En effet, l'entrée le 23 juin 2009 au Parlement bruxellois de Mahinur Özdemir première parlementaire belge portant le foulard, et pour la première fois en Europe occidentale, a cristallisé une polémique révélatrice. Cette jeune femme, âgée de 27 ans, diplômée en science politique de l'Université libre de Bruxelles enseigne au centre de formation de l'ancien parti social-chrétien.
Immédiatement, un député libéral bruxellois, M. Denis Ducarme, demandait l'interdiction du voile dans l'enceinte dudit Parlement.
Le 6 juillet, le sénateur libéral Alain Destexhe et le journaliste socialiste Claude Demelenne cosignaient, dans "Le Soir" (1), une tribune intitulée "Voile : où sont les progressistes ?". Un appel à "cesser de faire l’autruche".
Cet automne, ils viennent de publier : "Lettre aux progressistes qui flirtent avec l'islam réac" (2). Au titre même on comprend un aspect non négligeable de leur réaction : elle vient de la gauche
Les deux auteurs associés dénoncent de la sorte l'ancien parti catholique devenu "Centre Démocrate Humaniste" pour racoler les électeurs musulmans. Ce parti a fait élire Mahinur Özdemir. Ils ne se privent cependant pas de critiquer aussi le parti socialiste et les "écolos" qui ont clairement joué la carte du communautarisme.
Ils pointent aussi les responsabilités du MRAX. Ce prétendu "Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et la Xénophobie", alimenté de subventions publiques, se présente comme l'équivalent belge du MRAP. Cette machine fonctionne désormais grâce au ressort de l'accusation, supposée infamante et disqualificatrice, d'islamophobie.
Autrefois métastases de l'appareil communiste, dont ils étaient issus, les deux organismes semblent désormais satellisés par les Frères Musulmans. En Belgique l'homme clef s'appelle Radouane Bouhlal.
Un des dirigeants historiques du MRAX, l'universitaire Anne Morelli, a démissionné avec pertes et fracas.
Citons son analyse :
"Je vous avoue que je me sens de plus en plus détachée de ce Mouvement auquel j’ai tant donné car je ne me sens plus concernée par ses prises de position communautaristes, sa défense systématique de la religion musulmane et ses exagérations continuelles d’une soi-disant "islamophobie" menaçante.Il importe donc de rappeler ce qu'il faut entendre par "islamophobie".
Peut-on me citer des exemples d’écoles où il y a "obligation" de manger du porc ? Est-il normal qu’un malade refuse d’être soigné par un médecin qu’il discrimine en fonction du sexe de ce dernier ? Doit-on soutenir une telle discrimination sexiste comme une juste revendication de respect des convictions ? Il est faux qu’il manque de parcelles musulmanes pour enterrer les morts ; selon mes informations elles sont, au contraire, trop peu demandées et restent inoccupées. Colporter l’inverse est accréditer une victimisation sans objet. Il est incongru de se plaindre que l’Islam ne soit pas encore financé au même titre que les autres religions quand on voit les scandales qui se succèdent à l’Exécutif des musulmans.
Mettre ces faux problèmes sur le même pied que les vrais actes racistes, qui existent malheureusement et sont d’une autre nature, déforce notre position. De plus en plus, le MRAX apparaît à l’extérieur comme un groupement d’autodéfense utilisé par des musulmans avec quelques hommes liges extérieurs." (3)
Le concept fut inventé en 1979 par l'Ayatollah Khomeiny. Les mollahs iraniens souhaitaient stigmatiser les femmes qui refusaient de porter le voile. Ces "mauvaises musulmanes" étaient ainsi accusées d'être "islamophobes". En 1988, lors de l'affaire Rushdie, les associations islamistes du Londonistan ("Al Muhajiroun" ou la "Islamic Human Rights Commission") en réactivent l'utilisation. La ritournelle est reprise aujourd'hui par tous les "utiles idiots" compagnons de route de l'islamisme.
