Déjà en 2009, au lendemain du scrutin européen, nous nous inscrivions en faux contre les commentaires dominants. Chacun faisait semblant alors de considérer comme triomphal le pourcentage de 28 % obtenu par le parti gouvernemental, dans un contexte d'abstention à hauteur de 59 %. Nous faisions alors remarquer que ce score le situait parmi les plus faibles des équipes de centre droit au pouvoir dans la plupart des 27 pays de l'Union européenne.
Cette tendance au désaveu du pouvoir en place s'est trouvée confirmée en 2010 avec un nouveau recul de 2 points.
Certes on peut toujours ergoter. L'argument "ne comparer que ce qui est comparable" fait florès. On remarquera pourtant que, région par région, les cadors de l'UMP se sont révélés incapables jusqu'ici de mobiliser leurs partisans pour censurer les exécutifs gaspilleurs, issus de la propre déroute de cette même droite en 2004. Et pourtant, véritables "nouveaux féodaux" (1), ils dénaturent depuis 30 ans la belle idée de régionalisation. Celle-ci était conçue pour régénérer la France, non pour la détruire.
Par exemple, sans vouloir accabler entre les deux tours Mme Pécresse en Ile-de-France, observons que ses efforts pour tirer parti de la nullité indiscutable de M. Huchon se sont heurtés à la défiance ou à l'indifférence de l'opinion vis-à-vis du parti dont elle défend courageusement les couleurs. Etc.
Dans un régime démocratique (2), l'opinion du peuple, seul fondement de la légitimité du pouvoir ne se mesure vraiment qu'aux pourcentages de voix effectivement obtenues. Tout le reste, sondages, taux de participation, mode de scrutin, relève au mieux de l'ordre secondaire. Au pire ces détails servent de rideau de fumée destiné à masquer la réalité du sentiment des gouvernés.
On peut donc très légitimement mesurer l'extraordinaire effondrement d'une coalition qui avait obtenu 53 % au second tour de la présidentielle de 2007 : elle ne réunit plus, 3 ans plus tard, que la moitié de ce pourcentage.
Jeter le thermomètre n'a jamais fait baisser la température.
Il y a seulement 3 ans en effet, de façon très manifeste, la France espérait que certaines promesses pourraient tendanciellement être tenues. Il me semblait convaincant, à l'époque, cet argument selon lequel le programme d'un chef de l'État, auquel il tenait lieu d'unique légitimité, risquait enfin d'être appliqué. Comme l'élu n'a tenu, en fait, aucun de ses engagements, il ne doit pas s'étonner de voir le peuple se détourner massivement de lui.
Ainsi la rupture avec le socialo-chiraquisme, esquissée verbalement en 2006, n'a jamais eu lieu.
Au contraire, plus que jamais les idées socialistes tiennent le haut du pavé dans les antichambres et les arrières boutiques du gouvernement. Elles servent de canevas pour tous les projets que l'on baptise "réformes" et que l'on sort en avalanche depuis des mois, comme des petits lapins blancs tirés d'un chapeau de fabrication mitterrandienne. Certes les personnels du chiraquisme demeurent eux aussi, impavides, impunis, inamovibles.
Regardez donc le générique ; il explique l'échec du scénario.
La droite ne se ressaisira donc qu'en redéfinissant ses choix fondamentaux, en confiant les libertés économiques comme l'identité, à leurs véritables défenseurs, et en renvoyant aux vestiaires les sélectionneurs ineptes de la classe politique.
(1) cf. le livre de M. Roland Hureaux, ("Les Nouveaux Féodaux" : essai sur la décentralisation, Gallimard, 2004) plus actuel que jamais.
(2) Je ne suis, comme Vladimir Volkoff que "moyennement démocrate". Je me permets donc de préciser ici que je tiens, en gros, la monarchie parlementaire pour le meilleur des régimes, tel qu'il fonctionne dans les pays scandinaves aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni. La Couronne y joue un rôle très important qui relève du symbole et ne correspond plus à la gestion d'un "pouvoir". L'échec, au cours de l'année 1791, de son institution en France a "empêché les Français d'être libres" (titre d'un livre écrit dès 1792 par le "monarchien" Jean-Joseph Mounier) et les ficelle encore.
JG Malliarakis
Apostilles
- cf. le livre de M. Roland Hureaux, ("Les Nouveaux Féodaux" : essai sur la décentralisation, Gallimard, 2004) plus actuel que jamais.
- Je ne suis, comme Vladimir Volkoff que "moyennement démocrate". Je me permets donc de préciser ici que je tiens, en gros, la monarchie parlementaire pour le meilleur des régimes, tel qu'il fonctionne dans les pays scandinaves aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni. La Couronne y joue un rôle très important qui relève du symbole et ne correspond plus à la gestion d'un "pouvoir". L'échec, au cours de l'année 1791, de son institution en France a "empêché les Français d'être libres" (titre d'un livre écrit dès 1792 par le "monarchien" Jean-Joseph Mounier) et les ficelle encore.
