"J'ai un père qui a 102 ans, il a été hospitalisé 15 jours en service de pointe. Il en est sorti. La collectivité a dépensé 100 000 euros pour soigner un homme de 102 ans. C'est un luxe immense, extraordinaire pour lui donner quelques mois ou, j'espère, quelques années de vie. Je trouve aberrant, quand le bénéficiaire a un patrimoine, ou quand ses ayants droit ont des moyens, que l'État m'ait fait ce cadeau à l'œil."Évidemment ce propos scandaleux a déclenché une immense vague de libres réactions et de commentaires indignés dans toutes les poubelles des sites de libre expression. Il s'en moque éperdument. Ce Monsieur en a vu d'autres et en dépit de toutes les erreurs qu'il a fait commettre à ses clients, on persistera à écouter ses oracles. Après tout, des gouvernements surendettés qui arrivent à inventer 750 milliards pour les prêter à des structures étatiques insolvables provoquent 24 heures d'euphorie sur les marchés financiers. On comprend donc pourquoi et comment de tels conseillers peuvent faire fortune.
Si l'on veut bien apprendre à pratiquer le tri sélectif de l'internet, condition essentielle, on y découvre l'infinie variation des points de vue sur le thème abordé. En particulier les spécialistes, souvent disséminés en région, parviennent à diffuser certaines précisions utiles sur les prétendues informations verrouillées à Paris. La tarification hospitalière à l'acte (2) semble techniquement incompatible avec les affirmations précitées. Au bout d'un jour ou deux, on finit par douter sérieusement des chiffres eux-mêmes.
La remise en question remonte donc jusqu'aux centrales parisiennes de l'information agréée.
"Libération" imprime donc le pot-aux-roses noir sur blanc, sur son papier recyclé, le 11 mai. Un journaliste a fini par contacter Alain Minc. Et celui-ci déclare :
"Écoutez, c'était illustratif. Ce montant est sans doute plus élevé que la réalité. (...) Seize jours de service de pointe, ça doit être 20 000 ou 25 000 euros (...) J'ai délibérément pris un chiffre qui frappe ; le montant que j'imaginais qu'on puisse me réclamer."
N'épiloguons même pas sur le flou définitif qui demeure dans son évaluation. Cet homme si généreux, ce fils si attentif, cet épargnant si avisé, manifestait peut-être la crainte de l'addition personnalisée, voilà du moins ce que suggère sa réponse.
Pour se faire comprendre d'une population hexagonale de base, qu'il juge certainement imbécile, le consultant chef de la clinique des dirigeants gogos, a multiplié les chiffres par quatre.
Son propos consiste à faire passer l'idée que les dépenses de soins des "très vieux" soient imputées à leur patrimoine ou à celui de leurs ayants droit. "Il y a un problème dont on ne parle jamais (...) c'est l'effet du vieillissement sur la hausse des dépenses d'assurance-maladie et la manière dont on va le financer". Ce citoyen ne doit sans doute lire aucun des rapports officiels où cette question est abordée, directement ou indirectement. Ne nous préoccupons pas ici de ses éventuelles suggestions, toutes enveloppées d'imprécisions et de raisonnements à peu près.
Retenons quand même la procédure d'avancées de ses idées. Il souhaite que le parti socialiste les inscrive dans son programme. Moyennant quoi, il se fait fort de les faire adopter par ce qui tient lieu de droite. À titre préventif, le gouvernement se frottera les mains d'avoir de la sorte, coupé l'herbe sous le pied de la gauche.
Et soulignons avant tout la technique du "mensonge illustratif". Plus il se fonde sur une énormité, mieux il s'assure de sa pérennité. Bientôt on coupera la parole à tous ceux qui en contesteront les développements logiques. Et on interdira encore plus résolument de s'exprimer aux véritables défenseurs de la liberté.
Jusqu'à quand durera le règne de tels imposteurs ?
JG Malliarakis
Apostilles
- Émission Parlons Net sur France Info.
