En observant la neige qui tombait silencieusement, abondamment et impunément sous ma fenêtre, j'avoue n'avoir éprouvé que fort peu de sollicitude pour les gens qui se sont agités à Copenhague autour du réchauffement.
Et, pour tout dire, leur déception en elle-même pourrait nous réjouir.
Mais.
Tout à la joie de contempler l'apparente vanité de leurs piétinements de cette mi-décembre on ne voudrait surtout pas gâcher ici le plaisir du lecteur.
Voué d'évidence à l'échec, de par la procédure unanimiste suivie, l'accord climatique mondial a cependant gagné deux batailles qu'il eût mérité de perdre.
La première enregistre le fait de sa légitimité. La voilà désormais majoritairement reconnue. En se dérobant à cette folie, la direction de l'État russe, par exemple, ne s'est pas sentie en mesure de la dénoncer. Partagée par de nombreuses personnes l'opinion réchauffiste, quoique dépourvue de base scientifique véritable, tétanise les gouvernants. Toutes sortes d'activistes monopolisent les tribunes, envahissent les rues, pérorent dans les médiats. Se postant eux-mêmes en experts, en procureurs et en juges, ils ne laissent pas la place à la moindre parcelle de doute. Les pires criminels peuvent recourir aux services d'un avocat. La défense du "système" ne saurait en bénéficier, car bien entendu il faut "faire payer les riches". Le slogan lancé par Maurice Thorez en 1936 prend une dimension mondiale. Le saint-jean-bouche-d'or s'appelle désormais Evo Morales. L'homme du moment, dictatorialement réélu à la tête de la Bolivie, a résumé, bellement et brillamment, la situation : "la cause réelle du changement du climat est le capitalisme". (1) Voilà une analyse saine et simple, et comme aurait pu le dire Christophe Colomb, "il suffisait d'y penser".
On a entendu réclamer la "justice climatique". Un autre joli slogan est apparu. Il lâchait en quelque sorte le morceau, car la banderole proclamait sans périphrase : "il ne s'agit pas de changer le climat, mais de changer le système".
Rarement la boucle de l'absurdie et de la colère creuse aura été aussi bien bouclée. Et puisque nous parcourons le riche domaine des citations d'hommes illustres, comment ne pas recourir à Salvador Dali. Oui, nous nous trouvons bel et bien confrontés à "oune entréprisse de crétinissathionne ouniversalle". Tellement plus parlant avec l'accent espagnol…
Alors on peut s'interroger : à qui profite cet outrecuidant délire ? Où mène-t-il ?
Et nous en arrivons ainsi à la deuxième victoire réchauffiste : celle du principe d'une indemnisation financière dont certains montants sont déjà fixés pour certaines échéances. Une nouvelle forme de ce qu'on appelait hier l'aide au développement va apparaître.
Et on se prépare à réactiver de nouveaux flux financiers reversés – au moins : dans un premier temps – aux dirigeants du tiers-monde. Libre à chacun d'en interpréter les parts respectives de la compassion sincère, de l'hypocrisie, de la folie autodestructrice et du plus logique des cynismes.
Parfois même on s'inscrit dans la sphère des réalités incontournables. La déforestation, les graves atteintes portées à l'écologie de la forêt de pluie, se voient dénoncées par le prince Charles de Windsor. Tel le grand dauphin se réveillant en 1701 pour faire accepter par Louis XIV le testament espagnol, cet éternel fiancé de la couronne propose de "trouver des alternatives durables". On ne peut que l'approuver, sur le principe au moins. Mais on n'omettra pas de souligner que la menace pèse autant et même plus sur l'écologie du Canada que sur celles, spectaculairement évoquées, de l'Amazonie ou de l'Afrique subsaharienne. (2)
On a dès le départ postulé qu'il fallait, à ce seul titre, verser 7,2 milliards aux structures étatiques du continent noir. De quels budgets déficitaires, de la substance de quels contribuables occidentaux seront tirés ces versements, voila toute la question.
Or, pour ces sommes, comme pour tous les dispositifs financiers dont les 10 pages d'accords signés à
La cellule mathématico-financière avait pu la tester à partir de 1994 avec les indemnités de l'Exxon Valdez, refourguant le risque des énormes indemnités virtuellement (4) à la charge du pétrolier affréteur sur la BERD (5).
Bien entendu l'irresponsabilité caractérisera le nouveau système. À Copenhague par exemple on est convenu de versements à hauteur de 100 milliards de dollars par an en faveur du tiers-monde à partir de l'année 2020. Que vaudra le dollar et combien de signataires de l'accord se trouveront encore en place ? Nul ne le sait, bien évidemment. Mais la nouvelle usine à gaz aura vu le jour. Quand le dispositif s'écroulera sous l'effet de la fraude, des guerres locales – vous voyez qu'on peut rester optimiste – des défauts de paiement ou simplement des procédures, certains s'aviseront peut-être de regarder les notations des agences monopolistes qui n'ont jamais rien vu venir.
Madame Blythe Masters aura pris une retraite bien méritée et d'intelligents spéculateurs pourront dire merci aux agités gauchistes de Copenhague.
JG Malliarakis
Apostilles
- Cité par Le Monde du 18 décembre.
- Cf son point de vue publié dans Le Monde du 15 décembre.
