Il me semble urgent aujourd'hui, cependant, de faire état d'une autre surprenante démarche, celle de gens se considérant comme intouchables. Elle vient d'un syndicat de magistrats et elle a été révélée sur le site de Marianne. Elle vise un journaliste que certains n'apprécient pas nécessairement à la mesure de son talent. Mais précisément, Éric Zemmour joue aujourd'hui à droite un rôle de franc-tireur que Jean-François Kahn exerce symétriquement à gauche.
Sa chronique de RTL exprime tout haut ce que beaucoup de Français pensent tout bas. Son point de vue est même très probablement partagé par la majorité de nos compatriotes, concitoyens et co-contribuables, ce peuple français au nom duquel se rendent les décisions de justice.
Comme on va le voir, il met en cause les arrêts de certains tribunaux ayant pour effet de laisser les immigrés illégaux kurdes, dès lors qu'ils se réclament du droit d'asile, vaquer en toute liberté sur le sol français.
Voici donc la lettre que le président de l'Union syndicale des magistrats, M. Christophe Regnard a écrite en date du 26 janvier, à Michèle Alliot-Marie garde des Sceaux, à la suite de l'émission Z comme Zemmour du 25 janvier.
Que faut-il en conclure ? Que l'autorité de l'État s'exprime par la décision controversée qu'ils ont prise contre la volonté apparente des préfets et des policiers ? Que les juges en France relèvent du droit divin ? En notre république, laïque et obligatoire, certains éprouveront quelque difficulté à l'admettre. Il me revient alors une assez belle formule de Tixier-Vignancour : "au jour du Jugement, on jugera d'abord les juges".Paris, le 26 janvier 2010Madame le Ministre d'État,
Ce matin même, sur la radio RTL, le chroniqueur Éric Zemmour a tenu des propos inadmissibles à l'encontre des magistrats, et plus particulièrement à l'encontre de ceux ayant eu à connaître du contentieux des étrangers en situation irrégulière.
En effet, M. Zemmour n'a pas hésité à accuser certains magistrats d'user de leurs fonctions à des fins partisanes en raison de leur appartenance syndicale, et ce faisant de "mener une guerre contre les gouvernements essayant d'endiguer l'immigration clandestine", en "s'amusant à libérer des clandestins".
Il a notamment reproché aux juges qui ont été amenés à remettre en liberté des personnes déférées dans le cadre de ces procédures de"dénicher l'erreur de procédure qui ruinera le travail policier", de "défaire par leur pinaillage juridique le travail policier", tout en se "drapant dans le respect du droit alors qu'ils prêchent la morale droit de l'hommiste", de "faire jouer les conventions européennes contre le droit national , alors qu'ils jugent au nom du peuple français", et de "se donner le frisson de sauver ceux qu'il assimilent aux juifs persécutés par les nazis , alors qu'ils mènent une guérilla contre une loi démocratiquement voulue".
Ces accusations extrêmement graves portées à l'encontre de magistrats, qui sont de fait traités de factieux violant leur obligation d'appliquer la loi, sont, s'il était possible, aggravées par la suite des propos, puisque M. Zemmour les qualifie de surcroît "d'alliés objectifs des mafias de passeurs et des patrons exploiteurs de main d'oeuvre bon marché", "sapant la protection sociale, les politiques d'intégration, et pourrissant la vie des classes laborieuses".
L'Union Syndicale des Magistrats s'insurge contre ces propos outranciers, qui visent à discréditer de manière fallacieuse l'institution judiciaire et ceux qui la servent. M.Zemmour semble en effet oublier que les décisions qu'il critique ont été prises en application des lois relatives au séjour des étrangers, lois qui imposent à l'Etat de respecter certaines procédures, et ce à peine de nullité. Les juges se sont donc bornés à faire respecter par l'Etat les règles votées par la représentation nationale.
L'Union Syndicale des Magistrats rappelle qu'il n'est pas concevable, dans un Etat de droit, d'exiger des juges, pour soutenir telle ou telle politique, qu'ils piétinent la loi alors qu'ils ont pour devoir de l'appliquer.
Depuis votre arrivée au Ministère de la Justice, vous avez indiqué à plusieurs reprises que vous soutiendriez systématiquement les magistrats lorsque ceux-ci se trouveraient injustement mis en cause.
L'Union Syndicale des Magistrats vous demande donc quelle mesure vous entendez prendre en réaction à ces propos inacceptables, qui tendent à discréditer l'institution judiciaire, et affaiblissent l'autorité de l'État.
Veuillez croire, Madame le ministre d'État, en l'assurance de ma haute considération.Christophe REGNARD Président
À vouloir faire taire les critiques, on s'expose au vent de la révolte.
