menaces ou de ces attentats "ne soient plus présentés comme islamistes", car "les musulmans de France se sentent souvent très froissés" par l'utilisation du terme. "Il faut, explique-t-il, supprimer du langage courant le terme islamiste pour désigner des terroristes. Nous préférons 'terroristes' et 'criminels', nous n'acceptons pas que le terme islam, la religion islam, soient associés à des actes de terrorisme".
Est-ce aux médiats, est-ce à l'Académie française, est-ce aux Français que s'adresse cette supplique ? Non. Il revient aux intéressés de cesser de chercher à nous terroriser. Nous laissons à M. Mohammed Moussaoui et à ses compagnons en notabilité d'arracher ce drapeau des mains de ceux qui le brandissent. Quand on prétend faire la loi dans les rues de Limoges (3) sous prétexte qu'un pasteur extrémiste en Floride a imaginé de brûler un exemplaire du Coran, on va dans le sens de cet islamo-terrorisme.
Pour ma part, je continuerai d'utiliser le terme d'islamo-terroriste, pour le distinguer des "islamistes militants", voire des "islamistes radicaux", viviers dans lesquels on recrute les prétendus "djihadistes".
Il existe un narco-terrorisme tenu par les réseaux mafieux, un bolcho-terrorisme comme celui des FARC colombiennes soutenues par le Venezuela et dont je me félicite d'observer les défaites. Tant qu'un autre terrorisme se réclamera [sans doute abusivement] de l'islam, tant qu'il citera les passages extrêmement violents de son Livre saint, tant qu'il se revendiquera de "l'Authentique tradition" d'el-Bokhari, que M. Mohammed Moussaoui connaît certainement mieux que moi, comment faut-il l'appeler ?
On disait autrefois qu'en France tout se termine par des chansons. Essayons de ponctuer cette réflexion d'un sourire, sous forme d'un conseil rapporté traditionnellement à Mahomet. M. Mohammed Moussaoui me pardonnera de l'emprunter au livre "Caravane de rêve" de son coreligionnaire Idriss Shah. Il le cite en exergue : "Aies confiance en Dieu, mais attache d'abord ton chameau".
Je veux bien avoir confiance dans les hommes de Dieu, mais, n'utilisant pas de chameau, j'attache d'abord mon cheval.
JG Malliarakis
Apostilles
- cf. sur ce sujet les auteurs sérieux et notamment Lammens ou Marchand.
- Les "Algériens" ont été plus ou moins mis à l'écart parce que pas assez "fondamentalistes". Ne leur en déplaise, ils demeurent très proches des Français, en bien comme en mal. Leur président Bouteflika semble mieux manier la langue française, celle dans laquelle il fulmine contre le manque de générosité de notre pays, que l'arabe classique. "L'Algérie française" parlait ainsi volontiers de "l'ingratitude des Arabes"; "l'Algérie algérienne" stigmatise celle des Français. Par ailleurs, ayant connu personnellement et apprécié son père, je préfère ne pas évoquer le cas du recteur actuel de la mosquée de Paris.
- cf. L'Insolent du 20 septembre
Vous pouvez entendre l'enregistrement de cette chronique
sur le site de Lumière 101
Oui, mais vous êtes trop complaisant avec ceux, [...], qui ont voulu cet état de fait !
Rédigé par : LG | vendredi 24 sep 2010 à 21:06
Les commentaires sont tellement "modérés" que finalement on n'a plus envie de "commenter"...
Petite réponse
Pas très juste. Je ne "censure" que ce qui tombe sous le coup de la loi, au débit du responsable légal du site (votre serviteur). Parfois je corrige les fautes d'orthographes. Un blogue n'est d'ailleurs pas un forum.
Meilleurs sentiments
Rédigé par : Tonton Cristobal | samedi 25 sep 2010 à 09:55