Depuis 2007, lâché par le clan chiraquien, on l'entend se plaindre de tout le mal qu'il pense du nouveau cours. Dès septembre 2007 il ose lancer : "pour avoir 3 % de croissance, il faut un changement de politique économique majeur". Représentant précisément l'équipe immobiliste sortante son magnifique mot d'ordre se retourne donc contre lui.
En 1953, le jour de l'enterrement de Staline le fils du dictateur avait ainsi organisé en plein Moscou une conférence de presse. Le thème général lui eût aujourd'hui empêché de recevoir l'investiture socialiste en Languedoc-Roussillon. On mit alors ses propos sur le compte d'une alcoolémie supérieure aux standards locaux, pourtant eux-mêmes ordinairement généreux. Puis on enterra ses imprécations dans un oubli discret.
Tout cela appartient en fait à un registre assez banal, qu'aucun "panache" ne semble caractériser.
À vrai dire, posant en recours de la droite, Villepin n'a jamais concouru à aucune élection. Il n'a exercé ses talents au rang de ministre qu'entre 2002 et 2007. Ce dernier mandat de son véritable maître restera dans l'histoire comme une période de stagnation assez lamentable.
Au soir de la première mi-temps de sa partie judiciaire, on l'avait vu triompher comme si le peuple souverain l'avait désigné comme grand mamamouchi. Au passage, on l'entendit alors évoquer ses propres "combats" politiques passés, tel un adolescent étreignant des maîtresses imaginaires. Son recours à la virtualité ne connaît pas de limites. La décence ne lui impose aucun frein. L'outrecuidance lui tient lieu de talent.
Le seul "combat" victorieux dont il peut se prévaloir fut mené en coulisse, comme directeur de cabinet à l'hôtel Matignon. Ses conseils amenèrent à la dissolution de 1997. Hélas pour le pays, le succès d'influence de M. de Villepin fut alors remporté contre le bon sens. Un peu de réflexion eût empêché ses employeurs de l'écouter. Mais Alain Juppé Premier ministre et de Jacques Chirac, chef de l'État, commirent alors cet acte insensé connu sous le nom de "balle dans le pied". La victoire obtenue par le glorieux conseiller aulique devait nous plonger pour 5 ans dans le gouvernement Jospin.
Cette cohabitation funeste conduisit elle-même au résultat de 2002. De celui-ci d'ailleurs, on ne semble toujours pas avoir tiré les leçons au sein de la classe politique : droite et gauche officielles, additionnées et rassemblées représentent, à elles deux, moins de 40 % de l'électorat votant.
Cette période l'avait vu secrétaire général de l'Élysée, fonction nécessaire et discrète quoique salissante. Après quoi, Alain Juppé le vrai successeur désigné de Chirac, devait purger une peine de purgatoire et d'exil. Il ne régna donc que par procuration.
Cependant le Villepin croit avoir exercé, de 2005 à 2007, un rôle majeur. Mais quel succès remporta-t-il alors ? Son CPE triomphaliste demeura bien entendu sans lendemain.
En 2005 il institua une pratique jusqu'ici inconnue des démocraties parlementaires. Le premier depuis Adolphe Thiers, il restaura le désaveu ministériel public. Depuis lors, il est vrai, la cacophonie semble entrée dans les mœurs de notre république bananière.
À l'époque cependant le chef du gouvernement innovait. Il osait s'opposer à son ministre de l'Intérieur en l'accusant de fermeté dans la révolte des banlieues.
Le fond de l'affaire révèle le personnage, et l'essence du chiraquisme : la tiers-mondisation intérieure et extérieure de cette France qu'il prétend avoir voulu servir depuis l'âge de 10 ans.
Mais sur la forme, il construisit sans le vouloir la réputation, laquelle demeura excellente jusqu'en 2008, de cet homme dont il se veut aujourd'hui l'alternative. Le président actuel peut donc lui dire merci.
Par raccroc, en effet on put croire à la rupture, à la mesure d'une impression virtuelle, éprouvée lors de l'épisode verbal dit du kârcher.
J'allais oublier le grand diplomate. Son titre de gloire fut d'avoir empêché par un discours fort éloquent, l'expédition américaine d'Irak. Il convainquit sûrement la Turquie de ne pas y participer. Oui ce disciple de Talleyrand sut changer sinon la face du monde, du moins la qualité des relations franco-américaines. Et le grand démocrate Saddam Husseïn lui doit la vie. À moins que je me trompe.
Devant un homme aussi déterminé, on se félicite que le parquet de Paris, au lendemain d'un jugement de première instance surprenant, lui donne l'occasion de démontrer une innocence qui, fort heureusement, n'est plus à prouver. La lecture honnête des comptes-rendus du Monde nous convainc en effet de deux choses.
D'une part le tribunal n'a renoncé à lui infliger une condamnation qu'en raison de la présence parmi les parties civiles d'un homme pour lequel, s'il eût connu l'Histoire de ce pays, le roi de France ne devrait pas venger les injures du duc d'Orléans. En appel, cette faute de goût se trouvera ravalée.
D'autre part certes le dirigeant d'EADS incriminé a montré sa folie. Mais on hésite encore à raccorder celle-ci sur un mobile précis.
En revanche les preuves matérielles et les témoignages abondent, du planton du ministère de l'Intérieur aux carnets du général Rondeau qui soulignent l'intérêt que le ministre prenait aux rumeurs, aux intrigues de l'ombre.
Pourquoi recevait-il Gergorin ? Pour lui servir son infusion quotidienne d'ellébore peut-être ?
Aujourd'hui le même Gergorin condamné à de la prison ferme saura sans doute reposer les questions dont chacun aimerait connaître la réponse.
JG Malliarakis
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[Je suis frontiste.] Certes, mais rien ne se fait sans mythologie, et au moins Villepin sortirait la France de l'ornière sioniste, du moins je l'espère. Et il est chrétien, lui, pas fils d'immigré ...
LGS
Rédigé par : LGS | mercredi 03 fév 2010 à 13:39