Dans ce contexte et peut-être sous l'effet de la boisson locale trafiquée sous le nom de "rosé de Provence" la parole s'est libérée. Attac se propose de recourir désormais à ce qu'on appelle la "démocratie directe" en organisant une "votation citoyenne", comme cela été fait en octobre 2009 contre l'hypothèse d'une "privatisation de la poste". Les piliers d'Attac, les gens de la CGT du parti communiste et des mouvements gauchistes disposent des moyens de s'impliquer à nouveau dans une telle opération "sur" les retraites. On se mobilise donc sans trop savoir ce que l'on propose, hormis la démission d'un ministre harcelé par la presse. "Nous ne lâcherons pas sur la réforme des retraites car cette bataille est gagnable", déclare la coprésidente Aurélie Trouvé. Tenons-nous bien, disaient déjà les deux Dupondt, "oui mais à quoi" ?
Nous ne devons certainement pas remettre en cause le droit d'Attac d'exprimer librement ses sottises, ni celui d'Alternatives économiques de les imprimer. Nous déplorons certes qu'ils les diffusent de façon quasi monopoliste auprès des gens supposés enseigner l'économie dans les lycées du service public. Mais à certains égards leurs propos et leurs écrits nous éclairent sur la situation pathétique de certains secteurs de l'opinion française.
Pour parler la langue que comprennent les animateurs de ces courants d'idées nous aurons recours à un texte de Mao Tsé-toung de 1942 :
"Dans l'histoire de l'humanité, toute force réactionnaire au seuil de sa perte se lance nécessairement dans un ultime sursaut, contre les forces de la révolution ; et souvent, des révolutionnaires sont un moment induits en erreur par cette force apparente qui dissimule la faiblesse intérieure, ils ne voient pas ce fait essentiel que l'ennemi approche de sa fin et qu'eux-mêmes sont près de la victoire."Le désarroi profond des répartiteurs et autres conservateurs de la "répartition" ne doit donc pas échapper aux partisans de la libération sociale.
En revanche notre devoir consiste à pointer les contre-vérités de l'état présent de ce qu'on appelle stupidement le "modèle" social français, en débusquer les mensonges et en alerter sur les craquements.
Caractéristique des sociétés libres, le droit de grève a toujours été combattu, lorsqu'ils ont accédés au pouvoir, par les amis des manifestants de ce 7 septembre. Agglutinés toute cette journée dans les cars de la CGT ils devraient apprécier l'éditorial de la Pravda du 12 février 1920 : "La meilleure place pour un gréviste, ce moustique jaune et nuisible, c'est le camp de concentration." Cette formule était, à cette époque, signée de Léon Trotski, théoricien et praticien de la militarisation du travail. Patrick Gofman, se disant lui-même "trotskiste guéri depuis 1979" fait actuellement circuler la citation sur la toile. Il l'a repérée sur le site de Lutte ouvrière (2) Elle fut appliquée, en tous temps par les sectateurs du drapeau rouge et en tous lieux par les admirateurs de Lénine, de Staline à Guevara (3).
Les thèses radicales appellent des réponses claires. Cela se révèle d'autant plus nécessaire aujourd'hui. En effet, partisans et adversaires du projet présenté par M. Woerth en juin pour être débattu ces jours-ci par les deux assemblées parlementaires, ceux qui défilent comme ceux pérorent, tous s'accordent à vouloir sauver ce qu'ils appellent "répartition".
Aux uns comme aux autres, on doit souligner l'état de faillite de ce système. Il avait été institué, sans débat, en 1941 pour protéger les vieux travailleurs des conséquences de l'économie de guerre, de pillage et d'occupation. Il a été élargi, sans vote, par les ordonnances de 1945. Depuis lors il a fait l'objet de réorganisations, toutes autoritaires et dont la dernière remonte à la réforme constitutionnelle de février 1996. De Darlan à Juppé, tous ont procédé par la captation des réserves financières constituées par les quelques institutions plus ou moins prévoyantes.
Les cigales se sont ainsi emparées des épargnes des fourmis. Classique et démocratique.
