Ainsi, dans l’enceinte du parlement européen, DCB intervenait ce 9 février pour redire tout le mal qu’il pense du président de la commission de Bruxelles. Cette reconduction jusqu'en 2014, malgré l'indéniable médiocrité du premier mandat, correspond au désir de l'Europe des États de disposer d'une Commission faible. Mais le propos de notre insubmersible agitateur transrhénan ne visait pas cette dimension maintenue par les traités en vigueur. Le vrai but de son discours tendait essentiellement à mettre en difficulté le groupe socialiste. Grâce à l'alliance de ce dernier avec le parti "populaire" européen, le peu charismatique M. Barroso s’est trouvé reconduit dans ses fonctions par 488 voix pour, 137 contre et 72 abstentions. Plusieurs fois interrompu par Martin Schulz patron du groupe socialiste, il finira par lui répondre l’argument le plus imparable, et le plus conforme à leur conception commune de la courtoisie : "ta gueule." À ses yeux le système pèche par son hypocrisie, son consensus mou et sa nullité. On pourrait encore parler d’évanescence, d’inconsistance ou, plutôt, de lâcheté technocratique.
Sur un tel terrain comment ne pas éprouver la tentation de converger, même avec le chef de file du petit groupe Europe Écologie.
Relevons en revanche trois erreurs de jugement.
La première, factuelle mais non fortuite, tient à son analyse de ce que l’on appelle la crise grecque. Essayons cependant encore de ne pas l’accabler entièrement. Notre anarcho écolo rigolo se risque à dépasser dans cette affaire le registre du commentaire préfabriqué de faits invérifiés, que nous entendons depuis plusieurs semaines. Son information déraille cependant quand il croit expliquer la situation financière de ce pays par l’affectation de 4,3 % de son PIB à la défense nationale. Il ne prend évidemment pas garde que cette réalité dure depuis fort longtemps. Elle existait déjà quand, au milieu des années 2000 on se trouvait en présence du plus fort taux de croissance de la zone euro. Et, bien entendu, il trouve un euphémisme bien significatif pour en qualifier l’origine : il s’agirait selon lui de "la rivalité avec la Turquie dans l’affaire de Chypre" (1).
La réalité, les chiffres et les dates démentent entièrement ce propos.
Comme partout ailleurs, les finances athéniennes sont plombées par la disproportion de la fonction publique civile et des dépenses sociales par rapport aux ressources de l’économie… Un tel constat dérange les commentateurs agréés. Il s’applique en effet à la France. On pourrait y remarquer aussi la structure de l’endettement officiel. Celui de Paris ne prend en compte ni les caisses de retraites du secteur privé, ni même les pensions futures que le trésor public devra verser aux fonctionnaires.
Le second cafouillage intellectuel de DCB nous surprend d’autant plus qu’il vient d’un homme dont la rémunération mensuelle, non négligeable tient à son mandat d’eurodéputé (2). Il semble confondre l’Europe et ce qu’on nomme depuis le traité marchandé à Maastricht en 1991 l’Union européenne.
Et, plus encore, tel un vulgaire "populiste", il assimile cette dernière au fonctionnement de ses institutions. Or, la "nullité" qu’il leur attribue résulte aussi de l’indifférence et de l’ignorance. Le scrutin de juin 2009 avait donné une majorité de centre droit. Or, l’investiture date de février 2010. Observons qu'entre les deux dates il s’est écoulé un espace de temps considérable : plus de 200 jours, le temps d’aboutir deux fois à Waterloo.
Enfin, dernière erreur et sans doute la plus grave. DCB sous-estime, en bien comme en mal, l’importance centrale du couple franco-allemand. Là se situe le moteur de l’Europe, depuis la déclaration Robert Schuman de mai 1950, depuis les rencontres historiques entre le général De Gaulle et le chancelier Adenauer (1958-1962), etc.
Paradoxalement, de la part d’un homme qui connaît aussi bien les deux pays, on préférerait l’entendre réaffirmer cette réalité et cette nécessité.
Son registre d’imprécateur s’use comme celui d’un garçon, certes mal élevé, mais qui, comme tout le monde prend de l’âge : on aimerait dès lors le voir gagner en sagesse et en pertinence, ce qu’il pourrait perdre en impertinence. La formulation hélas, de ce dernier vœu pourrait bien se révéler inopérante.
JG Malliarakis
Apostilles
- On se permettra de répondre à ce sophisme hypocrite dans une autre chronique.
- Depuis 2009, les eurodéputés touchent tous, pour un nombre assez limité de jours de présence, une indemnité de 7 000 euros par mois, non-imposable, plus divers avantages. cf France Soir du 20 mai 2009.
3.2
Un échec des marxistes latino-américains
2.2
L'instrument Villepin décevra la gauche
29.1 Pourquoi Aubry accepte le prix du ridicule
28.1 Les magistrats veulent faire taire les critiques
27.1La collusion entre le pouvoir et la CGT
26.1 Ombres sur la libre expression
25. 1 La prochaine crise pourrait nous rendre intelligents
14. 1 La classe politique peut pleurer sur elle-même et sur sa propre impopularité.
13.1 La CGT Marseille et la rigueur des sectes
12.1 Situation du patriarche œcuménique Bartholomée
8.1 Batailles pour l'Histoire
5.1 Pourquoi la gauche fusille Camus en effigie
4.1 Comment les Turcs regardent leurs alliances
1er.1 La fin du Père Noël
30.12 La jurisprudence Julien Dray petit-fils d'horloger
Vous pouvez entendre l'enregistrement de cette chronique
sur le site de Lumière 101
J'attends avec impatience le billet que vous rédigerez quand Cohn-Bendit "communiquera" que Tariq Ramadan (qui a demandé la nationalité française) sera un de ceux de sa liste...
Petite réponse
Dès qu'une telle "nouvelle" serait vérifiée, elle mériterait effectivement un développement.
Rédigé par : Edmée-Josèphe | mardi 16 fév 2010 à 10:01