Nous pourrons bientôt en dresser un petit bilan.
Ceux qui trouveraient bien trop lente une telle décrue ont quand même reçu la consolation d'une avancée de la liberté au parlement européen lors de la séance du 27 janvier de sa commission du commerce extérieur. J'en profite donc pour adresser ici ma reconnaissance à mon ami Eduardo Mackenzie, journaliste latino-américain et à Jacques Thomet (1). Grâce à eux ce genre d'informations peuvent être connues en France et je leur dois celle de ce jour.
Notons d'abord que l'Europe négocie actuellement un accord commercial de libre échange avec la Colombie. Aux différents adeptes de l'alter-mondialisme qui adorent les frontières douanières rappelons que ce projet constitue un atout important pour le développement de ce pays. Il semble accessoirement paradoxal aussi que la perspective d'une diversification de ses relations, en partie polarisées vers l'Amérique du nord, rencontre en l'occurrence l'obstacle d'une petite camarilla de gauchistes européens.
On doit mesurer aussi l'impact d'une désinformation classique. Pour tous les perroquets de la bien-pensance qui se croient eux-mêmes "universalistes" et raisonnent très classiquement en descendants des jacobins, tous les pays étrangers se valent. On relativise la répression dans un pays comme la Chine, on fait mine de considérer l'héritage du kémalisme en Turquie comme un chef d'œuvre en péril, et on avale en contre-partie la fable de la méchanceté du capitalisme en Amérique latine. Partout, hormis, bien sûr, les bénéficiaires de notre "modèle social", le travail est forcément exploité par le capital, les ouvriers mal nourris, les soins médicaux coûteux et réservés à une élite, l'école au mieux bourgeoise et inexistante, au pire cléricale et obscurantiste, l'administration corrompue, les médiats à plat ventre devant l'oligarchie, etc. Pas en France, bien sûr. Tout chauvinisme mis à part. Ni à Cuba, ni au Venezuela non plus, îlots de progrès humain.
Si on leur dit, par conséquent que les libertés syndicales sont bafouées dans n'importe quel pays d'Amérique latine, ils ne vérifient même pas. Seules exceptions toujours : Cuba et le Venezuela, où de telles libertés n'ont même pas lieu de se manifester puisque les travailleurs y sont heureux (2).
La réalité d'un pays comme la Colombie ne les intéresse pas. Pourtant, il s'agit d'un régime démocratique et pluraliste. La population active atteint 21 millions de personnes, et il existe une pluralité de centrales syndicales, assez comparable à celle de la France, puisque la CUT, de même idéologie que notre chère CGT, y domine le paysage. Comme chez nous une minorité de salariés ont rejoint ces centrales, environ 4 %, au total 800 000 personnes dont 500 000 adhérents pour la CUT. À noter, mais cela ne nous éloigne pas beaucoup de l'Hexagone que 70 % des cégétistes locaux appartiennent au secteur public de l'économie.
Tout cela n'empêche pas le parlement européen d'avoir jusqu'ici accepté les accusations des marxistes qui cherchent à saboter tout projet d'accord entre l'Europe et l'Amérique latine, sous l'influence de la CUT, Centrale unifiée des travailleurs. Celle-ci était considérée comme l'interlocuteur unique.
Et patatras ce 27 janvier un autre son de cloche a pu se faire entendre.
Le refrain gauchiste de la "violation systématique" des droits de l'Homme en Colombie n'a pas bénéficié de son écho falsificateur habituel.
Il a été compris que tout le discours marxiste à propos de l'Amérique latine repose sur le mensonge et la désinformation. Le syndicaliste libre Albeiro Franco. a ainsi déclaré : "Certes, nous ne vivons pas encore au paradis d'Adam et Ève, mais on doit reconnaître que la situation du pays s'améliore. Oui, il y a des problèmes en Colombie, mais il y a aussi des progrès dans la solution de bon nombre de problèmes".
Espérons par conséquent que l'accord euro-colombien contribuera à faire avancer la solution de certains d'entre eux.<
JG Malliarakis
Apostilles
- J'en profite pour préciser qu'ancien collaborateur de l'AFP à La Havane, Rio de Janeiro, washington et Bogota, après 33 ans de bons et loyaux services au sein la dite agence quasi-monopoliste maintient lui aussi le flambeau de l'information libre en langue française sur ces pays grâce à son blogue que je me fais un plaisir de recommander.
- Tel était l'argument d'Ernesto Che Guevara quand ministre de l'Industrie i interdit la grève cf. L'Insolent du 6 janvier 2009.
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