Tout d'abord le rédacteur en chef des Échos faisait remarquer que le modèle français dont on se gargarise mérite examen. Or, il ne vaut guère le détour. Sorti de Paris, des grandes villes, et de leurs banlieues si attirantes, personne ne semble vraiment admiratif.
Il est vrai qu'on lit les choses les plus étonnantes pour qualifier cette réglementation économique et sociale tatillonne qui taxe si impitoyablement le travail français, étouffant la libre entreprise. Tel hebdomadaire, classé à droite, fait dire à Mme Marie-Anne Montchamp, député UMP et rapporteur du budget de la sécurité sociale à l'Assemblée nationale, à propos du déficit de ce système : "il faut sortir du cadre ultra-libéral qui prévaut" selon elle, ou plutôt selon son interlocuteur (2).
Ce que M. Seux souligne avec pertinence va exactement à l'inverse de cette analyse et au rebours de la partie économique du propos présidentiel du 22 juin. Il remarque que notre modèle hexagonal génère, depuis des années, un taux d'emploi très faible et des finances publiques particulièrement dégradées.
Or, en relisant le propos de référence on se demande en fait si ces deux conséquences, loin de constituer de simples dommages collatéraux, ne correspondent pas tout simplement aux buts recherchés.
Le désir d'inactivité des Français pourrait dès lors s'expliquer par goût de l'oisiveté. Tout simplement. Finis les sales boulots : on les laisse aux immigrés. Et "place aux jeunes", les vieux ont mieux à faire que de continuer à trimer. On verra bien les conséquences plus tard. Et d'ailleurs les générations montantes commencent à les entrevoir effectivement.
Mais nos responsables politiques ont reçu 5 sur 5 un autre message. À vrai dire il courrait depuis plusieurs années : on recherchera aussi désormais le gaspillage pour le gaspillage, et le déficit pour le déficit. Ce "bon", que dis-je ce "bon", cet excellent déficit qui "finance" l'avenir. Un progrès considérable de l'esprit humain n'a-t-il pas aboli en 1867 la prison pour dettes ? Encore une grande conquête bonapartiste.
Lorsque le plan Juppé, claironné en 1995, annonça la mise en place de l'aberrante CADES, supposée financer la dette sociale, je me risquai dans Le Légitime, organe du CDCA à une ironique hypothèse, vaguement orwellienne. J'imaginai sans trop y croire, l'apparition d'un concept fou de "dette ferroviaire".
Eh bien peu de temps après, et juste avant de se voir balayer par les électeurs en 1997, ce gouvernement mit effectivement en place le dispositif qui me semblait incroyable. Il profita de la séparation des infrastructures, attribuées à RFF créé pour la circonstance, et de la gestion maintenue à la SNCF, société "nationale" inventée en 1937 par le gouvernement Chautemps.
Et pour permettre à la technostructure du monopole historique, actuellement pilotée par M. Pépy, de continuer à jouer aux trains électriques, tout en dégradant son propre service, et à commander des belles locomotives à Alsthom, on imagina de faire peser le handicap des déficits cumulés de l'exploitation, constituant la "dette ferroviaire", à l'entreprise chargée de développer les lignes et de financer leur entretien.
Mais qu'importe n'est-ce pas ? Quand on aime, on ne compte pas. Et comme tout Français normalement constitué adore le chemin de fer, le contribuable a le devoir d'en couvrir les erreurs de gestion.
Et puis la crise permet toutes les folies interventionnistes. On a ainsi choisi d'aménager le prolongement du TGV Paris-Marseille jusqu'à Nice en passant par Toulon. Il est probable que cette ligne coûtera entre 15 et 20 milliards d'euros. Du pur délire, mais le tracé choisi, à défaut de rentabilité, correspond aux aspirations écologiques, au Grenelle de l'environnement, etc. On fera réaliser Paris-Nice en train en 3 h 50. Comme toutes les liaisons ferroviaires de plus de 3 heures, elle coûtera plus cher que l'avion, et durera plus longtemps pour un trajet moyen porte à porte. Aucun intérêt véritable.
Le contribuable payera la différence. Comme d'habitude. Modèle français oblige. On ne va tout de même pas laisser le festival de Cannes orphelin du TGV.
Vous dites que l'Europe pourrait bien ne pas trouver normal, à la fin de la crise qu'un pays fondateur crève ses plafonds d'endettement, de déficit, etc. Qu'importe l'Europe, à 7 % de Produit intérieur brut de déficit, 40% du budget de l'État, "on est les champions", et "on" entend bien le rester.
Apostilles
- Dans sa Chronique économique sur France Inter à 7h22.
- Cet entretien franchement consternant à été publié par Minute le 1er juillet 2009. À dire vrai la citation qui sert de titre à l'article, tout en nous laissant rêveur, "ennoblit" plutôt le discours. Les propos de cette élue du Val-de-Marne relèvent d'un handicap mental tel qu'on en rencontre rarement dans le plus affligeant des cafés du Commerce. Nous n'osons pas les reproduire ici par respect de nos lecteurs.