Dans leur livre "Tirs croisés" (4) Caroline Fourest et Fiammetta Venner donnent d'utiles clefs de compréhension :
"le mot “islamophobie” a été pensé par les islamistes pour piéger le débat et détourner l’antiracisme au profit de leur lutte contre le blasphème. Il est urgent de ne plus l’employer pour combattre à nouveau le racisme et non la critique laïque de l’islam."En 2003 elles déploraient (5) que le mot soit
"très largement repris, du MRAP à Jean-Pierre Raffarin, et plus maladroitement encore par Claude Imbert du Point. Il est dans l'air d'un temps où l'on s'obstine à vouloir réduire la question du racisme et de l'intégration à une question confessionnelle, comme si tous les Français originaires du Maghreb étaient tous musulmans pratiquants et comme si l'enclavement des banlieues n'était plus qu'une question de choc des religions. En cela, le remplacement du mot "racisme" par "islamophobie" correspond bien à la politique menée par Nicolas Sarkozy (6). La création artificielle d'un Conseil français du culte musulman n'a pas eu seulement pour effet désastreux d'amalgamer les musulmans libéraux et les musulmans extrémistes de l'UOIF, elle donne surtout le sentiment de vouloir traiter le dossier de l'exclusion sociale uniquement par le biais de l'intégration religieuse : les banlieusards révoltés par les bavures n'ont qu'à adresser leurs réclamations à des imams puisque le retour à la religion semble être la seule médiation possible proposée par le ministère de l'intérieur…"et elles déploraient alors que
"de plus en plus de militants de gauche, y compris antiracistes, participent à cet amalgame".Un de mes amis remarque à ce sujet que "certains laïcards détestent tellement l'Occident qu'ils sont toujours prêts à s'allier avec l'islam pour le détruire". Et il se félicite au contraire que d'autres "ont compris que la loi islamique serait pire que tout ce qu'on a pu leur mettre dans la tête comme fantasmes anti-chrétiens"...
En France hélas, contrairement à la Belgique, cette deuxième catégorie ne donne pas le ton. Le laïcisme, tel qu'il est organisé sous les auspices du grand orient de France, répugne encore à voir le danger que représente le développement visible de l'islamisme.
Car bien entendu, une précision s'impose : il ne faut pas voir dans le "foulard" appelé curieusement "voile" la seule manifestation d'une pudeur légitime, mais la manifestation militante et provocatrice d'une identité étrangère à l'Europe.
Ainsi, pour son numéro de lancement, la revue "Franc-maçonnerie magazine" (7) vient-elle de publier un article "accroche", qu'elle annonce en première page, sur le thème "Islam une religion ouverte à la laïcité".
On peut dire que la cohérence de ce texte ne constitue pas le principal souci des éditeurs. Le signataire M. Christian Lochon est présenté comme un "journaliste à l'Œuvre d'orient". Rappelons que cet organisme, d'obédience catholique romaine, fondé en 1856, se propose de venir en aide aux chrétiens du proche-orient. Le "journaliste" se révèle en réalité un personnage officieux engagé dans le dialogue islamo-chrétien. Il a partagé, quant à lui sa vie entre Bagdad (1964-1966), Téhéran (1966-1968), puis la direction du Centre culturel français de Bagdad (1968-1970), une mission culturelle auprès de plusieurs universités du Caire (1971-1976), l'ambassade de France à Khartoum (1976-1982), l'Institut du monde arabe à Paris (1985-1986), l'ambassade de France à Damas (1986-1989) et enfin la direction des études et de la recherche pour le Proche et Moyen-Orient au Centre des Hautes Études Afrique et Asie modernes.
On ne s'étonnera donc pas que ce diplomate "spécialisé" développe un certain nombre de nuances qui échappent aux maquettistes et probablement au lecteur pressé de "Franc-maçonnerie magazine". Il note que des intellectuels sont "encore" muselés. Il remarque que "l'enseignement religieux est une matière d'examen dans tous les baccalauréats des pays arabes" sans s'attarder sur le fait qu'il en va de même dans beaucoup d'autres pays, et que l'on pourrait considérer ceci comme un point de détail. Plus grave nous paraît l'indication que "les femmes commencent à se mobiliser", note optimiste détachée de son contexte. Enfin la conclusion consternante d'ambiguïté laisse croire que "la lutte pour la liberté d'expression n'est pas l'apanage exclusif du Nord méditerranéen".
