Jamais, depuis 1945, les institutions mondialistes n'avaient enregistré une évolution aussi importante. Soulignons par exemple la composition de cette nouvelle instance, appelée à se réunir plus souvent. Elle éclipse les membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu, inchangés depuis la seconde guerre mondiale. Elle fait disparaître aussi le groupe des 7 pays industriels invention d'une autre catastrophe oubliée de l'Histoire de l'Humanité, Valéry Giscard d'Estaing.
Des montants astronomiques ont été cités par Gordon Brown. La somme mondiale, carottes et navets additionnés, des plans de relance, est évaluée à 1 100 milliards de dollars. On va multiplier par 3 les ressources du Fonds monétaire international qui passeront à 750 milliards. Rien de tout cela ne peut être considéré comme anecdotique.
D'autres orientations vont se révéler contraignantes pour les principaux pays à moindre fiscalité ou dont les banques respectent la confidentialité des informations relatives à leurs clients. Et cela va manifestement voir le jour, sans aucun rapport avec la crise de la haute finance, mais à la demande des enfers fiscaux.
Du point de vue de l'économie on s'interrogera éventuellement quant aux principales raisons structurelles de la situation. Elle couvait depuis deux ou trois ans, mais aucun des grands déséquilibres monétaires et budgétaires n'a été évoqué. L'assainissement des dépenses publiques ne correspondant pas aux idées à la mode, on ne s'en étonnera guère. On peut quand même s'en inquiéter.
Un seul type de commentaires à propos du G20 relève de l'aberration : et précisément un collectif d'associations s'est complu à le développer, comme s'il s'agissait d'une réunion anodine et sans conséquences.
Citons d'abord les principales organisations qui se sont accordées sur ce texte en date du 3 avril. Elles se sont réunies dans un groupe intitulé "le Collectif Nous ne paierons pas pour leurs crises".
On y trouve pour les plus connus : Attac, la Confédération paysanne, la CGT Finances, Droit au Logement, la Fondation Copernic, la FSU Fédération syndicale unitaire majoritaire dans l'Éducation nationale, le bon vieux Mouvement de la Paix remontant à l'époque soviétique, l'inévitable MRAP, le SNESUP de l'enseignement supérieur, le SNUI Syndicat national unifié des impôts et le syndicat SUD PTT, et ceci avec le soutien de partis politiques dont la liste dit tout : Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti de Gauche, Les Verts, et le Parti Communiste Français plus un ou deux réseaux de groupuscules.
Le PC semble bel et bien avoir cessé de constituer l'aile marchante du dispositif.
On remarquera par exemple que la seule branche "finances" de la CGT apparaît dans les signataires, sans doute tributaire du syndicat national unifié.
Or tous ces braves gens réunis déclarent :
"Un G 20 pour presque rienÀ l'international, on ne trouve guère que Ugo Chavez, pour tenir ce genre de discours et pour déclarer, explicitement, – depuis Téhéran – que :
(…) Le G 20, comme redouté, n'apporte aucune réponse à la crise globale qui frappe l'ensemble de la planète.
(…) La réunion du G20 de Londres ce jeudi 2 avril a accouché, comme nous le redoutions, de conclusions symboliques qui vont à l’encontre de la nouvelle dynamique globale souhaitée par les opinions publiques du monde entier.
(…) FMI, Banque Mondiale, OMC et Forum de stabilité financière, le G20 a choisi de structurer sa réponse à la crise autour de 4 institutions dont les politiques sont de longues dates dénoncées par la société civile pour leur impact négatif sur le développement et l’accès aux droits des populations du monde entier.
(…) L'opération cosmétique londonienne tente au contraire de redonner un peu de lustre à un système fondamentalement injuste et durablement discrédité."
"Les États-Unis et la Grande-Bretagne sont les plus coupables dans cette crise mondiale à cause du modèle financier qu'ils imposent depuis des années. Il est impossible que le capitalisme puisse réguler le monstre qu'est le système financier mondial. Il faut en finir avec le capitalisme. Il faut que cela cesse. Et nous devons prendre une route de transition vers un nouveau modèle que nous appelons le socialisme."Que Chavez passe pour un demi-dingue ne doit pas nous faire oublier qu'il fait tache d'huile en Amérique latine, qu'il dispose de fonds importants tirés de la vente de son pétrole et que, s'il se rendait en Perse, ce n'était certainement pas pour tailler les rosiers d'Ispahan.
Tous ces propos, en effet, ne doivent pas se mesurer à l'aune de leur cohérence encore moins à celle de leur pertinence.
Faut-il même se préoccuper de répondre ? On brûle du désir de remarquer, et je ne me priverais donc pas de dire, qu'en effet le G 20 du 2 avril n'a pas en quelques heures aboli au plan mondial la propriété privée des moyens de production et d'échange ni même préconisé le retour au programme commun de la gauche française de 1972.
Mais cette réunion à 20 pays dont 3 musulmans, l'Arabie, la Turquie et l'Indonésie, comptant les deux pays les plus peuplés de la Planète, la Chine et l'Inde, s'est accordée sur [presque] plus de décisions effectives que la conférence de Yalta en une petite semaine en temps de guerre réunissant seulement 3 alliés.
Je ne me déclarerais certainement pas convaincu que tout ce qui s'est décidé à Londres mérite des applaudissements.
Mais pour parler d'insignifiance, il faut se camper dans une attitude parfaitement conforme à la tradition du nihilisme révolutionnaire européen ou latino-américain.
Que ce gauchisme, exclusivement destructeur et délirant, ait pu rassembler à Londres des dizaines milliers de manifestants enragés, comptant déjà un martyr et qu'il se soit retrouvé le 3 avril à Strasbourg contre le sommet de l'OTAN, voila une autre information avec laquelle il faudra apprendre à compter de nouveau.
JG Malliarakis
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J'y vois une idéologie, des idéologies, et un martyrologue. Un ennemi aussi. Désigné. Ces systèmes montent le bourrichon à des mécontents. On connaît la recette. Au delà, la notion d'enfer fiscal est très innovante. C'est une répartie que l'on peut opposer à des échanges inégaux. Nihilisme? Avant, nous disions : "le français est râleur". Mais il semble accepter tout. Une autre pensée, Chavez râle contre l'omnipotence anglo-saxonne, il admet donc de fait cette hégémonie. On assiste probablement à un narcissisme économique, le monde d'en haut, où effectivement les dépenses publiques, notamment celles de (moins en moins) notre France, ne seront pas revues à la baisse. Poussant au bas de laine, il voudront favoriser l'épargne à faible revenu. De la jongle à la jungle. Oumgala!
Rédigé par : minvielle | samedi 04 avr 2009 à 13:58
A mon avis le G20 s'est trompé sur le diagnostic.
Ayant déclaré que les responsables de la crise étaient les établissements financiers, la réponse donnée était logiquement de ligoter cette industrie détestée dans un carcan réglementaire.
Si le G20 avait reconnu le rôle destructeur des banques centrales et surtout de la FED et de la réglementation en matière de prêts immobiliers (subprimes), les décisions auraient été très différentes et certainement plus pertinentes pour organiser les marchés pour l'avenir.
Je crains que ce G20 n'ait été aveuglé par une idéologie anticapitaliste. Les gauchistes n'étaient pas seulement dans la rue, mais aussi dans la salle.
Rédigé par : Jacques Peter | samedi 04 avr 2009 à 15:51