Ces jours-ci commence, dans les pays d'élevage ovin, la tonte des moutons. Excellente occasion pour parler de la fiscalité française. Or, il circule en ce même moment sur la toile des milieux libéraux, à la fois un document, et, à partir de celui-ci une interrogation, suscitant elle-même une sorte d'inoffensif petit débat.
Le premier est diffusé par un courant interne de l'UMP, appelé la droite libre. Son blogue le présente comme un "club de réflexion libéral-conservateur associé à l'UMP, présidé par Rachid Kaci, conseiller exécutif de l'UMP, conseiller technique à la diversité et la politique de la ville du Président de la République." On ne saurait donc le tenir pour mal intentionné à l'endroit des princes qui nous gouvernent.
Or, dans cet espace de libre expression intervient M. Emmanuel Sala. Il appartient, je crois, à un autre groupe de droite, appelé parti libéral démocrate. Et il écrivait en date du 6 avril 2009 le commentaire suivant que je trouve clair court et pertinent :
On est les champions ! (1)
Ainsi nous y sommes, la France est (triste record) le champion du monde des prélèvements obligatoires !!!
53 % du PIB, (54 % depuis les accords convenus avec les Antilles), sont ainsi prélevés chaque année, compte tenu des taux de prélèvement les plus élevés, tous pays confondus, ce qu'indique le graphique ci-dessous selon le classement 2009 de la pression fiscale établi par Forbes Asia.
En 2009, le budget de l’Etat sera en déficit de plus de 104 milliards d’Euros. Cela signifie que l’Etat dépense chaque année 25 % de plus que ce qu’il perçoit. Rapportés à chaque Français, ces 104 milliards représentent 1 500 euros. Depuis près de 30 ans, aucun budget de l’Etat n’a été équilibré.
A comparer avec la situation de 1980, quand un taux de 20 % faisait de la France un des pays les… moins endettés, et à celle de l'Allemagne d'aujourd'hui, qui, à PIB équivalent, dépense 15 milliards d'euros de moins que nous !
On pourra sans doute contester les approximations du dernier paragraphe. Je ne m'y attarderai pas.
M. Emmanuel Sala reprend tout simplement un tableau réalisé aux Etats-Unis par Forbes sous la rubrique "Tax Reform and Misery". Ce classement, pas totalement nouveau, tend à montrer en l'occurrence aux Américains que la réforme fiscale imaginée par Obama et ses conseillers risque de rapprocher les Etats-Unis des enfers fiscaux que sont la France, le pire de tous, la Belgique, la Suède, les Pays-Bas, l'Autriche… Eh oui, l'Autriche, citée à tort par ailleurs comme "paradis fiscal" ! Dans ce dernier pays, on rappellera à certains que le secret bancaire demeure la planche ultime de sauvegarde de l'économie individuelle. Dans cette liste, presque ex aequo avec notre Hexagone, on trouve aussi la Chine. Cet immense empire, nominalement communiste, devrait plus exactement être appelé esclavagiste. La clique créée à l'époque de Mao Tsé-toung sous l'appellation de parti communiste chinois ne sert plus qu'au maintien de l'ordre. Cette organisation autoritaire fonctionne au profit d'une sorte de caste politico-militaire ingénieuse. Elle s'intitule encore "armée populaire de libération" mais elle ne recrute pas du tout sur le modèle de la conscription. Servir dans ses rangs fait partie des privilèges réservés aux fils de la nomenclature. Et ce système a inventé le prodigieux marché de la sous-traitance proposée aux industriels et aux distributeurs de l'occident consommateur.
Pourquoi cette digression sur un pays que finalement on serait plutôt porté à aimer sinon pour son régime actuel, du moins pour sa culture millénaire ou sa cuisine ? Tout simplement parce que, au total, son taux d'esclavagisme fiscal ressemble à celui que gèrent nos énarques, 159 contre 167. Avec une différence. Les oligarques chinois pratiquent une ambitieuse politique de développement national : leurs homologues français détruisent au contraire leur pays avec allégresse.
Comment Forbes calcule-t-il ce taux, qui dépasse 165 pour la France contre 156 pour la Belgique, 139 pour l'Italie, 122 pour le Japon 85 aux États-Unis, 77 pour la Russie et 12 pour le Qatar ? M. Jack Anderson l'expliquait aux lecteurs de la revue le 26 mars (2) : il additionne tout simplement, fort honnêtement et légitimement, les pourcentages officiels des différentes taxes et charges.