- Très peu de sources francophones évoquent le personnage. Citons les courageuses exceptions : le blogue conservateur de Bernard Martoïa, repris par celui de Claude Reichman. En revanche la littérature de langue anglo-américaine abonde. À consulter : le livre de Gillian Tett, reporter du Financial Times Fool's Gold: How Unrestrained Greed Corrupted a Dream, Shattered Global Markets and Unleashed a Catastrophe.
- Finalement, grâce au jugement définitif de la Cour Suprême des USA rendu en juin 2008, la somme des dommages et intérêts à payer par Exxonmobil a été réduite à 500 millions de dollars. Le naufrage lui-même remontait à 1989. L'opération, initiée en 1994, de cautionnement du risque judiciaire aura été profitable.
- Théoriquement créé pour aider l'Europe centrale à se débarrasser de l'héritage communiste, cet organisme installé à Londres était dirigé par Jacques Attali. Il fut amené à en démissionner sur un parfum de scandale.
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Vous pouvez entendre l'enregistrement de cette chronique
sur le site de Lumière 101
Il faudrait cependant développer davantage, ou donner des liens directs vers des arguments concrets allant à l'encontre de l'opinion "réchauffiste" : quoi que l'on en dise, c'est cette tendance qui semble bénéficier des arguments scientifiques, sinon les plus solides, du moins les plus audibles car les plus entendus. La question étant vaste, il pourrait être indiqué de détailler davantage, dans ce billet ou dans un autre.
Petite réponse
Voir les émissions et les documents de Georges Lane et François Guillaumat sur Lumière 101
http://lumiere101.com/2009/12/14/rechauffisme-les-preuves-de-lescroquerie/
Rédigé par : Nikita | lundi 21 déc 2009 à 12:45
Bien éclairante l' analyse de J.G M.
Ce qui a été un sommet c'est l'emballement grotesque des médias et d'une partie de l'opinion en Europe .
"NOUS allons changer le climat ,NOUS allons sauver la planète " Rien que cela !
Rien n'était trop gros,rien n'était trop alarmiste
Et parlons des résultats : ( A part bien sur ce qui était le principal de l'affaire et qu J.G.M. vient de décrire)
"NOUS décidons de réduire l'augmentation de température à 2° ! "
Quelle prétention .L'homme se croit donc si puissant !
Alors qu'on ne sait même pas si il y a toujours réchauffement.De plus en plus de personnes pensent que depuis deux ans on entrerait plutôt dans une période de refroidissement .Un tout récent rapport de l'ONU dit que l'année 2009 aura été une des plus calme depuis 25 ans sur le plan des tempêtes et autres dérèglements. Les glaces des pôles s'étendent et s'épaississent depuis 2ans . Le niveau de la mer ne monte pas .Elle ne semble pas se réchauffer ,bien au contraire .
Quand à savoir si le CO2 y est pour quelquechose ?
Si dans l'avenir la température change dans un sens ou dans un autre ,il faudra plutôt regarder du coté de l'activité du soleil .
A quand un sommet pour imposer au soleil de changer de comportement ? (Avec bien sur au passage injonction aux contribuables européens de mettre la main à la poche une nouvelle fois )
Le soufflé est piteusement retombé. Cela serait peut être le moment de parler de choses sérieuses comme de la pollution ,de la déforestation dans certains pays ,des recherches sur les énergies de remplacement ,des progrès à réaliser dans le nucléaire . ETC...
Rédigé par : Antoine Réveillaud | lundi 21 déc 2009 à 17:46
ON ne peut s'étonner de l'ignorance des journalistes des grands médias, puisqu'il leur est parfaitement inutile de s'informer et d'étudier les questions dont ils parlent pour pontifier à leur sujet, comme si la "chaire" d'où ils parlent leur donnait la science infuse.
Mais de la part de M. Duhamel, il ne s’agit pas, en l’occurrence, de simple et presque excusable ignorance : l’affaire a fait si longtemps si grand bruit et il a été finalement si clairement démontré que contre Pie XII il n’y avait que les affabulations de Costa-Gavras et tutti quanti, auteurs de fictions malveillantes, tandis que toutes les preuves factuelles démontrent que non seulement Pie XII n’a jamais fait preuve de la moindre complaisance envers le nazisme mais qu’il n’y a pas un homme public, pas un homme d’état qui ait fait autant contre le nazisme et en faveur des Juifs, comme l’avaient déjà constaté, à l’époque, les principaux intéressés, parmi lesquels le grand rabbin de Rome et Golda Meir (excusez du peu !).
Il est vrai que Pie XII, ayant constaté que des protestations trop spectaculaires avaient de bien tristes effets, étendant la persécution anti-juive aux Juifs convertis et même aux Chrétiens de naissance qui se trouvaient avoir une lointaine ascendance juive, a dû préférer l’action discrète, ouvrant le Vatican et les maisons religieuses aux Juifs persécutés, encourageant évêques et couvents à travers l’Europe à en faire autant, à la parole tonitruante, d’autant plus inutile qu’elle avait déjà été proférée (notamment par l’encyclique Mit brennenden Sorge).
Ce choix lui a permis de faire échapper à la mort quelques dizaines, voire centaines de milliers de Juifs...
M. Duhamel ne pouvant ignorer tout cela, il s’agit de sa part, non d’ignorance, mais de calomnie délibérée.
Rédigé par : Anne Lys | lundi 21 déc 2009 à 19:44