12. 3 La dérive de la diplomatie turque
utilise son négationnisme cynique et imperturbable
1er. 3
Nominations en pagaille
24.2 On relance la question turque en pleine crise institutionnelle
22.2 Sur les causes profondes de la précarité
19.2 Le gauchisme maintenant et toujours
18.2 La plaie du communautarisme n'en finit pas de s'envenimer
17.2 Privilèges et gréviculture cégétistes
16.2 Absurde scrutin régional
15.2 Les trois erreurs de Cohn-Bendit
3.2
Un échec des marxistes latino-américains
2.2
L'instrument Villepin décevra la gauche
29.1 Pourquoi Aubry accepte le prix du ridicule
28.1 Les magistrats veulent faire taire les critiques
27.1La collusion entre le pouvoir et la CGT
26.1 Ombres sur la libre expression
25. 1 La prochaine crise pourrait nous rendre intelligents
14. 1 La classe politique peut pleurer sur elle-même et sur sa propre impopularité.
13.1 La CGT Marseille et la rigueur des sectes
12.1 Situation du patriarche œcuménique Bartholomée
8.1 Batailles pour l'Histoire
5.1 Pourquoi la gauche fusille Camus en effigie
4.1 Comment les Turcs regardent leurs alliances
1er.1 La fin du Père Noël
30.12 La jurisprudence Julien Dray petit-fils d'horloger
23.12 Nora Berra doit présenter des excuses ou quitter le gouvernement
22.12 La pression mondialiste peut devenir totalitaire
21.12 Copenhague entre gauchistes et financiers
18.12 La nuisance Séguin a encore frappé
14.12 Le fiscalisme hexagonal instrument du jacobinisme
10.12 La victoire caricaturale de l'affreux Frêche
7.12 Remettre Croizat à sa place.
5.12 Le coût de la pré-adhésion turque
27.11 La redécouverte du risque souverain
Vous pouvez entendre l'enregistrement de cette chronique
sur le site de Lumière 101
1 - J'appelle féodal le contrat en vertu duquel le suzerain doit à son vassal la protection et l'entretien, et le vassal à son suzerain le service et le conseil. C'est mon idéal politique et social.
2 - Je suis hélvétiquement démocrate,en ce sens que le référendum sur initiative populaire fait contrepoids à la classe politique. Au-dessus de la foire d'empoigne, le roi fait, lui aussi, contrepoids à la classe politique. Cumulons les deux, et les gouvernés seront bien gardés.
Rédigé par : Pirée | mardi 16 mar 2010 à 10:42
Monsieur, nous subissons l'avis de la masse dans un choix peu clair, c'est le principe de ce suffrage, écrasés par le troupeau en somme...
Mais pensez vous que les électeurs n'ont pas de lien spirituel avec leur "élu"?
De faux monarques, en habits neufs? Qu'en dîtes vous?
Rédigé par : minvielle | mardi 16 mar 2010 à 15:43
Vous avez raison pour les réformes mais pour qu'elles puissent être mises en oeuvre il faut dire aux français que l'opposition syndicale aux decisions des citoyens est totalement anti démocratique et doit être interdite. Seuls les citoyens par le suffrage universel ont le pouvoir de modifier les lois et aucune action de force c.a.d. la grève ne peut s'y opposer. Or toutes les réformes proposées se sont heutées à l'opposition par la grève. C'est inadmissible, seul le parlement peut s'opposer. Tous les députés sans exception accepte la grève comme moyen de pression sur le gouvernement. Il n'y a qu'en France parmi les pays évoluées qu'on voit ça.
Dans les pays évolués, la grève ne peut s'appliquer que dans les cas ou la démocratie ne peut pas s'appliquer, c.a.d. dans les relations entre employeurs et employés et même là, elle est séverement encadrée.
Dans nos pays libres et riches, la grève est un moyen complètement disproportionné par rappor aux besoins.
Que la soirée vous soit favorable.
Paul Tarjon
Rédigé par : Paul Tarjon | mardi 16 mar 2010 à 22:13
Certes il faut comparer ce qui est comparable, et il est difficile de tirer des conclusions d'un scrutin où plus de la moitié des électeurs n'a pas participé.
N'empêche il n'y a pas eu de reforme veritable depuis 2007 et comme vous le signalez ,les conseillers presidentiels sont les memes depuis 20 ans: Guéant, Guaino, Soubise.
Que dire de cet entourage qui se dit toujours de gauche, cf M. Kouchner sans oublier Mme Sarkozy dont le role et l'inflence me paraissent plus troubles, pour ne pas dire pervers, que celle des conseillers à proprement parler.
Enfin quand on voit s'agiter dans l'entourage M. Lang ,et au conseil des ministres, M.Frederic Mitterrand on a des doutes sur le changement, la rupture et la volonté de reforme. Or dans le doute on s'abstient.
C'est ce que j'ai fait le 14 Mars et que je referai le 21.
Rédigé par : MOHIKIAN | mardi 16 mar 2010 à 23:16