On croyait, on disait, on sentait le parti socialiste mourant.
On le savait fort malade, passablement gâteux. Le docteur Alzheimer l'emportait
sur le docteur Marx. À certains égards on pouvait même mesurer les progrès de
son agonie, comme dans le miroir de Cocteau où il suffirait de se regarder dix
ans de suite pour voir la mort faire son ouvrage.
>Certes, ces derniers jours Pascal Lamy, cette boussole ayant
toujours indiqué le pôle sud, avait prédit lui-même la disparition de son
propre parti. Et comme il s'était exprimé, dans "Le Monde" du 27 août,
avec la complaisance du sententieux Gérard Courtois,on
pouvait bien se persuader que le contraire allait se produire.
Indice quand même un peu mince jusqu'ici, cette survie
improbable aura trouvé son commencement de preuve à l'université d'été de
La Rochelle. Arrosée d'excellent pineau des Charentes cette joyeuse
manifestation n'a pas manqué de requinquer le moral des plus pessimistes.
Le bon sens, d'ailleurs, stimulé par la concurrence, toujours
bénéfique, entre les deux gorgones, Royal la ségolène et Aubry la méduse a
conduit les deux porte-drapeaux de cette formation à remettre opportunément en
cause le projet de taxe carbone. Bientôt peut-être entendra-t-on les deux
rivales faire assaut de lucidité en cassant le concept aberrant du soi-disant
grand emprunt national.
Ainsi va la vie politique française. Un militaire fonde une
nouvelle république en 1958, il détruit l'armée. Un lettré accède à la
présidence en 1981, son règne aboutit au plus furieux déferlement des
illettrés. Les socialistes se redressent en vue de sauvegarder leurs prébendes
régionales en 2010, ils répudient séance tenante les projets les plus échevelés
du rocardisme déliquescent. Où va-t-on ? Et à qui se fier ?
Car hélas la symétrique fonctionne fort proprement. Votons-nous
en 2007 pour plus de liberté économique ? On nous concocte un programme de
300 réformes labélisées par les plus incorrigibles clowns de la pensée unique
socialiste, Attali, en tête, suivi de Rocard, applaudi par Minc.
De la sorte on pourrait presque énoncer le paradoxe
suivant : moins les Français veulent de socialisme, et plus on leur en
fait avaler. Jusqu'à ce jour, la période de plus grande avancée des
prélèvements obligatoires, 7 points de plus en 7 ans, s'était accomplie sous la
présidence de Giscard, Fourcade aux Finances, Barre à la barre et Chirac à la
batterie. Mais on commence à se demander si leur record ne peut pas être battu;
nolens volens par les équipes hissées sur le pavois de la droite il y a deux
ans seulement.
Tout leur paraît possible, hormis la décrue fiscale. Relisons
posément la présentation du projet de loi de finances pour 2009 devant l’Assemblée
nationale en date du 26 septembre 2008 par M. Éric Woerth. Le Ministre du
budget, des comptes publics, et de la fonction publique, doit évidemment être
tenu pour un fort honnête homme, puisqu'il combat la fraude. Il osait cependant
alors appeler "effort sans
précédent de maîtrise de la dépense" un budget reposant sur une
progression de 2 % des dépenses de l’État par rapport à la Loi de finances de
2008.
Dès lors que la pensée d'un Guaino s'est emparée en France du
discours économique officiel, telle une nouvelle Leonora Galigaï jetant son
ombre maléfique sur le cerveau de la Reine, on pourra certes s'interroger sur
les causes du sortilège. Mais on ne saurait douter de leurs désastreuses
conséquences.
La démonstration scientifique de Pareto se confirme : ce qu'il
appelle le Péril socialiste vient des hommes de l'État se voulant, se disant, "pragmatiques et réalistes" plus encore qu'il n'est appelé par les militants les plus acharnés de la non moins funeste utopie égalitaire.
Articles des jours précédents
23.8 La chauve-souris turque sa propagande et sa diplomatie du pacte germano-soviétique jusqu'à nos jours
17.8 Le krach des États parfaitement plausible
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12.8 Le fiscalisme ses mensonges et ses proies
10.8 Du pouvoir parisien et de sa dérive gauche
6. 8. Sens et contre sens du laïcisme turc
3. 8 Asie centrale Chine et empire
27.7 France Culture Mistral et la gare de Maillane
22.7 Le dilemme turc
Un "Cahier de l'Insolent" consacré à "La Question Turque" paraîtra le 15 septembre. Il formera un petit livre de 128 pages et coûtera 10 euros à l'unité. Conçu comme un outil argumentaire, contenant une documentation, des informations et des réflexions largement inédites en France, vous pouvez le commander à l'avance, au prix franco de port de 8 euros (valable jusqu'au 31 août expédition le 15 septembre) pour un exemplaire, 35 euros pour la diffusion de 5 exemplaires. Règlement par chèque à l'ordre de "l'Insolent" correspondance : 39 rue du Cherche Midi 75006 Paris.
Vous pouvez entendre l'enregistrement de cette chronique sur le site de Lumière 101
Et Concino Concini au violon. Pour cause d'évasion fiscale, bien sûr...
Rédigé par : minvielle | lundi 31 août 2009 à 21:11