Mais en dehors du texte lui-même, au fond insipide, mais qui reflète le professionnalisme de M. Lochon, les titres et les légendes d'illustration méritent d'être médités. "Politique/religieux, une séparation qui ne date pas d'hier : la séparation du politique et du religieux s'est effectuée dès les premiers temps de l'islam" [contre-vérité totale] et "la laïcité n'est pas le monopole de la civilisation occidentale chrétienne". Voilà donc ce que l'on cherche à mettre dans le crâne du lecteur.
À l'inverse deux bons gros articles nous ramènent à l'époque du petit Père Combes. Le premier charge sur 3 pages contre le traité "Kouchner Vatican". Ainsi M. Pierre Lambicchi, grand maître du grand orient nomme-t-il l'accord, passé le 18 décembre 2008 entre la république de Paris et le Siège romain. On tremble à l'idée que "le saint-siège impose ses diplômes en France".
Autre péril agité auprès de nos compatriotes : "l'antimaçonnisme du Vatican". 6 pages sur le thème : "le jugement négatif de l'Église sur les associations maçonniques demeure inchangé, parce que leurs principes ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l'Église".
Avec une rhétorique aussi engluée dans le passé, on intoxique le lecteur et l'on se situe donc résolument dans le "parti de l'islam". À remarquer d'ailleurs que la seule pub non-maçonnique de la revue concerne l'immobilier au Maroc. Le royaume du Maroc a toujours bonne presse, et l'on passe toujours sous silence certains "points de détail" comme l'implication de ce pays dans la commercialisation du cannabis.
Dans le choc des civilisations, par conséquent, entre l'occident et l'orient, le grand orient de France persiste à choisir… l'orient. Qu'on me permette de dire que pour ma part je choisis l'Europe.
JG Malliarakis
Apostilles
- cf. sur le site du Soir de Bruxelles
- pour commander ce livre
- Citée par Riposte Laïque
- On consultera leur livre Tirs croisés et leur chronique Prochoix
- cf. À lire de bout en bout : Prochoix N°26-27 (Automne-Hiver 2003)
- À l'époque ministre de l'Intérieur.
- Franc-maçonnerie magazine NP 30114 – 94101 Saint Maur Cedex N° 1 novembre-décembre 2009.
Articles des jours précédents
12.11Le soutien de Mahmoud Ahmadinedjad à la candidature de la Turquie à l'Union européenne.
10.11 La répression fiscale du tabac n'a développé que la contrebande. Osons défendre la liberté de fumer !.
9.11 Commémorons mais ne dénaturons pas.
6.11 Chirac au risque de la justice et sa connivence avec le socialisme
29.10 Communisme impuni et totalitarisme
20.10 Mireille dernière
19.10 Feux de pailles agricoles
12.10 Le faux accord turco-arménien de Zurich ne doit pas nous tromper
10.10 Les gaspillages publics ne sont pas perdus pour tout le monde
Vous pouvez entendre l'enregistrement de cette chronique
sur le site de Lumière 101
Bonjour à tous.
Tant qu'on fume, on n'est pas malade, quand on tombe malade, il est trop tard. Un gars tombe du haut d'une tour, tant qu'il n'est pas arrivé en bas, il se dit : tout va bien jusqu'à présent (voir "La haine" de Kassovitz). Merci de nous avertir... pour ma part, je pense comme cet ami disant que "certains laïcards détestent tellement l'Occident qu'ils sont toujours prêts à s'allier avec l'islam pour le détruire". J'avais déjà abordé moins complaisamment ce thème en précisant toutefois le côté "je vous les jette à la figure" des destructeurs du mâle blanc occidental. Ici, l'aspect révolutionnaire a gagné. Souvent, ce sont des bourgeois qui s'y collent. Genre prof, ou autre penseurs.... puis suivent la masse et les abrutis dogmatiques.
Hum! Il y en a un peu marre quand même de ces vilains méchants.
Voilà ma petite réaction, mais pour ce qui est des maçons, ils sont en général de piètres penseurs, bourrés de bons sentiments humanistes planétaires... mais ils sont aussi du parti de nous en mettre plein la poire à cause de Vichy, qu'y puis-je moi tout seul?
Salut, amis!
Rédigé par : minvielle | lundi 16 nov 2009 à 23:45