Mais désormais les cigales chanteront de plus en plus faux car les [très méchantes] fourmis n'ont plus rien à leur donner ou se sont enfuies. Il faut vraiment que la dernière héritière vraiment fortunée de notre pays ait dépassé l'âge limite où l'on ne désire plus déménager pour demeurer encore résidente de l'Hexagone et accepter de se voire insulter dans les médiats. Quant aux classes moyennes et aux travailleurs indépendants (4), leur paupérisation par les prélèvements fiscaux et sociaux a atteint les limites de l'épure.
Reste donc aux répartiteurs une dernière ressource, celle de la limite d'âge. Rappelons aussi que la barre de 60 ans n'a nullement été instituée par aucune lutte syndicale. Elle fut inventée par Mitterrand. Les questions économiques, démographiques et sociales ne constituaient pas son point fort. Il imaginait alors, en écartant de l'emploi les seniors résoudre triomphalement le problème du chômage, et notamment celui des jeunes. On a vu le résultat comme on a pu mesurer, 20 ans plus tard l'effet des 35 heures.
On ne nettoiera donc pas ces héritages putrides sans se résoudre collectivement à un sérieux coup de balai.
JG Malliarakis
Apostilles
- Sur Attac on écoutera avec intérêt les propos tenus en 2002 par mes excellents invités Florin Aftalion Jacques de Guenin et Robert Lozada suivi de "La réponse des libéraux aux faux arguments d’Attac"
- Le texte, indique Gofman, "se trouve depuis 2004 sur le site des amis de… Lutte ouvrière ! évidemment suivi de criailleries…"
- À cette insupportable "icône", à son passage comme ministre de l'industrie et à l'interdiction de la grève à Cuba je renvoie à mes articles "Et ça repart avec le mythe de Che Guevara et aussi "Pourquoi il faut lutter contre le protectionnisme"et à mon enregistrement consacré au livre de Machado Les impostures du mythe du “Che” dénoncées par les écrits de Guevara
- C'est en étudiant pour le compte du CDCA la paupérisation des artisans, commerçants indépendants, professions libérales et agriculteurs que j'ai été amené à publier en 1997 un petit "Livre noir des retraites".Le lecteur en profitera pour consulter le catalogue sur le site des Editions du Trident ou télécharger la circulaire de septembre.
Vous pouvez entendre l'enregistrement de cette chronique
sur le site de Lumière 101
Bonjour, je croyais avoir lu que 30% des prélèvements étaient capitalisés, c'est à dire investis, me trompé-je?
Autre question, quelle proportion d'investissement reste tolérable, sachant que l'on peut mal les placer? Quelle est le garde-fou d'un tel système?
Merci....
Rédigé par : minviellus | mardi 07 sep 2010 à 15:30
En règle générale,les systèmes communistes ont une durée de vie qui n'excèdent pas 80 ans. Ce qui veut dire que la retraite par répartition et la sécurité sociale n'ont n'en plus pour très longtemps.Ce n'est sûrement pas un homme politique en France qui enterrera ces systèmes ruineux et ruinant. Il va falloir prendre son mal en patience et attendre l'écroulement des ces deux montres profanes.
Rédigé par : PaGo | mercredi 08 sep 2010 à 00:12
coome à son habitude, JGM procède par imprécations, amalgames, digressions. Mais ne démontre rien.
Nul ne conteste la nécessité d'une réforme. Cà n'oblige pas à se jeter dans les bras des fonds de pensions apatrides, dont on a pu constaté les résultats.....
Rédigé par : aramis | samedi 11 sep 2010 à 13:09
Cher Aramis, avez vous lu les ouvrages sur la sécu et la retraite de M. Malliarakis (Ed du Trident)?
Bien à vous....
Portos
Petite réponse
Merci de me défendre, cher "Porthos" (j'ai évidemment une sympathie naturelle pour "Athos") mais je crois que le "cher" "Aramis" ne s'intéresse pas à nos arguments. Où donc ai-je pris parti "pour" les "fonds de pensions apatrides" ?
Quant au régime des intermittents du spectacle ce n'est pas sur le terrain de la retraite qu'il pose problème.
Rédigé par : minvielle | lundi 13 sep 2010 à 11:38