Ce 24 mars, le Canard enchaîné glosait ironiquement à propos de nouvelles, toutes virtuelles.
Or, aucun de ces bruissements de coulisses, probablement effectifs d'ailleurs, ne s'est traduit par des actes. Rien ne se retrouve à cet égard, ni dans le remaniement ni dans l'intervention présidentielle du lendemain. (1)
À en croire la première page de l'hebdomadaire préféré de nos fonctionnaires (2), il paraît en effet que le Premier ministre "voulait" démissionner. Le ministre de l'Écologie, président du parti radical-socialiste, "le" Borloo, "se voyait" à Matignon. Et le chef de l'État "veut déshabiller" M. de Villepin. Cette dernière intention, prêtée à un riche client, ne me semble pas manquer de burlesque. De tous les rivaux que l'on évoque dans le parti au pouvoir, l'ancien directeur du cabinet d'Alain Juppé, devenu le chef du gouvernement au crépuscule du chiraquisme paraît le plus étranger à toute implantation populaire. Cela semble fort commode pour le tenant du titre. Mais dans notre république technocratique, on nous assure que cela convient aux bons esprits.
Ainsi, telle une marée descendante, l'Histoire de France persiste en ses jeux. Ses allées et venues, tendant toujours vers le bas, dessinent à nos regards l'écume des jours. Et comme par le passé, qui se montra quand même plus dramatique et plus glorieux, des crises d'importances inégales alimentent humeurs et rumeurs.
On s'abstiendra donc de chercher à comparer les péripéties de ces derniers jours avec celles du 10 novembre 1630. Cette date fameuse correspond à ce que l'on peut tenir pour la véritable, le prototype de la Journée des Dupes. Son nom fut inventé à l'époque par le bouffon Bautru. L'Histoire (3) la retint. Le rôle de la Reine Mère, quoiqu'elle jurât en italien, ou celui du principal ministre d'alors ne trouvent que je sache aucune équivalence dans les temps présents. Surtout pas le roi Louis XIII, si pieux, si maladif et passant pour influençable (4).
Voici cependant qu'en moins de 3 jours les vraies béances se sont multipliées dans les rangs que l'on donne déjà pour victorieux, deux ans à l'avance, du scrutin de 2012. Si l'on veut bien se remémorer leur situation d'il y a seulement 24 mois, on se persuadera bientôt d'avoir à observer bien d'autres retournements encore.
Dès le 22 mars, sa date fétiche, M. Cohn-Bendit se recyclait sur le marché de l'industrie où il excelle, celle de la politique-spectacle et de la communication par rideau de fumée. En bon prestataire de service, son CDD terminé, il faisait comprendre aux Khmers verts, confortablement installés dans les conseils régionaux, la fragilité de leur petite rente. Sans l'alliance avec les socialistes, ils se retrouveraient nus. L'inutile ralliement de la si prévisible et insignifiante Mme Lepage conférera peut-être au plus petit groupe parlementaire européen un siège supplémentaire usurpé. Mais la baudruche de l'écologisme politique se voit menacée de la sorte de se dégonfler du jour au lendemain. On ne pourrait en cette hypothétique occasion que s'en réjouir.
On se félicitera de la sorte de la première mesure annoncée au lendemain du mini-remaniement : la renonciation au projet de taxe carbone.
Autre victime collatérale : la liberticide "Halde". Il eût sans doute mieux valu la supprimer et diminuer ainsi le déficit de l'État. Mais elle ne se verra pas confiée aux socialo-communistes du MRAP.
On ne peut pas passer sous silence de telles consolations, rares donc chères, malgré leur minceur.
"Oignez vilain il vous poindra, poignez vilain il vous oindra". Doit-on vraiment se demander soudain pourquoi ce vieil adage français revient à l'esprit, observant la situation actuelle de la droite officielle ?
On dirait en effet que le pouvoir et sa majorité parlementaire n'ont encore pris la mesure, ni de l'ampleur, ni de la provenance du désaveu qui leur a été infligé.
Il convient donc de continuer.
Il faut ainsi répéter à ces jeunes gens qu'ils ne verront le retour des électeurs de droite qu'à certaines conditions. Ils sont restés jusqu'ici bien timides à les remplir.
Il ne s'agit pas seulement du refus de "toute augmentation des impôts" (5), ni même du maintien du "bouclier fiscal" : il s'agit de baisser effectivement et substantiellement les impôts et les charges pour tout un chacun. Et l'on ne saurait y parvenir qu'en supprimant les gaspillages et les subventions de tous ordres. On ne retrouvera les voix perdues qu'en redonnant confiance aux défenseurs de l'ordre et des libertés. Ceci impliquera l'abaissement de la CGT et de toutes les forces dissolvantes syndiquées au sein des agents publics (6), y compris dans la magistrature. Ceci veut dire aussi que les hommes de l'État assumeraient enfin la fonction fondamentale du Politique : désigner l'Ennemi.
JG Malliarakis
Apostilles
- AFP Voilà 24/03/2010 19:39
- cf. Le Canard enchaîné du 24 mars
- "La science des faits qui en se renouvellent pas" disait Paul Valéry
- Il avait dit-on grand peur de l'enfer. Et l'on fit enfermer à Vincennes Duvergier de Hauranne abbé de Saint-Cyran pour avoir prêché que l'on doit faire le Bien, "par amour pour Dieu et non par crainte de l'Enfer".
- cf. intervention présidentielle du 24 mars
- cf. article 15 de la déclaration des droits de l'homme de 1789 : "la société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration."
18.3 Vent mauvais sur la Cinquième république
15.3 Trop de réformes ont tué la réforme
12. 3 La dérive de la diplomatie turque
utilise son négationnisme cynique et imperturbable
1er. 3
Nominations en pagaille
24.2 On relance la question turque en pleine crise institutionnelle
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