Peut-être à l'époque, ont-ils vus en De Gaulle une épée métaphorique de la France, dont on pensait alors que le bouclier s'appelait en réalité Philippe Pétain. Celui-ci fut injustement condamné sous la pression des communistes (1). Ne dissimulons pas que ce dernier point semble le plus important puisque les plaques de nos rues demeurent encore souillées des noms de Thorez, Duclos et autres traîtres indiscutables, dont "on" a fait les mètres étalons du patriotisme.
Par "on", le lecteur doit entendre, précisément le parti gaulliste, dont le continuateur principal s'appelle en ce moment l'UMP. "On" n'a pas manqué d'en rajouter une couche , en 2007 quand "on" a tenté, vainement d'instituer le culte posthume du malheureux stalinien Guy Môquet.
Or, tels les monarchistes des années 1870, ceux qui précisément échouèrent à restaurer la Monarchie, les représentants de la droite maladroite se déchirent sur des questions de légitimité formelle. J'ai pu ainsi, dans l'excellent hebdomadaire des "Quatre Vérités" (2), m'apitoyer à la lecture d'une apostrophe en tribune libre d'un militant souverainiste à l'encontre du très caricatural M. de Villepin. L'ancien Premier ministre de Chirac est accusé de ne pas se draper dans l'intégralité du programme,de l'héritage de la Ve république en négligeant l'indépendance.
Effectivement le grotesque individu, dernier admirateur de Napoléon, mérite son lot de claques. On pourrait s'inquiéter de la bassesse d'un personnage qui s'est rendu ces jours-ci au quartier Val Fourré de Mantes-la-Jolie pour faire applaudir ses velléités de politique étrangère. Quand la loi française ne s'applique ni à Barbès ni dans aucune des zones de non-droit de nos banlieues, la revendication prioritaire d'un nationaliste conséquent consisterait d'abord à l'y restaurer. La liberté française élémentaire de saucissonner et de boire du vin rouge est désormais refusée par la république laïque et obligatoire à proximité de voies publiques transformées en lieux de culte.
En 1958 avant le recours à l'homme de Londres, on pouvait voir une affiche évoquant Jeanne d'Arc. Elle proclamant sur nos murs "aujourd'hui, Orléans c'est Alger". Quand je prends un demi siècle plus tard, le train charmant qui mène, via Les Aubrais, au chef-lieu du Loiret je mesure ce qu'en mathématique on appelle la réversibilité de cette relation d'identité.
Mais voilà : dans le débat opposant les intégristes gaullistes, entre la tiers-mondisation et l'européanisation, le jeu consisterait à choisir la solution la moins française. Au nom de "l'esprit de rassemblement inhérent au gaullisme" (dixit Villepin) on opposera, (dixit son contradicteur) "le gaullisme comme la Révolution française selon Clemenceau forme un bloc" (3).
Renvoyons dos-à-dos ces deux aboiements. La phrase inacceptable de Clemenceau se situe elle-même dans un jeu d'intolérance qu'il faut récuser.
Refusons de faire parler les morts. Ne mobilisons au profit de personne l'ombre douteuse du bradeur de l'Algérie indigne bourreau de Bastien-Thiry. Rappelons seulement aux admirateurs professionnels de l'homme de Colombey que son gouvernement fit ratifier le traité de Rome signé en 1957. Il mit en route la construction européenne, y compris vers sa dimension technocratique que l'on déplore maintenant, à juste titre. Signant avec l'Allemagne le traité fondamental de 1963, il jeta les bases de ce qui me semble, à moi pauvre gueux de contribuable, la seule politique étrangère sérieuse. Car elle seule se révèle conforme aux aspirations profondes et aux intérêts inaliénables du peuple français : entente avec nos cousins germains au même titre qu'avec l'Italie avec la Hollande ou même avec l'Angleterre. Réformez si vous le voulez, si vous le pouvez, les institutions de "l'union" européenne dont chacun, sauf ceux qui en profitent, déplore les insuffisances. Mais, de grâce, cessons de jouer avec des fantômes.<>
JG Malliarakis
Apostillesol>
sur le site de Lumière 101
Qui vous savez fut condamné, le 3 août 1940, par le tribunal militaire de la 13° région, pour "trahison, atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat, désertion à l'étranger en temps de guerre sur un territoire en état de guerre et de siège". Il ne purgea pas sa contumace.
Petite réponse
Comme disait Kipling "ceci est une autre histoire". L'excellent Henri de Kérillis la mettait encore au titre des "bons débuts". Roosevelt écrivait à Churchill cette réflexion terrible : "je ne comprends pas pourquoi 'votre' De Gaulle ne fait pas la guerre." J'arrête. On n'en finirait pas..
Rédigé par : Pirée | vendredi 18 juin 2010 à 12:54
Merci, pour ces rappels opportuns.
Rédigé par : G-Laplace | mardi 22 juin 2010 à 09:53