Ne relevons même pas la part d'hypocrisie.
À vrai dire, en effet, observant la cérémonie de Saint-Louis des Invalides, on éprouvait l'impression, certes émouvante, d'un deuil familial dans la bonne bourgeoisie. Chacun sait combien de vieilles querelles se taisent ou s'oublient en cette circonstance. Les rancunes enfouies s'évanouissent devant le mystère de la mort. Et la personnalité même de Philippe Séguin illustre le propos.
Revenons plutôt sur une autre évidence, assez humaine, ou trop humaine. Pour la plupart des survivants, souvenons-nous qu'ils pleurent d'abord sur eux-mêmes.
Et comment, dans l'état actuel de l'opinion française ne pas donner pour une fois raison à nos politiciens.
L'élection présidentielle de 2007 avait artificiellement ouvert une petite fenêtre d'espoir. Peut-être même le camp des vaincus avait-il cru entrevoir la perspective de sa propre rénovation. Les conséquences de sa défaite l'ont, comme on l'a pu constater, divisé plus encore. Que dire, dès lors, de la droite victorieuse. Des 53 % de voix assemblées au second tour autour du nouveau président, l'UMP ne retirait plus, deux ans plus tard, lors du scrutin de 2009 que 28 % des suffrages exprimés. Elle présentait cela comme un grand succès, alors qu'un tel score situe le gouvernement français parmi les plus bas de l'échelle de popularité des 27 pays européens.
Aujourd'hui, en 2010, une étude rendue publique le 11 janvier par le CEVIPOF, centre d'étude de la vie politique française (1) établit ainsi la cote d'amour véritable des deux camps : 16 % des sondés "font confiance à la droite pour gouverner le pays" et 14 % à la gauche.
On aimerait d'abord évaluer dans cette minorité de "ravis", moins d'un Français sur 3, à peu près également répartis, combien contribuent effectivement par leur travail actuel à l'effort national.
Plus réalistes en effet, 78 % des Français constatent et répondent négativement à la question : "A votre avis, est-ce que les responsables politiques, en général, se préoccupent beaucoup, assez, peu ou pas du tout de ce que pensent les gens comme vous ?" Le principe de la démocratie représentative se heurte donc au sentiment du peuple souverain.
N'attribuons pas ce désamour à une morosité passagère de l'opinion populaire.
M. Perrineau, directeur du CEVIPOF soulignait (2) que nous sommes simplement revenus à l'étiage de l'époque chiraquienne : deux Français sur trois se désintéressent du débat politique et ne lui accordent plus de crédit.
Si j'osais mobiliser des connaissances historiques, peu soupçonnables chez les sociologues, je lui dirais en fait que cela nous ramène à peu près à l'époque du scandale de Panama.
D'autre part, réalisé au même moment, une autre étude (3) fait apparaître un pourcentage particulièrement élevé, et même surprenant, de Français satisfaits des conditions de leur existence actuelle : 70 %. Comparé au sort des Haïtiens, avant même la catastrophe qui les frappe, on comprend nos compatriotes. Mais, précisément, ils passent en général pour rouspéteurs, et protestataires. Certains, même, les croient, bien à tort, indociles.
On doit, d'autre part, savoir se méfier, dans les sondages, des questions biaisées. Elles reflètent d'abord le désordre mental des psychosociologues qui les conçoivent. La logique de ce genre d'études ne satisfait ni aux critères d'Aristote, ni à ceux de Port-Royal. Quand 51 % des Français répondent oui à la question "la démocratie fonctionne-t-elle bien dans votre pays", et 49 % répondent qu'elle ne gouverne pas de façon satisfaisante, difficile de définir ce qu'ils pensent vraiment du système politique.
On ne saurait soutenir non plus que les 30 % de malheureux coïncideraient avec les 30 % de gens qui croient encore à la classe politique.
Cela étant, les hommes de l'État, les princes qui nous gouvernent, nos énarques et nos maîtres, la classe politique, et par conséquent, le régime lui-même, me paraissent disposer d'une popularité durablement mal en point.
JG Malliarakis
Apostilles
- *cf. Le Monde en date du 13 janvier.
- *Sur Public Sénat le 11 janvier
- *Sofres en décembre 2009 auprès d'un échantillon de 1 500 personnes.
13.1 La CGT Marseille et la rigueur des sectes
12.1 Situation du patriarche œcuménique Bartholomée
8.1 Batailles pour l'Histoire
5.1 Pourquoi la gauche fusille Camus en effigie
4.1 Comment les Turcs regardent leurs alliances
1er.1 La fin du Père Noël
30.12 La jurisprudence Julien Dray petit-fils d'horloger
23.12 Nora Berra doit présenter des excuses ou quitter le gouvernement
22.12 La pression mondialiste peut devenir totalitaire
21.12 Copenhague entre gauchistes et financiers
18.12 La nuisance Séguin a encore frappé
14.12 Le fiscalisme hexagonal instrument du jacobinisme
10.12 La victoire caricaturale de l'affreux Frêche
7.12 Remettre Croizat à sa place.
5.12 Le coût de la pré-adhésion turque
27.11 La redécouverte du risque souverain
Vous pouvez entendre l'enregistrement de cette chronique
sur le site de Lumière 101
S'ils veulent être populaires, au sens de connu, ils le sont. Toute la journée, on entend leurs phrases, leurs noms, leurs frasques. Cambronne a laissé un mot, Sarko une phrase...
Le malheur est que devant le cadavre de leur copain, ils ne réalisent pas qu'ils ne sont rien en somme, et que le dépit engendré par leurs trahisons est le début de la révolution. Autour de moi, on subit, on baisse la tête. A l'intérieur, c'est le désespoir. A force d'écouter leurs mensonges, normal. A chaque fois que l'un d'eux ouvre la bouche, c'est une répression de plus, une taxe de plus, un filon qui se tarit de plus. Vous utilisez le verbe "croire". Et je réponds : cave hominum verba! (prends garde aux paroles des hommes!)
Rédigé par : minvielle | jeudi 14 jan 2010 à 15:03
Aujourd'hui rien ne changera la donne et rien n'obligera nos dirigeants politiques à changer quoique ce soit tant que les citoyens français devenus des sujets, ne voudront pas inverser les seuls chiffres expliquant leur défiance à l'égard de nos politiciens: 600 OOO adhérents seulement aux 6 principaux partis,soit pas 1% de nos 65 millions de concitoyens.Plus de 70% de ces politiciens ne sont élus qu'avec pas même 34% de voix relatives compte tenu du poids de l'abstention/sanction ! D'où la seule question: comment se fait-il que nos institutions permettent qu'en ne représentant pas même 1% d'adhérents et qu'en étant élus avec pas même 34% de voix, de tels "dirigeants" politiques détiennent 99% des fauteuils du pouvoir???..
Hélas touts les causes du malaise actuel des français et du déclin de la France sont résumées dans ces chiffres gênants!
Alain PADOVANI, Président du Collectif de Défense du Citoyen Contribuable blog pouvoir-achat-mensonge. over-blog.com
Rédigé par : Alain PADOVANI | samedi 16 jan 2010 à 00:33