En cette fin du grand carême, plus importante, dois-je dire aussi, m'apparaît encore la question du rapport, libre et viril, que les Européens devraient intelligemment entretenir avec leurs racines spirituelles, résolument christianisées.
Mais traçons quelques mots, quand même, quant aux concepts agités par notre actualité préfabriquée.
On nous berce ainsi, ou plutôt on nous bassine, de la question du bouclier fiscal. On ose nous la présenter comme une mesure phare, la grande idée de ce petit règne. Or nous nous trouvons confrontés globalement à une immense expropriation sociale et même nationale. Celle-ci est organisée par l'incompréhensible maquis de la législation hexagonale. On peut la découvrir imprimée dans le code général des impôts, dans les lois de financement de la sécurité sociale, et dans la réglementation du travail. Dans ce contexte nous ne pouvons accepter de considérer ce point détail comme une affaire bien considérable.
Univers des Machines à Perdre, ce qui nous tient lieu de droite ne se montre même pas capable de défendre aujourd'hui cette disposition dérogatoire marginale. Elle l'avait pourtant voté elle-même hier comme un seul homme (1). Voilà me semble-t-il qui en dit assez long sur sa décomposition.
À la vérité ce conglomérat sans principes et sans âme a perdu le moindre sens de sa légitimité. Laissons-le se déchirer dans sa ruine morale. Cela me semblerait pour le moment la seule attitude civique responsable, en attendant, en espérant, en préparant peut-être, la reconstruction souhaitable d'un authentique centre-droit par une génération nouvelle de militants et de cadres véritables, capables de gouverner la France et de la réformer vraiment.
Pensons donc plutôt ces jours-ci-ci, loin de Paris, au retour du printemps, au chant des oiseaux, au jour qu'annonce le cri du coq, à l'entretien des jardins, à ce qui demeure de la beauté et de la santé de ce pays. À tout cela, les hommes de l'État ne peuvent rien apporter avec leurs sales pattes.
Retrouvons alors cette tension intime que devrait ressentir toute personne marquée par deux millénaires de christianisme, dans l'attente de la Résurrection, dans l'intelligence de sa profonde signification, celle de tirer l'homme vers le haut.
La vérité se dressera toujours, plus forte que la mort. Et elle s'affirmera d'abord sur le terrain moral. Précisément, on cherche à nous détruire par le relativisme, cherchant à nous persuader que tout se vaut. Dostoïevski fait dire à Ivan Karamazov, l'impie, que "si Dieu n'existe pas, tout est permis" (2). On pourrait réfléchir à l'hypothèse inverse, que si tous nos choix se révélaient indifférents, alors aucun principe spirituel ne signifierait plus rien. Voilà le vrai sens du mot barbarie.
S'abîmant dans la consommation, nos sociétés se préparent inconsciemment à la conquête extérieure. Elles se complaisent dans la culture de mort. Elles organisent l'inculture de masse.
Ce vide ne durera pas. Si les peuples européens n'y prennent pas garde, il laissera la place aux vents du désert. S'y opposeront seulement dès lors les forêts que nous aurons préservées, entretenues ou reboisées, et la muraille des cyprès que nous aurons plantés.
Au contraire de cette pente fatale, si nous nous redressons nous verrons réapparaître les étoiles que nous avons toujours suivies, sur les sentiers de Compostelle.
Au centre de la constellation se situe, dans la pensée et la louange que je confesse pour droites, le soleil de justice, le roi de toutes choses, l'icône du Ressuscité.
Chacun peut et doit demeurer personnellement, individuellement, libre du moment où il accepte de recevoir cette lumière. Elle est proposée à tout homme, même à Mme Aubry, née catholique à ce qu'il paraît. Mais ne tardons pas trop.
Comme mes lecteurs, amis ou ennemis, peuvent le constater, je ne puis, même en ce moment, me dépouiller de tous les métaux de ma méchanceté. J'en fais l'aveu, sinon la repentance. Je leur souhaite donc à tous, de joyeuses Pâques (3) quand même.
JG Malliarakis
Apostilles
- M. de Villepin a cru bon de se revendiquer ces derniers jours de l'invention de cette sorte de "niche", se contentant d'en marchander le taux. Pour lui, c'est 60 %, "et j'y perds". On imagine les idoles dont il se réclame encore, de Bonaparte à De Gaulle, se livrant à de tels calculs.
- Faut-il préciser ici que cette citation de Dostoïevski reflète la pensée d'un des personnages de son roman, à laquelle il n'adhère pas en l'occurrence. "Son" Karamazov est Aliocha.
- Ce texte est daté du 3 avril, samedi saint. L'usage orthodoxe est de réserver l'annonce fraternelle de la Résurrection après la veillée pascale et dans les jours qui suivent.
25.3 La semaine des dupes
18.3 Vent mauvais sur la Cinquième république
15.3 Trop de réformes ont tué la réforme
12. 3 La dérive de la diplomatie turque
utilise son négationnisme cynique et imperturbable
1er. 3
Nominations en pagaille
24.2 On relance la question turque en pleine crise institutionnelle
Vous pouvez entendre Lumière 101
Le Christ est ressuscité !
Rédigé par : Denys | mercredi 07 avr 2010 à 14:41