...le fiscalisme passe aux aveux
Personne ne comprend vraiment, à ce jour, comment pourra s'organiser la fameuse taxe carbone. Comme tout projet arbitraire qui se respecte on en confie l'étude à une personnalité, classée de préférence à gauche, officiellement retirée de la vie politique, et surtout, totalement coupée du peuple. Réunissant toutes ces qualités, Michel Rocard s'imposait donc pour présider le comité des "experts" chargés de concocter ce serpent de mer.
Ne cherchons pas à ternir le brillant du personnage. Parmi ses trouvailles, on lui doit l'idée d'une candidature Coluche à l'élection présidentielle. Elle eût remporté un franc succès, sans la concurrence déloyale d'un certain politicien nommé Mitterrand et qualifié d'archaïque en 1980 par notre admirateur de l'autogestion yougoslave (1).
Plus malencontreusement, hélas, l'ancien chef du PSU (2), pur produit de l'Inspection des finances inventa en 1990 la CSG. Celle-ci est devenue, au fil des augmentations de taux, le premier impôt direct prélevé sur le travail et l'épargne des Français. Elle coûte aux contribuables quelque 80 milliards d'euros.
Disons que M. Rocard représente la quintessence de l'énarchie. Et ce système de gouvernement transcende, au moins en apparence, la droite et la gauche. Le bas peuple est prié de s'incliner quoi qu'il advienne. Et toute mobilisation d'une opinion contraire à ce que décrètent nos technocrates se voir étiquettée "populiste". Qu'un ministre comme Borloo ose même s'exprimer (3), on se demande de quoi il se mêle.
Voici donc venir le règne de la "taxe carbone". Elle frappera, dit-on, toute consommation d'énergie fossile, à proportion de son émission supposée de dioxyde de carbone. On cite : le pétrole, le charbon et le gaz. Cette énumération laisse de côté le chauffage au bois, la houille blanche plus quelques bribes d'éoliennes et de fours solaires. Elle semble épargner aussi l'électricité nucléaire. Les écolos des années 1970 se sont donc franchement battus pour rien.
En réalité de manière extrêmement claire dans cette affaire on est surtout en train de mettre en place "l'impôt pour l'impôt" assorti de dérogations mises en place pour le plaisir de montrer que l'on peut en établir de nouvelles, créant de nouveaux petits privilèges riquiqui.
Le fiscalisme français doit être analysé à la fois comme pratique et comme doctrine.
Et, avec ce nouveau projet de taxation, il révèle son véritable jeu. Il abat en quelque sorte ses cartes.
L'impôt prétend habituellement correspondre à la nécessité de financer des besoins collectifs, en répartissant la charge sur els ressources des particuliers. Nous nous trouvons à cent lieues de cette logique: on cherche ouvertement à rééduquer par la contrainte financière les comportements des individus.
Or, de l'aveu général, la somme de ce qu'on appelle les prélèvements obligatoires a atteint, dans notre pays des limites, que l'on ne devrait, en aucun cas, dépasser. Ceci fait désormais consensus, du moins en théorie.
Mais une arithmétique simple contredit, dans les faits, cette doctrine. Quand la valeur de la matière imposable stagne, du seul fait du coup d'arrêt de la croissance, et quand on déclare irrésistible la progression des dépenses étatiques ou sociales, on s'inscrit dans une perspective de hausse du taux global des prélèvements. Les comptes publics officiels de la période actuelle, qu'on nous délivrera savamment dans deux ans, confirmeront cette évidence élémentaire.
Avec plus de 53 % de dépenses publiques rapportées à son produit intérieur brut la France supporte le plus fort taux d'étatisme des grands pays industrialisés. Or en dépit de ce que MM. Fillon et Woerth et leurs services appellent "un effort sans précédent de maîtrise de la dépense", le budget général de l'État inscrira cette année un montant de dépenses en hausse de 2 % atteignant 349,8 milliards d'euros. Il convient d'ajouter les dépenses de la loi de financement de la sécurité sociale. Elles se montent à 407 milliards en 2007, 424 milliards en 2008, passant à 442,2 milliards d'euros en 2009 (4). Se greffe la part des dépenses des collectivités locales non financées par l'État.
Avec un déficit colossal en 2009, le seul objectif raisonnable devrait donc tendre désormais à baisser les impôts, d'une part, et par conséquent à baisser, d'autre part, deux fois plus vite sans doute les dépenses stériles de l'État, des caisses sociales, etc.