Évidemment ce mode de calcul paraît discutable aux yeux des gens très sérieux qui pensent le libéralisme en France.
Peut-on additionner arithmétiquement ce qui mathématiquement fonctionne de manière différente ?
Doit-on accepter s'agissant de structures fédérales comme la Suisse, les États-Unis ou même l'Allemagne, de mettre sur le même plan l'Illinois ou le Delaware ?
Voila fait honneur au sens épistémologique de nos amis. Mais, on doit se rappeler aussi que le calcul de Forbes ressemble beaucoup aux modes de raisonnement de l'OCDE ou de l'INSEE que personne ou presque ne remet en cause.
Le point important me semble le suivant : en additionnant les taux de prélèvements sociaux et fiscaux, sur les entreprises et les personnes, plus quelques impôts mesquins auxquels Forbes n'attache guère d'importance comme les droits de successions, de mutations, de bourse, l'ISF, les taxes locales, professionnelles et autres nuisances, la France fait effectivement fuir ses investisseurs, ses créateurs et ses entrepreneurs, attirant surtout les affamés en quête d'assistanat.
Débattre sur la manière de comptabiliser, voilà sans doute une estimable préoccupation scientifique.
À côté de celle-ci, l'impératif civique consiste selon moi à attirer l'attention de l'opinion populaire sur la part du fiscalisme dans le déclin de la nation française et la paupérisation de ses habitants, un processus allant au rebours du développement. Sortir ce malheureux pays de son enfer fiscal s'impose de façon urgente si l'on entend enrayer la marche de sa tiers-mondisation.
Notes
- cf. Lien permanent de l'article d'Emmanuel Sala
- cf. Lien permanent de l'article de Forbes
JG Malliarakis
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16.3.2009 Des bandes de barbares et autres organismes nuisibles
15.3.2009 Obama a fait un pas de clerc au profit de Fidel Castro
9.3.2009 Katyn le poids historique du mensonge et du crime
8.3.2009 Katyn un film magnifique de Wajda
7.3.2009 Khmers rouges impunis gauchistes arrogant
À lire en relation avec cette chronique
Le titre de ce livre bleu "Pour une libération fiscale" en fait une réponse au livre rouge de l'équipe de gauche dirigée par Thomas Piketty "Pour une révolution fiscale". Paru en 2012, il soulignait alors les voies de réformes possibles de l'archaïque fiscalité française, appelant à une réduction de la dépense publique, quise révèle d'autant plus nécessaire 10 ans plus tard. Un livre de 202 pages au prix de vente 20 euros port compris.••• Les lecteurs de L'Insolent peuvent le commander : - par carte bancaire sur la page catalogue des Éditions du Trident - ou par un bon de commande à nous adresser avec un chèque de 20 euros à Éditions du Trident Publications JG Malliarakis 28 rue Le Sueur 75116 Paris -- Tel : (+33) 06 72 87 31 59.⇑
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Cher Monsieur Malliarakis, vous prêchez l'allégement fiscal et la fin des hostilités contre l'entreprenariat depuis que je vous lis.... Qui ne vous écoute? Peu... mais l'ogre étatique s'enivre de ses spoliations, et nous insulte tous les jours... des rois et des mendiants, voilà leur projet. Comment les entendre encore et les respecter?
Rédigé par : minvielle | lundi 20 avr 2009 à 14:55
Sur la nature "mauvaise" des hommes, pour répondre à mes "contradicteurs" de gauche qui plébiscitent l'hyper intervention étatique à forte connotation socialiste.
L'échec des mouvements marxistes n'est-il pas dû à l'impossibilité de contrarier durablement la nature profonde des êtres humains, par la propagande (éducation) ou par la force ? La révolution, un régime despotique imposé par une fraction de la société à la société toute entière, cela pour la création mythique d'un homme, nouveau, idéal ! Folles illusions à l'exemple des paysans spoliés de leur terre, qui ne produisent plus (kolkhoz, sovkhoz) avec au final la pénurie, la famine…... Réalités mondiales cruellement vécues en URSS, Chine, Afrique et autres malheureux pays.
Aller contre la nature profonde de l'homme, n'est-ce pas inévitablement s'acheminer vers une dictature ? La solution n'est-elle pas d'établir démocratiquement un cadre législatif du vivre ensemble, avec la liberté comme guide ? La pensée libérale est irréversible car inscrite dans l'esprit des hommes. Liberté politique et économique, dans un cadre régulier, républicain, avec des règles sociales viables. Une société libre, dans une économie libérée ce qui a toujours été source de progrès, de responsabilité, de solidarité, financée avec le fruit de notre travail, l'épargne, l'investissement productif, et de justes profits.
