La première se tenait à Quito, dans le cadre de l’Unasur, organisme créé en 2008 et regroupant au départ 12 états sud-américains, sorte de dissidence du panaméricanisme, traditionnellement représenté par l’OEA, Organisation des États américains, au sein de laquelle les Etats-Unis jouent évidemment un rôle considérable.
En elle-même la constitution de l’Unasur semble un défi. Revendiquant l’idée d’une intégration régionale, ce bloc commercial en puissance représenterait un territoire de 17,7 millions km2, et une population de 384 millions d'habitants. Son objectif affiché, continuant les efforts de Mercosur et de la Communauté andine, consiste à abattre progressivement les barrières douanières intérieures. Mais au nom de "l’identité sud-américaine" elle tend aussi à empêcher le développement du libre-échange panaméricain proposé par Washington depuis 1990.
Fonctionnant selon le principe de la présidence tournante sa présidente initiale, Mme Bachelet laisse désormais la place au chef de l’État équatorien, M. Correa homme lige du Vénézuelien Chavez.
Or, celui-ci a imaginé de politiser les réunions sud-américaines. Correa n’a pas hésité à reconnaître que, selon lui, l'Unasur représente "une option politique". Les partisans de la "révolution bolivarienne" ont donc résolu de se servir de cette tribune pour mettre en accusation le gouvernement colombien, et pousser à un conflit continuant l’agression terroriste du soutien, apporté par le Venezuela et l'Équateur, aux fameuses FARC lesquelles contrôlent le marché de la drogue.
Et comme le président colombien Uribe a établi un protocole de coopération avec les Etats-Unis pour lutter contre les narcotrafiquants le but excessivement clair de Chavez consiste désormais à dresser ses partenaires contre les méchants Yankees.
Le gouvernement de Bogota a donc décidé de ne pas participer à la réunion au niveau des chefs d’États, se contentant d’envoyer à Quito des observateurs.
Le deuxième satellite de Chavez en Amérique du sud, le Bolivien Evo Morales a demandé à l'Unasur de "condamner fermement l'éventuel déploiement de soldats américains dans les bases colombiennes". On rappelle à ce sujet, qu'il s'agit, ici, de condamner d'avance une "éventualité" démentie par les autorités d'un pays dont on prétend sauver la souveraineté, en violant son territoire…
Au contraire, la présidente argentine, Cristina Kirchner, s'est inquiétée de cet "état de belligérance non déclarée et inacceptable" dans la région, fomenté par les émules de Castro
De son côté, le chef d’État brésilien, Lula da Silva, a souligné l’importance d’une prochaine réunion qui doit se tenir le 24 août à Buenos Aires. Et il demande que les représentants colombiens y participent.
Globalement, Chavez et ses deux partisans n’ont pu obtenir que la déclaration de Quito du 10 août aille au-delà de la coopération technique qui se développe certes dans les domaines de l'énergie, de l'économie, de la santé et de l'éducation.
Au plan politique, il a été simplement convenu de protester platoniquement contre l’intervention des militaires au Honduras.
Protester contre ce putsch du Honduras fait désormais partie de la panoplie mondiale du politiquement correct. On doit cependant comprendre que l'opération visait seulement à entraver les violations de la constitution de ce petit pays d’Amérique centrale par son président actuellement en fuite Manuel Zelaya, élu sur un programme de centre-droit puis rallié à Chavez.
Or, il faut noter un changement de ton de Washington à ce sujet. Mme Clinton a cru bon à plusieurs reprises, depuis le début de juillet, de se joindre au chœur des bien-pensants condamnant ce putsch.
À Guadalajara, au contraire, où se tenait la deuxième réunion "continentale", ce 10 août, entre les 3 pays de l’ALENA, les États-Unis, Canada et Mexique le président américain semble avoir pris la mesure du danger, continental sinon mondial, représenté par Chavez, successeur officiel de Castro.
Le discours prononcé par Obama dénonce en effet "l’hypocrisie des critiques de certains en Amérique Latine, y compris Manuel Zelaya, qui ont accusé les USA de faire trop peu pour obtenir du gouvernement de fait du Honduras le retour au pouvoir de Zelaya". Car il remarque : "ce sont les mêmes critiques pour qui les USA ne sont pas intervenus suffisamment au Honduras, les mêmes qui affirment que nous intervenons tout le temps et que les Yankees doivent éjecter d’Amérique Latine".
Au moment où se décidait l’intervention américaine en Irak, on pouvait juger que cette opération risquait de laisser de côté les progrès de la subversion en Amérique latine. Le retrait en cours annonce-t-il au contraire un renforcement de la lutte contre le castrisme, incarné aujourd’hui par Chavez, et contre les narco terroristes des FARC ? On peut le penser
Et l’Europe, plutôt que de se laisser manipuler par le tiers-mondisme à la sauce latino-américaine, devrait même, assez certainement, le souhaiter.
JG Malliarakis
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