Disons d'abord qu'on s'en tiendra cependant ici et ce matin à la politique hexagonale, la seule [à peu près] lisible par les citoyens et contribuables, et plus encore par nos journalistes, comme de nos politiciens. Le point théorique le plus faible de la construction bruxelloise, qu'il faut néanmoins tenir pour nécessaire, tient en effet à cette fiction de l'existence d'un seul peuple européen, là où nous devrions voir d'abord une famille de nations.
Or dans ce contexte, qui ne se verra pas corrigé dans le courant de ce printemps, un nombre assez impressionnant de paramètres inédits caractériseront la cuvée millésimée 2009.
Tout d'abord, très paradoxalement, on doit noter une immense indifférence. Des prévisions d'abstention massive circulent au gré de sondages, alarmants quant à la légitimité des institutions elles-mêmes. On notera à cet égard que le parlement de Strasbourg est supposé investir le président et la Commission de Bruxelles. Le conseil formé des chefs d'États et de gouvernements doit choisir ce qui deviendra l'exécutif de l'Union en fonction de la majorité de l'assemblée : que se passe-t-il si les populations consultées ont dans la pratique refusé de se prononcer ? Devra-t-on tenir un tel résultat pour un succès de l'inévitable, de l'irremplaçable, de l'indiscutable M. Barroso ?
Et en même temps, si nous accordions au parlement l'importance qu'en théorie constitutionnelle il devrait manifester, les enjeux, de toute nature, relatifs à la Grande Europe pourraient se révéler plus importants encore que lors des mandatures précédentes.
Et, en parallèle, le déploiement médiatisé de grandes peurs mondialisées pourrait justifier le désir d'une affirmation européenne plus forte. Ceci vaut aussi bien pour les retombées économiques d'une crise techniquement boursière que pour le risque épidémiologique lié aux monstrueuses mégalopoles du tiers-monde dont la propagation de la grippe porcine nous offre un avant-goût. Il paraît peu probable cependant qu'on assiste à une telle prise de conscience au cours des brèves semaines à venir, hachées de ponts vacanciers.
Plus prosaïquement, au quotidien, tous les Européens pourraient entrevoir la nécessité d'une coopération plus étroite en matière d'immigration illégale, de sécurité ou de défense. Dans de tels domaines, on peut mesurer la perte de crédibilités des États réputés souverains à leur impuissance solitaire et pratique.
Dans le jeu politique strictement hexagonal, la vraie question semble bien celle du vide généralisé des programmes, des partis et des têtes d'affiches. Un découpage parfaitement artificiel des circonscriptions ne peut que produire une plus grande occultation.
Mathématiquement tout cela favorise le parti gouvernemental. Il part de son résultat extrêmement bas de 2004, moins de 17 % des voix et 17 sièges. Or la plupart de ses concurrents semblent en perte de vitesse, notamment pour des raisons internes. Profitant de ce désert, il pourrait présenter comme triomphale une confiance qui, pourtant, se limiterait à quelque 25 % des suffrages exprimés, à partir d'une participation de moins de 50 % des électeurs inscrits, l'abstention s'étant élevée à 59 % en 2004. Ceci reviendrait paradoxalement à dire que la majorité s'identifie au quart de cette moitié, c'est-à-dire au huitième, peut-être au dixième, du corps électoral.
Pour toutes ces raisons, je crois nécessaire avant tout de sortir du train-train lénifiant politiquement correct. Il conviendra de saisir toutes les occasions de poser à nos hommes politiques les questions qui fâchent.
En présence de celles-ci il faudra obtenir les engagements les plus fermes possible, notamment lorsqu'ils tiennent aux négociations d'adhésions, élargissant l'Europe d'une manière inconsidérée, prématurée, non voulue ou tout simplement extra-continentale.
Les promesses vagues n'étant guère tenues, on ne s'en contentera pas. On insistera pour en obtenir de précises, opposables dans l'avenir aux reniements futurs. Et ceci m'amène évidemment à souligner combien crucialement nécessaire se révèle la réponse simple à une question réputée complexe, celle de la candidature de la Turquie comme membre à part entière l'Union européenne.
Le peuple n'en veut pas. Les démocrates doivent dès lors s'incliner.
Vox populi, vos Dei.
JG Malliarakis
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Non possumus! et toc!
Rédigé par : minvielle | lundi 27 avr 2009 à 13:08