Madame le Ministre
Vous avez fait croire que l’oseltamivir alias Tamiflu, (et bientôt le vaccin ?) était l’arme essentielle alors qu’aucune publication n’a montré le moindre intérêt de ce produit dans la grippe saisonnière, si ce n’est raccourcir de quelques heures sa contagiosité, et qu’il n’a pas été testé in vivo sur le virus H1N1.
En le préconisant et en le remboursant, vous « coulez » un peu plus notre chère Sécurité Sociale et faites croire à une éventuelle efficacité thérapeutique, en dehors de toute pratique médicale fondée sur les données de la science (evidence based medicine), chère aux praticiens engagés dans une démarche qualité.
Comment revenir en arrière maintenant, alors que des millions ont été dépensés en toute hâte pour l’achat de Tamiflu et de vaccins ?
>Madame le Ministre, vous m’empêchez actuellement de faire convenablement mon métier de médecin généraliste, aussi bien dans mon cabinet qu’à la régulation au centre 15, à cause du temps perdu à rassurer des patients, qui, sans votre alarmisme, n’auraient jamais ni consulté, ni appelé. Cela ne fait que saturer le standard téléphonique du 15, au risque de ne pouvoir prendre dans les temps un appel urgent pour une détresse vitale ou un accident de la route.
Votre irresponsabilité n’a fait qu’encombrer les services d’urgences aussi bien libérales qu’hospitalières, alors que le bon sens était de dire à la plupart des grippés de rester chez eux, masqués, et non de risquer de venir contaminer les patients fragiles de nos salles d’attente.
L’organisation d’une vraie régulation des appels en amont pour juger de la gravité éventuelle, comme nous vous l’avons proposée il y a déjà plusieurs semaines, aurait certainement été plus judicieuse.
Vous allez peut-être faire venir à la Réunion des renforts hospitaliers, augmentant encore un peu le coût de cette gabegie financière.
Allez-vous aussi faire venir des renforts dans nos cabinets dans lesquels nous ne pouvons absolument plus prendre en charge de façon correcte nos patients nécessiteux ?
Madame le Ministre, faute de temps suffisant pour chaque patient, vous me faites prendre des risques d’erreurs diagnostiques et thérapeutiques, qui pourraient être sources de plaintes en cas d’évolution défavorable.
Vous m’obligez à faire des arrêts de travail qui ne se justifient pas (au frais du contribuable), et à CERTIFIER que des enfants en bonne santé peuvent retourner à l’école car non contagieux (ce que je ne peux faire sans tests de diagnostics rapides mis à ma disposition) ; cela me fait alors porter une responsabilité incontrôlable.
Madame le Ministre, vous êtes en train de paralyser notre île (et bientôt le pays tout entier ?) avec l’aide irraisonnée du Ministre de l’Éducation Luc Chatel, en préconisant la fermeture « cas par cas » des établissements scolaires.
Vous mettez ainsi en difficulté les parents, les enseignants, les directeurs d’écoles, le Recteur et le Préfet pour appliquer des mesures inapplicables.
Avez-vous prévu l’évaluation des coûts économiques et humains de ce plan ainsi que celle du nombre de patients qui vont décéder, non pas de grippe A, mais d’une insuffisance de prise en charge de leur diabète, hypertension, leptospirose, etc.
Madame le Ministre, il est étonnant que le sujet passe au second plan dans les medias états-uniens, alors que le nombre de victimes est sans commune mesure avec la situation française. Les épidémiologistes de réputation internationale considèrent en effet l’épidémie comme peu grave en termes de morbi-mortalité. N’y aurait-il pas quelques conflits d’intérêts majeurs chez vos experts français consultés ainsi qu’au plus haut niveau des personnages de notre État et de bon nombre d’acteurs de la chaîne du soin ? Cela pourrait bien expliquer l’absence assourdissante de réaction de nos leaders d’opinion à votre plan. Toutes ces personnes influentes ont-elles, d’ailleurs, déclaré leurs éventuels liens d’intérêts quand elles s’expriment dans les médias, comme la loi les y oblige ?
Madame le Ministre, vous avez semé un vent de panique sur notre île pour une pathologie pour laquelle les sirènes de l’industrie vous ont fait prendre des décisions incompréhensibles, étant donné son peu de gravité.
Vous avez préféré la communication via micros et caméras, au détriment d’actions pour nous aider à organiser et à anticiper la crise actuelle.