- Voir par exemple "Hôpital : La tarification à l’acte 2009 prend mieux en compte les situations lourdes" http://csht.medicalistes.org/spip.php?article507
Vous pouvez entendre l'enregistrement de cette chronique
sur le site de Lumière 101
J'ai même lu quelque part qu'il n'avait pas de "père de 102 ans", mais qu'il citait les propos d'un de ses amis... Encore mieux !!
Rédigé par : Dominique Pérignon | mercredi 12 mai 2010 à 12:20
Les "commissions de la mort" évoquées par Sarah Palin font des émules en France.
Il reste que cet article pourrait être interprété comme comme défendant la pérennité du système d'irresponsabilité financière que nous imposent aujourd'hui les hommes de la Sécurité sociale.
Rédigé par : Sebaneau | mercredi 12 mai 2010 à 12:31
Interprétez comme vous voulez. Je n'ai aucune leçon à recevoir sur ce terrain. Lisez mon avant-dernière dernière phrase.
Rédigé par : JG Malliarakis | mercredi 12 mai 2010 à 12:35
Je ne souhaite pas que cet individu soit confronté à un pareil dilemme, mais s'il y est, je souhaite à ce qu'il repense à ses propos !
Que fera-t-il ?
Pensera-t-il à l'euthanasie ?
L'appliquera-t-il ?
Sortira-t-il l'argent des soins de sa poche ?
En clair, ce sont des propos pour faire parler de lui ! du moins, je le souhaite, car dans le cas contraire il ne serait qu'un pôv'type. (comme le dit notre bon président)
Rédigé par : Mezig666 | jeudi 13 mai 2010 à 10:47
Propos provocants de M. Minc. Il y a une "vérité" sous cela: Le gouvernement souhaite mettre à plat le système des retraites qui coûte chers pour moins d'actifs / retraités. Les principes sont les suivants :
- La France a majoritairement des emplois tertiaires où la pénibilité du travail est faible
- L'allongement de l'espérance de vie entraine que le temps passé en retraite sera au moins de 25 à 30 ans
La solution, vaste débat en perspective mais déjà il y a une remise en cause des régimes dits spéciaux de la fonction publique (c'est justifié car le travail d'un cheminot des années 50 n'a rien à voir avec celui d'un cheminot d'aujourd'hui), de l'âge de départ à la retraite et de l'activité des seniors (à 60 ans beaucoup veulent encore pouvoir travailler, créer des entreprises, etc.), enfin la modulation des remboursements en fonction des revenus.
Enfin pour faire des économies, le non remboursement des médicaments homéopathiques scientifiquement démontrés sans effet, serait une très bonne chose.
Rédigé par : François | vendredi 14 mai 2010 à 17:38
Minc pense peut-être dépoussiérer Tartuffe en écrivant : "Je trouve aberrant, quand le bénéficiaire a un patrimoine, ou quand ses ayants droit ont des moyens, que l'État m'ait fait ce cadeau à l'œil."
Le seul et vrai cadeau que les contribuables font à Minc est d'accepter de lire, sans rien dire, ses absurdités et qu'il soit payé d'une façon ou d'une autre via le budget de l'Etat étant données des missions qui lui sont données en relation avec ses inepties.
D'une part, gérées d'une façon digne de ce nom, toutes les cotisations obligatoires qu'a versées et continue à verser son père sont sans commune mesure, d'un montant largement supérieur à la somme avancée. En faisant contre mauvaise fortune (obligation de cotisations, interdiction de responsabilité) bon coeur (acceptation de ces réglementations), c'est lui qui a fait un beau cadeau à ses esclavagistes.
D'autre part, dans l'organisation socialo-communiste de la santé en France, les sommes avancées n'ont aucune signification. Il n'y a pas de prix libre et donc pas de calcul économique ni de gestion possible.
Et cette gestion impossible s'ajoute à la non gestion temporelle des cotisations à cause de la réglementation qu'est la répartition.
Rédigé par : G.L. | samedi 15 mai 2010 à 20:31