Le socialisme et le communisme sont fondés sur l'idée d'égalité, mais se soucient peu de liberté. Ce sont des tyrannies pires que celle du système capitaliste libéral qui, fondé sur l'individualisme, contient au moins en germe la liberté. Les gauches fondent un état tout puissant et veulent rendre tous les hommes égaux sous ce monstre. Dans la réalité, c'est l'hypocrisie, le mensonge, car il se crée une nomenklatura étatique à vie : dirigeants, hauts fonctionnaires, sphères publiques qui s'octroient postes, privilèges, rentes de situation……
En 2009, la dictature en France ne menace plus, elle survit en version douce : lois liberticides, réglementations, lourds prélèvements, impôts confiscatoires, multiples taxes. Spirale interventionniste au nom du stupide "principe de précaution" qui brime le progrès, brise les énergies, étouffe la croissance et anéantit l'esprit de responsabilité.
De fait, dans ce régime du ni ni, dans cette société figée sur les "acquis" des uns, "l'exploitation" des autres, il n'y a plus aucun espoir. C'est la parfaite réalisation de l'enfer sur la terre où les hommes devraient être tous égaux ! Le but du socialisme rampant, au sens large, ce n'est pas d'élever le travailleur, mais de rabaisser le "riche". Sous la pression du NPA, le PS de 2009 du "A gauche toute" prône un nouveau modèle, avec l'idée qu'un autre monde est possible ! Qu'il faut créer ! Dit en choeur l' l'extrême gauche !
Mais existe-t-il vraiment un système de remplacement ? S'il existe, je ne le connais pas. La nature humaine se compose de deux éléments : les instincts naturels et les instincts sociaux, le sentiment humain le plus élevé de tous, celui de la fraternité dans un idéal commun. Hélas, les nobles idéaux d'une gauche marxiste se sont écroulés avec la chute du mur de Berlin. Il n'y a en effet que deux visions possibles de la société : une vision libérale et une vision constructiviste. Ces deux visions sont absolument incompatibles. C'est le débat idéologique de notre France en crise !
Ce qui me fait dire que, pour moi, l'homme est naturellement BON, malgré les horreurs, les guerres, les fanatismes religieux et politiques.
Quand les hommes auront compris que la liberté est le bien suprême et que c'est seulement dans la liberté que nous pouvons être tous égaux : égalité en droit et en dignité seulement, car la nature humaine, le talent, la chance feront toujours des différences entre les hommes.
Réflexions, librement inspirées par la lecture du livre de Fernando Pessoa : Le Banquier Anarchiste. Publié en 1922, et très librement interprété.
Rédigé par : gele | lundi 20 avr 2009 à 16:12
Enfer fiscal que notre beau pays, c'est entendu avec 54%.
Mais par ailleurs, on nous explique que la France reste parmi les pays les plus attractifs pour les investissements étrangers.
Je me dis alors que ce sont tous simplement nos fleurons qui sont rachetés par les étrangers, et que ce qui correspond à une perte de substance en vérité, se trouve comptabilisé comme un investissemnt : on vend les bijoux de famille, et cela tomberait du côté des investissements.
Bien.
Mais ce seul phénomène explique-t-il ce bon classement à lui seul (etaquel cas, de quelle ampleur incroyable est-il !) ou bien y a-t-il quelque chose d'autre ?
quelque chose d'autre qui m'échappe.
Une idée ?
Merci
Rédigé par : ptarif | lundi 20 avr 2009 à 22:40
La liberté comme solution à nos maux, c'est comme le remède contre la maladie. Un excès dans le dosage et c'est la mort !
Si la liberté, à laquelle, sauf erreur de ma part, tous les hommes aspirent, était la solution,il y a longtemps que nous vivrions le paradis sur terre. Cherchons donc l'erreur. N'est-elle pas dans le fait que les hommes ne sont pas suffisamment mature pour user correctement de la liberté et ceci depuis... Adam et Eve. Il nous faudrait donc penser et agir avec plus d'humilité et recourir, tant aux conseils qu'aux directives du Père. Cela, nous l'avons oublié...pour notre malheur!
Rédigé par : Lamieh | mardi 21 avr 2009 à 13:07