De plus en plus, par ailleurs, la disproportion globale entre les conditions du secteur privé et celles du secteur public est assimilée par l'opinion comme représentative de véritables privilèges.
Ce mot a pris en France un sens très péjoratif depuis la révolution de 1789. Remarquons que si le terme doit désigner des lois particulières, des conventions libres, ou tout simplement des droits de propriété, nous ne trouverions, en lecteurs de Bastiat (1), absolument rien à redire. Le scandale, aux yeux du grand nombre, se caractérise par deux piliers du système. Car celui-ci repose
1° sur les subventions tirées de la substance de la collectivité, ainsi à la SNCF
2° sur le monopole qui assure à EDF une rente permanente et une position de force. En vertu de cette situation, la même entreprise demande aux pouvoirs publics de lui assurer une hausse des tarifs de 4 % cette année.
De telles aberrations se trouvent consolidées par la connivence, de moins en moins discrète, entre les bureaucraties syndicales et les équipes dirigeantes. Celles-ci peuvent être envisagées comme fondamentalement politiques, ou simplement prédatrices. Nul n'ignore par exemple que le "patron" de la SNCF, l'énarque de gauche (2) Pépy a été nommé en 2008 pour persister dans la "cogestion" avec la CGT. Ainsi lorsque des grèves, de plus en plus molles, empoisonnent, malgré tout, la vie des usagers, on peut être assuré que Thibault a négocié en coulisse des avantages pour son syndicat. Il ne cherche aucunement à enrayer une politique à laquelle la CGT a donné son aval.
On a pu lire ainsi dans L'Humanité en janvier un article assez délirant, accusant la direction de la SNCF de programmer l'assassinat de l'activité fret. (3) Tous les ingrédients de ce que l'on appelle la "théorie du complot" se retrouvent dans ce texte. Le journal communiste y prétend s'être "procuré un document interne émanant de la direction de l’entreprise publique qui prévoit l’abandon du transport de 255 000 wagons et un recul d’un tiers des volumes transportés par rapport à 2008". Et quelques braves lecteurs réagissent assez cocassement comme si c'était vrai. Simplement tout le monde sait très bien que le transport de marchandises par rail se trouve doublement pénalisé
- à la fois par la concurrence de la route,
-et par la lourdeur, restons poli, du monopole ferroviaire historique.
L'ouverture à la concurrence, initialement prévue en 1993, n'a été rendue effective qu'en 2006. Le gouvernement de Paris a fini par imposer cette évolution parce qu'il fallait à nouveau recapitaliser Fret SNCF à hauteur de 1,5 milliards d'euros en 2005. Et pour cela l'autorisation de la Commission européenne se révélait juridiquement indispensable. Or, le feu vert de Bruxelles était assorti de cette condition de concurrence. Par ailleurs, on conserve encore des liaisons "wagons isolés" qui représentent 70 % du déficit de cette activité, etc.
Il fallait bien cependant alimenter en arguments la grève rituelle de février. Mais le 3 février à peine 28 % des personnels s'y sont ralliés.
Ce 15 février, la CGT donnait cependant encore le ton au sortir d'une réunion de négociation théoriquement consacrée aux retraites. Elle lançait un mot d'ordre extrêmement ambigu de "grève intersyndicale" pour le 23 mars. Le principe et la date en sont arrêtés mais dont le motif reste mou et flou. Apparemment cette mobilisation semble dépourvue de base concrète. Mais il s'agit pour l'appareil cégétiste d'imposer son primat aux autres bureaucraties. Parmi celles-ci, 4 sur 7 (la CFDT, l'UNSA, Solidaires et la FSU) acceptent d'ores et déjà de se trouver satellisées par le syndicat de référence, étalon de la contestation.
Les centrales ont donc appelé à une journée d'action interprofessionnelle. Et celle-ci aura lieu le surlendemain du second tour des élections régionales.
Donnant lieu à "des grèves et des manifestations dans tout le pays" elle semble répondre au vrai but que poursuit Thibault depuis 10 ans qu'il dirige la CGT ; Il s'agit, ayant éclipsé la CFDT, de devenir de plus en plus le partenaire incontournable de la gauche de gouvernement, et pourquoi pas l'interlocuteur attitré du pouvoir néo-bonapartiste actuel.