JG Malliarakis
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Un "Cahier de l'Insolent" consacré à "La Question Turque" paraîtra le 15 septembre. Il formera un petit livre de 128 pages et coûtera 10 euros à l'unité. Conçu comme un outil argumentaire, contenant une documentation, des informations et des réflexions largement inédites en France, vous pouvez le commander à l'avance, au prix franco de port de 8 euros (valable jusqu'au 31 août expédition le 15 septembre) pour un exemplaire, 35 euros pour la diffusion de 5 exemplaires. Règlement par chèque à l'ordre de "l'Insolent" correspondance : 39 rue du Cherche Midi 75006 Paris.
Vous pouvez écouter l'enregistrement de cette chronique sur le site de Lumière 101
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Salut JGM
tu imaginais une dette ferroviaire comme une provocation et bien tout enfant je me souviens d'un parent me disant que l'état pourrait nous faire payer un impôt sur l'air que l'on respirait... Il ne savait pas que cela se réaliserait .Les ... ça ose tout ,c'est même à ça qu'on les reconnait
Rédigé par : gazzola | vendredi 03 juil 2009 à 11:05
Le délire est à son intensité maximale et je crois que Fillon a de mauvaises vibrations qui le font se "dédouaner" pour la suite imparable : une banqueroute floue à la remontée des taux monétaires exigée par l'Allemagne pour brider l'inflation renaissante et provoquée par les "relances" des secteurs obsolètes.
A quand les voyages périodiques du ministre français des Finances au FMI à Washington ? Comme sous la Quatrième...
Rédigé par : Catoneo | dimanche 05 juil 2009 à 00:36
Réformes et ruptures : deux ans………………..Déjà ?
Ce que les Français aimeraient donc entendre sortir de la bouche du Président, c'est l'assurance d'une mise en oeuvre immédiate des réformes structurelles s'il ne veut pas, en 2012, n'avoir présidé qu'un quinquennat blanc. Le grand danger c'est que le président face à la crise et aux résistances multiples : soit un Chirac en plus jeune !
Ces réformes structurelles, de plus en plus urgentes sont en priorité les suivantes :
Une réforme drastique de l'Etat providence.
La réforme généralisée de la fiscalité.
La réforme d'une sécurité sociale en voie d'implosion.
Avec notre droite très "sociale" qui n'a pas eu le courage de faire des réformes radicales résultat : notre pays décline. En France, le libéralisme politique, sociétal est admis comme une valeur républicaine. Le libéralisme économique mondial est avec la crise le bouc émissaire facile, responsable de tous nos malheurs!
Ruptures et réformes nécessaires au vu de la situation économique de notre pays. Cela, pour terrasser notre trio infernal : prélèvements énormes, impôts très lourds et dettes abyssales. Fruits amers de nos déficits à répétition.
Déficits qui détruisent, depuis trois décennies, notre économie et nos emplois. Plus de 60 chantiers de réformes qui, forcément fâchent les publics concernés* et inquiètent notre sphère publique. Néanmoins, elles sont Indispensables pour que la France entre dans la compétition mondiale en force, avec ses atouts, débarrassée des contraintes fiscales et réglementaires qui la font régresser. L'addition des divers "NON" politiques, syndicaux aboutit, au final, à un résultat qui affaiblit notre pays.
Souvent ces réformes à minima qui sont vidées de leur substance donc de leur efficacité, par un gouvernement tétanisé par la peur de la rue, des députés peu courageux, des sénateurs conservateurs, une haute administration qui freine et pervertit les décrets d'application, voir ne les mets pas en application. Une honte pour notre représentation nationale ! 40 % des lois votés ne sont jamais appliquées !
Les multiples petites réformettes mises en place par notre gouvernement donnent donc naturellement de petits résultats. Ce qui rend les Français, déjà démoralisés, impatients et septiques vis a vis de la classe politique. Elles vont dans le bon sens, mais une véritable rupture se fait attendre.
Seule une réforme fiscale radicale peut nous sortir du dragon tentaculaire qui paralyse notre économie, démoralise nos concitoyens, ruine nos enfants.
Pour faire face aux problèmes de la France, la réduction des dépenses publiques est indispensable ! c'est pas au programme ?
Avec, en plus, une lutte féroce contre les 120/150 milliards de nos folles dépenses inutiles. Gabegie aggravée par une gestion calamiteuse étatique et des fraudes fiscales et sociales ! Fraudes facilitées par notre assistanat dispensé par des organismes multiples, coûteux et non coordonnés.
En résumé, l'état devrait exercer avec rigueur ses fonctions régaliennes (ce qu'il ne fait pas) et redonner aux citoyens la liberté d'entreprendre (ce qui est difficile) avec nos contraintes fiscales, des charges sociales très lourdes aggravées par un secteur publique excessif.
* des taxis aux grands professeurs des CHU en passant par l'ensemble des sphères publiques, etc….
Rédigé par : gele | lundi 06 juil 2009 à 12:47