Le poids des 469 "niches" fiscales est estimé à plus de 69 milliards. Les exonérations "sociales" sont plus difficiles à évaluer honnêtement puisque l'État ne respecte pas la loi.
Aucune volonté sérieuse de redressement des finances publiques ne peut plus contourner l'idée de la suppression de ces niches, dans leur intégralité, assortie d'une baisse des taux d'imposition correspondant.
Or sur chacune de ces pistes la taxe carbone tourne le dos au bon sens.
Elle aggravera inéluctablement, et quoi qu'on en dise, la pression fiscale.
Elle la rendra encore plus dérogatoire.
Et elle induira des dépenses étatiques nouvelles, gérées par d'incertaines bureaucraties, qu'aucune piste d'économies ne viendra compenser.
Tout cela se veut un hommage à la plus grande gloire de la Déesse Planète. Cette résurgence imprévue, inavouée, mais subventionnée de la religion de Gaïa me semble en contradiction avec la définition légale de la laïcité : la république ne reconnaît et ne salarie aucun culte.
Apostilles
- cf. sa préface en 1973 de "L'autogestion à l'épreuve" par Milojko Drulovic
- Poursuivant sa carrière à l'Inspection des Finances, Rocard n'apparaîtra sous son nom au sein du PSU qu'en 1967, en devenant le secrétaire général du parti. Son heure de gloire fut atteinte en 1969 où il totalisa 3,7 % des voix à l'élection présidentielle. Il sera mis en minorité et quittera le PSU en 1974.
- cf. le Journal du Dimanche du 5 juillet
- lire tout simplement la présentation par M. Woerth projet de loi PLFSS n°1157 tel que déposé en octobre 2008, voté puis promulgué en décembre, rectifié par le conseil constitutionnel en janvier : les dépenses sont toujours les mêmes.
JG Malliarakis
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Vous pouvez entendre l'enregistrement de cette chronique sur le site de Lumière 101
Sur Lumière 101 aujourd'hui :
La suppression des niches fiscales pour redresser le budget de l'Etat ?
Oui. Et pourquoi pas aussi supprimer les aides aux entreprises, totalement inutiles.
Elles ne sont qu'effets d'aubaines pour une minorités de sociétés qui auraient de toute façon trouvé de l'argent pour monter leurs projets.
En contrepartie, on allègerait les charges de toutes les entreprises.
Rédigé par : G. Duchemin | lundi 06 juil 2009 à 13:23
Je ne suis pas peu fier de constater que mon idée de la déesse planète est partagée par mes frères orthodoxes...; mais à quoi bon râler si ce n'est pour soupirer avant le nouveau mal!
Je vous l'avais dit il y a longtemps : nouveau péché, nouveau châtiment, à la gloire des rédempteurs! Plus dure sera la chute de ces orgueuilleux qui sont si sûrs de leur fait qu'ils n'en démordent point et traînent les pauvres moutons carbonifères dans leur sillage nauséabond de naphteries et autres dérivés du progrès!
Le progrès, voilà l'ennemi!
Moi, j'veux pas qu'ils nous polluent l'esprit de leurs vengeances!
Moi, j'veux pas qu'on dise aux gens qu'ils sont de trop sur la terre!
Moi j'fais de la propagande tout autour de moi pour tenter de déconditionner les gens de cette idiotie spoliatrice dont nous supportons depuis trop longtemps l'œuvre culpabilisante!
Moi, j'lis l'Insolent pour être moins c...
Et les copains affiliés.
Moi, j'veux rester moi, et je les em...bête?
A quand la taxe sur le gaz carbonique que rejettent par leurs slogans les manifestants et les impénitents bavards?
Rédigé par : minvielle | lundi 06 juil 2009 à 13:27
Le pire : le réchauffement climatique n'est qu'une escroquerie qui facilite la création de nouvelles taxes à nos dirigeants... c'est ce qui ressort de plus en plus des expertises indépendantes.
Ce qui ne veut surtout pas dire que il ne faudrait rien faire en matière de pollution et de réduction de la consommation d'énergie !
Rédigé par : sfourne | mardi 07 juil 2009 à 15:58
Et une taxe de plus sur l'essence, qui en comporte déjà pour au moins 80 % !
Ne serait-il pas plus simple d'interdire aux ouvriers d'utiliser une voiture ou un engin à moteur, afin que le beau monde puisse circuler commodément en Rolls, Bmw 4*4 etc ? Plus d'embouteillages pour aller à Deauville ou à St Trop', bien moins de Co2... Que des avantages !
Rédigé par : Omer | dimanche 12 juil 2009 à 12:41