Avec cette mobilisation du 23 mars d'apparence "inter-syndicale", dont le sujet importe peu, les vainqueurs, quels qu'ils soient, du 21 mars sauront qui représente une force, supposée celle de la classe ouvrière. Ce dernier résidu de stratégie "marxiste" doit être dénoncé, débusqué, démasqué. La CGT représente surtout les salariés super-protégés des monopoles historiques et la FSU les fonctionnaires de l'Éducation nationale. Leur gréviculture ne fonctionne qu'au profit de petits privilèges d'un autre âge.
JG Malliarakis
Apostilles
- cf. notamment ses "Harmonies sociales" et la préface de Georges Lane
- sa promotion s'est donné en 1984 le joli nom de "Louise Michel"
- "SNCF : petit mode d'emploi pour tuer le fret" Huma du 29 janvier.
16.2 Absurde scrutin régional
15.2 Les trois erreurs de Cohn-Bendit
3.2
Un échec des marxistes latino-américains
2.2
L'instrument Villepin décevra la gauche
29.1 Pourquoi Aubry accepte le prix du ridicule
28.1 Les magistrats veulent faire taire les critiques
27.1La collusion entre le pouvoir et la CGT
26.1 Ombres sur la libre expression
25. 1 La prochaine crise pourrait nous rendre intelligents
14. 1 La classe politique peut pleurer sur elle-même et sur sa propre impopularité.
13.1 La CGT Marseille et la rigueur des sectes
12.1 Situation du patriarche œcuménique Bartholomée
8.1 Batailles pour l'Histoire
5.1 Pourquoi la gauche fusille Camus en effigie
4.1 Comment les Turcs regardent leurs alliances
1er.1 La fin du Père Noël
30.12 La jurisprudence Julien Dray petit-fils d'horloger
23.12 Nora Berra doit présenter des excuses ou quitter le gouvernement
22.12 La pression mondialiste peut devenir totalitaire
21.12 Copenhague entre gauchistes et financiers
18.12 La nuisance Séguin a encore frappé
14.12 Le fiscalisme hexagonal instrument du jacobinisme
10.12 La victoire caricaturale de l'affreux Frêche
7.12 Remettre Croizat à sa place.
5.12 Le coût de la pré-adhésion turque
27.11 La redécouverte du risque souverain
Vous pouvez entendre l'enregistrement de cette chronique
sur le site de Lumière 101
Quand est-ce que les gouvernements successifs soit disant de droite laisserons pour compte la CGT ?
Sachant très bien que les syndicats ne défendent que les fonctionnaires qui peuvent ce permettent de faire grêve puisque quand même rémunéré.
Il est vrai que nos dirigeants sont pratiquement tous issus de la fonction public !
Mais je ne pense pas que cela va durer éternellement...
Rédigé par : j11d40 | mercredi 17 fév 2010 à 18:11
Donc au lieu de dénoncer la pingrerie salariale de la direction d'Ikéa, il s'agit plutôt de dénoncer les salariés d'EDF mieux lotis, avec une hausse "faramineuse" de 4,2 % ?
Ainsi il est de bon ton de toujours s'aligner sur le moins disant en matière de salaire. A la manière des 212 salariés Philips de Dreux qui ont reçu une offre de reclassement en Hongrie pour le salaire mirobolant de 450 € par mois.
Par contre, qu'en est il du salarié Proglio et du "modeste" +45% de son salaire ? Gageons qu'en Hongrie, il pourrait aussi être trouvé un cadre dirigeant expérimenté aussi compétent que notre "irremplacable" Proglio national, et acceptant un rémunération moindre ... Mais cela ne marche pas dans ce sens là ?
Rédigé par : marco17 | dimanche 21 fév 2010 à 11:57
Il n'y a pas en France d'opposition syndicale. Les syndicats sont des outils nécessaire au contrôle, par les libéraux, du monde ouvrier (pour ce qu'il en reste). Certes les mouvements sociaux sont nombreux ces derniers temps mais prendre les syndicats pour les défenseurs des ouvriers "qui se lèvent tôt" est une illusion. Les syndicats doivent être éliminés car ils ne font que permettre l'achèvement de notre industrie.
Rédigé par : Brylant | lundi 01 mar 2010 à 16:10