On se souviendra aussi que, titulaire du perchoir au Palais-Bourbon de 1993 à 1997, il était parvenu, renforçant le carcan du règlement, à domestiquer le travail parlementaire plus encore que ne l'avait prévu la constitution de 1958. Un tour de force.
Désormais titulaire, enfin, d'une fonction non élective il peut peser de tout son poids, physiquement assez lourd, sur nos critiquables gouvernants. Par définition en effet, chaque mercredi, le Canard Enchaîné confirme l'impression que Le Monde distille, en toute objectivité, chaque soir. Nos ministres, [pour lesquels je ne cherche certes pas à tresser systématiquement des couronnes de laurier] font, à suivre les bons esprits, forcément, pour des raisons en quelque sorte ontologiques, tout de travers.
De la sorte, si on écoutait Monsieur Séguin, pour sûr, tout irait mieux. Son disciple Guaino, ne porte comme chacun sait aucune responsabilité dans l'inspiration dirigiste du pouvoir actuel.
En juillet notre homme avait déjà évoqué la nécessité de mesures courageuses. Il s'agissait de sauver les comptes sociaux pour lequel il remettait un rapport circonstancié. Mais ce que notre homme préconise s'appelle tout simplement l'augmentation des prélèvements obligatoires, consistant dans les mois à venir à aggraver les charges pénalisant un peu plus le travail français.
En dès ce mois de décembre, afin de bien finir l'année, le voilà qui repart à l'assaut du bon sens. Il fustige la politique actuelle de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Voyant plus loin que l'horizon, assurément médiocre, des finances publiques, l'ancien maire d'Épinal (1983-1997), ancien ministre chargé de la sécurité sociale (1986-1988) prophétise une dégradation subséquente du service public.
Le Monde (2) en fait évidemment des gorges chaudes. Il publie la nouvelle sur quatre colonnes à la une. Il la surmonte d'un titre bien accrocheur : "Fonctionnaires : la gestion Sarkozy épinglée par la Cour des comptes". Et comme sous-titres "un remplacement pour deux départs : une méthode jugée trop systématique" et "Philippe Séguin dénonce des considérations budgétaires de court terme".
Pourtant le même journal, sans doute inconscient de la force de l'image, publie un petit graphique. Celui-ci s'étale sur une longue durée. Il apparaît en effet qu'en un quart de siècle, les dépenses publiques de personnels, en milliards d'euros constants ont plus que doublée, passant
- de 140 milliards en 1980,
- puis 173 milliards d'euros en 1990,
- et 227 milliards d'euros en 2000
- à 288 milliards d'euros en 2007.
Sauf erreur, au cours de cette dernière année, un scrutin présidentiel suivi d'une élection législative a vu les vainqueurs de ces deux campagnes s'étant engagé très nettement, auprès des électeurs, en faveur de la politique "à courte vue" dénoncée par Séguin.
Désolé de vous contredire M. le premier président. Mais l'alourdissement de la fonction publique passe si peu inaperçu que même les lecteurs du Monde et les électeurs de l'Hexagone s'en sont rendus compte.
Comment dès lors l'alléger ?
Expert en régimes amaigrissants, l'homme de la Cour des comptes se contente de critiquer l'arithmétique globale simple d'un pouvoir qu'il exècre puisqu'il ne l'exerce pas.
Ah certes quand un gouvernement socialiste comme celui d'Athènes constate que 800 000 fonctionnaires obèrent les finances publiques de leur pays, et que cela risque de mener à la banqueroute, tout le monde trouve cela logique : il s'agit évidemment de "changer ou de sombrer".
Songe-t-on cependant à établir des comparaisons avec la France, entre les rémunérations et les coûts globaux respectifs de ces agents publics, les pourcentages de leurs effectifs, y compris ceux de la fonction publique dite territoriale, par rapport à la population active etc. ?
Ne pas tailler dans de tels excédents signifierait, pour l'État hexagonal aussi, se résigner à la faillite.
M. Séguin connaît-il une meilleure solution ?
JG Malliarakis
PS : Ce samedi 19 décembre, de 15 h à 19 h, je signerai mon livre sur la Question turque et l'Europe à la Librairie Duquesne, 27 avenue Duquesne 75007 Paris. Métro : École Militaire.
Apostilles
- *Un de mes correspondants précise :"Contrairement aux autres fonctionnaires, les magistrats de la Cour des comptes prennent leur retraite à 70 ans, raison pour laquelle la Cour est considérée comme la maison de retraite des grands corps. On a encore Séguin pour quelque temps."
Retour au texte< - *cf. édition papier datée du 18 décembre
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Vous pouvez entendre l'enregistrement de cette chronique
sur le site de Lumière 101
Vous parlez de celui qui s'était ridiculisé devant Mitterrand dans le fameux "débat" télévisé où Mitterrand apprenait à la France entière qu'il avait un cancer, alors qu'il l'avait caché depuis 1981 ?
Ce qui avait fait dire que Mitterrand avait gagné à une prostate près...
Ce type est lamentable.
Et qu'il puisse jouer encore un rôle maintenant, il y a effectivement de quoi être en colère.
Rédigé par : Simon95 | samedi 19 déc 2009 à 10:03