JG Malliarakis
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Vous pouvez entendre l'enregistrement de cette chronique
sur le site de Lumière 101
Mon Cher Camarade,
La citation que vous attribuez à Tixier-Vignancour est de Brasillach dans son poème: "Le jugement des juges".
Amitié.
Guy ROLLAND
"Vitus"
Petite réponse.
Merci de la précision. Je relirai les Poèmes de Fresnes d'ici le 6 février prochain. Mais j'avoue entendre encore la belle voix de bronze conclure par ces mots (cette citation par conséquent) une péroraison qui fit quelque bruit en son temps.
Rédigé par : Guy Rolland | jeudi 28 jan 2010 à 17:41
La réponse est contenu dans la question : les juges, en France, relèvent du droit divin. Je m'étonne même que certains se posent encore la question.
Rédigé par : NM | jeudi 28 jan 2010 à 21:24
Etant avocat, il m'arrive très fréquemment de m'insurger contre les décisions et méthodes des magistrats.
Pour la première fois, ou une très rare fois si je ne me souviens plus des autres, je suis d'accord avec eux.
Les propos de M. ZEMMOUR sont scandaleux et révèlent une profonde ignorance du droit.
Ils révèlent également une profonde ignorance de la philosophie du droit ou, pire, une philosophie du droit totalitaire.
Un philosophe allemand, Jhering, a fixé cette phrase fondamentale : la forme est la sœur jumelle de la liberté.
Autrement dit la procédure est le cadre fondamental à respecter pour respecter les libertés des hommes.
Si les magistrats ne sanctionnent pas les erreurs, souvent volontaires, de procédure, la liberté est en danger et les droits de l'Homme sont bafoués.
Je m'insurge en général contre toutes les décisions qui rejettent des nullités de procédure pour des raisons "morales".
L'erreur de procédure c'est tout simplement quand un policier ou un magistrat n'a pas respecté la Loi.
Et si personne ne sanctionne cet irrespect de la Loi par des gens qui ont des pouvoirs exorbitants comme celui de vous mettre en garde à vue, en prison, de fouiller votre maison...etc..., c'est la porte ouverte à tous les abus et la voie vers le règne de l'arbitraire.
Le seul reproche à faire dans cette histoire s'adresse aux enquêteurs qui n'ont pas respecté la Loi et qui ont obligé les juges à remettre en liberté les clandestins.
Rédigé par : Maître Mo | vendredi 29 jan 2010 à 11:39
Une précision toute banale: Maître Jean-Louis Tixier-Vignancour plaida aux côtés de Maître Isorni pour tenter d'arracher à la mort le jeune Colonel Bastien-Thiry qui n'avait tué personne lors de la tentative d'arrestation du président de la république. Isorni qui avait défendu le jeune poète Brasillach et le vieux Maréchal était l'ami de Tixier. La culture de Tixier était telle qu'il connaissait par coeur la moitié des Poèmes de Fresnes de Brasillach. L'expression de Brasillach "Fraternels adversaires" a souvent été reprise par des gens à l'âme noble.
Je termine en rappelant que le savant Bastien-Thiry et le poète Brasillach furent tous les deux fusillés au Fort d'Ivry le 11 Mars 1963 et à Montrouge le 6 Février 1945 sur ordre de Charles De Gaulle.
Vale !
Guy ROLLAND
Rédigé par : GUY ROLLAND | jeudi 10 mar 2011 à 04:12
La polémique ennuie les juges qui s'indignent syndicratiquement en colonnes par vingt dans les rues et dans les palais de justice. Ils s'en prennent à ceux qui les accusent avec une indignation telle qu'on les croirait presque victimes de récidivistes libérés. La seule différence cependant entre les victimes des récidivistes libérés et eux c'est qu'ils sont bel et bien vivants pour donner de la voix. Chamfort disait que nous sommes d'un pays où c'est celui qui alerte au feu qui est poursuivi pendant que l'incendiaire est laissé tranquille. Quand le mécontentement est général il ne sert à rien de vouloir désigner un bouc émissaire pour espérer disperser ce mécontentement. Il faut savoir s'examiner et daigner reconnaître que le vil peuple demeure souverain en fin de compte et que ce principe était aussi celui des princes qui furent "raccourcis" à compter de 1789, de l'avoir négligé à compter du règne funeste de Louis XIV.
Rédigé par : GUY ROLLAND | jeudi 10 mar 2011 à 04:26
Chamfort avait raison. No comment.
Rédigé par : dadou | mercredi 19 mar 2014 à 10:36
Et Vitus aussi. Re No comment.
Rédigé par : dadou | mercredi 19 mar 2014 à 10:37