Ayant participé à une dizaine de réunions en comité restreint avec les plus hauts responsables sanitaires de l’île, il me semble que vous n’avez laissé aucune initiative aux directeurs de l’ARH et de la DRASS pour mettre en place une véritable et constructive démarche avec les effecteurs de terrain.
Les leçons de ce gâchis, aussi bien économique qu’humain, termineront elles aussi vite à la poubelle que celles tirées après le chikungunya.
Madame le Ministre, vous avez allumé un incendie, qu’il est maintenant impossible d’éteindre sans vous renier et c’est pour cela et pour toutes les raisons précédentes, que je demande votre démission afin de «Dé-DésInfomer » (DDI) au plus vite.
Si l’humeur du jour était à la plaisanterie, je revendiquerais l’honneur de vous remplacer, comme tout bon médecin de terrain serait à même de le faire, devant autant d’incompétences au regard des décisions prises. Pour les gérer au mieux, des spots télé et radio tournent quasiment en boucle depuis quelques jours pour rassurer la population, et des « recommandations pays » (pour les femmes enceintes par exemple) apparaissent sans aucune réflexion partagée.
Après « la pandémie de l’indécence » du Pr Gentillini et « la grippette » du Pr Debré, la population risque maintenant de prendre pour une simple « bachelette » une prochaine alerte sanitaire.
Si celle-ci s’avérait bien plus grave (d’ordre viral, bactériologique ou chimique), elle risquerait d’être minimisée et vous en seriez alors la première responsable.
Cette lettre est signée Docteur Philippe de Chazournes (1). En réalité, celui-ci ose tout simplement dire tout haut ce que beaucoup de ses confrères pensent tout bas.
Il précise également que "médecin de terrain, élu", il exerce en qualité de "Formateur et régulateur au Centre 15."
Et qu'il se trouve… "sans aucun lien d’intérêt avec l’industrie".
Je voudrais, pour le rassurer, rappeler d'une manière générale que les gaspillages des hommes de l'État, ne restent pas perdus pour tout le monde. Et j'en profite, sans éprouver le sentiment de passer vraiment du coq à l'âne pour vous donner des nouvelles de M. Douste-Blazy. J'espère que mes amis de Toulouse se féliciteront de ce recyclage. Ils lui doivent en effet le passage de leur ville à gauche aux dernières élections municipales.
Aujourd'hui, M. Douste-Blazy, après avoir exercé en France les charges de ministre de la Santé et des Affaires étrangères, aujourd'hui "à l'écart" de la vie politique hexagonale (2) porte le titre protocolaire secrétaire général adjoint des Nations unies, en tant que chargé des financements innovants depuis 2008.
Il lance désormais un projet mondial de collecte de fonds automatiquement générée via internet. Cette initiative a été baptisée du nom de code "Massive Good" (3) prélèvera sur le compte de l'acheteur, par un simple clic lors des réservations de billets d'avion ou d'un agent de voyage, de faire une "micro-contribution" de 2 dollars, euros ou livres pour financer Unitaid, organisation hébergée par l'OMS. Comme le nom de cette institution onusienne le suggère le but affirmé de l'opération est de lutter contre le sida, contre le paludisme et contre la tuberculose. On ne saurait imaginer, et je me refuse à le croire, que cela contribuerait aussi à lutter contre l'impécuniosité des promoteurs du projet. "En 3 ans, se félicite-t-il en effet, on a pu lever 2,6 milliards de dollars en faveur du secteur de la santé dans les pays en développement". M. Douste-Blazy fait allusion à la mise en place expérimentale d'Unitaid sous le nom de "taxe Chirac" que la France seule s'applique à elle-même. Désormais de nombreux pays entrent dans le circuit.
Je ne sais pas très bien comment circule l'argent une fois collecté. Je préfère donc conclure comme les délicieuses chroniques auvergnates qu'Alexandre Vialatte publiait autrefois dans "la Montagne" de Clermont-Ferrand : "c'est ainsi qu'Allah est grand".
JG Malliarakis
Apostilles
- Source http://artdevivresain.over-blog.com/article-36626525.html
- En relation peut-être avec "la rumeur de Marrakech" (quelle injustice !)
- cf. France Info le 2 octobre
Une petite publicité de bon goût
Mon livre à "La Question Turque et l'Europe" est paru ce 2 octobre. Conçu comme un outil argumentaire, contenant une documentation, des informations et des réflexions largement inédites en France, vous pouvez le commander directement au prix franco de port de 20 euros pour un exemplaire, 60 euros pour la diffusion de 5 exemplaires. Règlement par chèque à l'ordre de "l'Insolent" correspondance : 39 rue du Cherche Midi 75006 Paris.
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