Enfer fiscal que notre beau pays, c'est entendu avec 54 % [de prélèvements].Il me semble particulièrement intéressant d'explorer cette question, car nos technocrates, c'est-à-dire aussi bien nos statisticiens, nos syndicalistes du ministère des Finances, nos idéologues du fiscalisme et nos énarques répandent toujours cette illusion de l'attractivité de la France, en la mesurant à l'aune des additions hétéroclites de ce qu'on appelle globalement des investissements étrangers.
Mais par ailleurs, on nous explique que la France reste parmi les pays les plus attractifs pour les investissements étrangers.
Je me dis alors que ce sont tout simplement nos fleurons qui sont rachetés par les étrangers, et que ce qui correspond à une perte de substance en vérité, se trouve comptabilisé comme un investissement : on vend les bijoux de famille, et cela tomberait du côté des investissements.
Le sophisme consiste à nous dire : vous voyez bien que le concept d'enfer fiscal ne s'applique pas à notre beau pays puisque des étrangers continuent d'acheter sur la Côte d’Azur et mêmes à se porter acquéreurs d'entreprises dans l'Hexagone.
La CNUCED Conférence des nations unies sur le commerce et le développement, organisme international créé en 1964, évalue les investissements étrangers en France, pour 2008 à 114 milliards de dollars contre 158 milliards en 2007. Ceci place ce pays au deuxième rang mondial, ex aequo avec le Royaume-Uni et après les États Unis. Au sein de l'Union européenne, il absorbe désormais plus de 20 % de ces investissements entrants. Et Bercy en tire argument, soulignant aussi la part de ces investissements dans la création d'emplois, etc.
Hélas cette insistance en elle-même à justifier cette tendance devrait inciter à plus de circonspection car qui veut trop prouver ne prouve rien
Sans contester en effet l'importance de ces flux, on doit mesure qu'ils agrègent des réalités d'ordre tout à fait différent, et d'interprétation contradictoire.
Nous nous trouvons en présence d'un concept plus trompeur encore que lorsqu'on manie les statistiques du commerce international, que Pareto et avant lui Bastiat ont si brillamment analysé.
Quand un groupe multinational décide de s'implanter en France parce que la main-d’œuvre, quoique chère, y témoigne d'un savoir faire, ou parce que l'entreprise rachetée vaut son prix, ou parce que Paris leur semble une bonne base de rayonnement vers l'Europe et même vers d'autres continents, ou au contraire parce que certaines régions délaissées par les décideurs nationaux centralisés méritent d'être prises en considération, parfait : voilà des signes positifs.
Quand la même opération se trouve assortie de subventions, d'exonérations, d'aides de l'État central, on doit évidemment se poser la question de ce qui se passe quand les soutiens artificiels disparaissent. Et bien souvent, chacun le sait, le merveilleux partenaire étranger disparaît comme par enchantement.
Quand une entreprise familiale se trouve contrainte de passer sous contrôle étranger parce que le paiement des droits de succession l'impose, et le cas n'est pas rare, la perte de substance nationale est indiscutable.
Autres types d'investissements : tout ce qui a trait à l'immobilier de prestige, aux résidences secondaires, aux châteaux historiques, aux propriétés viticoles : on ne peut pas les déplorer, mais rien n'indique qu'il s'agit d'un signe de santé de l'économie et de la société françaises, encore moins de la fiscalité.
Il serait nécessaire à ce sujet d'en savoir plus sur le bilan, 5 ans après ce type d'achats. Combien d'Étrangers ayant acheté un le bien le conservent.
Autre donnée : les achats effectués par certains dirigeants du tiers-monde avec l'argent de l'aide que nous allouons à leur pays mais qu'ils, détournent.
Que penser aussi des investissements des mafieux. Faut-il y voir un signe bienheureux ?
Autre questionnement : quand un Français d'origine s'expatrie fictivement, monte une société ou une fiducie à l'Étranger pour continuer à contrôler de manière fiscalement plus favorable ses activités comment apprécier et comptabiliser une telle opération ?
Pour toutes ces raisons, et quelques autres, je crois nécessaire de se montrer circonspect quant à l'enthousiasme autour de chiffres et de statistiques qui ne prouvent rien, et qui parfois même indiquent exactement le contraire de ce que voudrait nous faire croire la haute administration.
Je ne rejette pas totalement l'indice Forbes, mais je crois plus sérieux de mesurer le fiscalisme à la masse de la dépense publique, y compris la loi de financement de la sécurité sociale. Au-delà d'un seuil que nous avons dépassé depuis longtemps, il n'existe aucun moyen acceptable de financer le gaspillage de l'État. Et en cela, oui, la France doit être considérée un enfer fiscal. Et les Français qui le peuvent le fuient de plus en plus. Telle me semble, en toute honnêteté, l'incontournable vérité.
On évoque souvent le rôle de l'ISF. Cet impôt, certes stupide et pervers, génère, on le sait mais on ne le dit pas assez, environ 4 milliards de recettes mais également 8 milliards de pertes fiscales par émigration et peut-être 500 000 emplois perdus pour la France. Il faut se rappeler que, depuis sa première création en 1982 par Fabius puis sa restauration par Rocard il a provoqué le départ de quelque 200 milliards d'euros.
Mais on ne doit pas le tenir pour seul responsable de l'émigration annuelle de 233 000 Français, nombre en augmentation constante de + 4 % par an depuis 12 ans dont beaucoup de jeunes diplômés, une perte de capital humain irréparable. 29 % des intéressés déclarent dans les sondages ne jamais vouloir revenir en France. Or le nombre de ceux qui ne reviendront effectivement pas doit être considéré de toute façon comme encore plus élevé.
Que des Étrangers les remplacent ne devrait pas être tenu pour une victoire nationale.
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Habitant une région où les Anglais et les Belges ont beaucoup acheté de propriétés, je peux confirmer que les Anglais, notamment, sont très nombreux à revendre leurs propriétés au bout de 3 ou 4 ans, complètement affolés par le niveau des impôts locaux. Phénomène amplifié par la baisse de la livre.
Rédigé par : guy raynal | mardi 21 avr 2009 à 14:02
Trop marrante l'illustration..
Le texte ne l'est carrément pas du tout!
Je vais signer à l'étranger si ça continue..... mais je paierai mes impôts ici rassurez vous.
Bling!
Rédigé par : minvielle | mardi 21 avr 2009 à 14:52
L'émigration des courageux a commencé depuis longtemps.
Après les "cerveaux" en fuite, on voit maintenant des entrepreneurs ordinaires qui se lancent à l'étranger (hors Europe). Les boulangers ou les cuisiniers c'est assez commun. Mais ici, un jeune boucher apprend le chinois pour ouvrir son échoppe au coeur de Pékin ..., là c'est un jeune brocanteur qui s'installe à Burbanks (Hollywood). Tous savent qu'ils ne reviendront pas sauf en vacances revoir les parents abandonnés au pays.
L'écart de conditions d'exercice est trop grand.
Seuls les employés reviennent avec la crise car les firmes rapatrient et dégraissent, mais les petits entrepreneurs résistent ... là-bas !
Le flux croît d'une année sur l'autre.
Rédigé par : catoneo | mardi 21 avr 2009 à 16:01