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Le mot d'ordre de grève interprofessionnelle lancé par les centrales syndicales en date du 29 janvier signifiera-t-il un retour sur Terre, pour les fabricants de l'opinion ?
Ceux qui parlaient comme si Paris décidait pour l'Europe, et l'Europe pour le monde, ceux qui croient que le processus de réformes s'imposera de lui-même, ceux pour qui la diplomatie européenne sait faire autre chose que payer des factures vont éprouver, peut-être, quelques déceptions.
L'actualité française va en revenir à des notions extrêmement triviales, hexagonales, celles qui préoccupent des millions de gens, aggravées par l'annonce d'une crise qui, à force d'oracles et de dégringolades boursières finit par entrer dans les faits.
Quel niveau d'emploi demain pour des millions de salariés ?
Quelles perspectives de vie pour des millions de jeunes couples ?
Quelle survie économique pour des centaines de milliers de petites entreprises ?
Voilà les questions que se posent nos compatriotes, plus urgentes par exemple que celles du soi-disant "grenelle" de l'environnement.
À ce propos, on se résoudra certes à poser ce terme comme s'il s'agissait d'un nom commun, masculin. Le prototype des "grenelles" aura été en 1968 l'accord historique, et non moins calamiteux entre le gouvernement d'alors représenté notamment dans la négociation par M. Chirac et la CGT. Cela venait aussi après les événements – ou les psychodrames – du printemps, qui avaient tout de même réussi à donner un coup d'arrêt à la période de prospérité des années 1960. Soulignons que les représentants du pouvoir ignoraient, ou feignaient de ne pas savoir, d'après un témoignage direct, que leur principal interlocuteur siégeait au bureau politique du parti communiste.
On va voir ici que cette attitude de contournement de la réalité se reproduit d'une certaine manière aujourd'hui.
La question qui me semble centrale, de ces accommodements réciproques entre l'État et, de manière directe ou indirecte, les forces de subversions tient à la sincérité des porte-parole des bureaucraties syndicales, et bien souvent aussi, à leur représentativité.
Dans le cas des pourparlers réalisés par Borloo aucune importance dira-t-on. Car véritablement la capacité de nuisance de l'interlocuteur écologiste reste durablement faible, tant qu'il ne maîtrise pas des leviers de la puissance publique comme il en détient à la ville de Paris. En gros on se trouve en présence, souvent d'utopistes, parfois d'une ou deux idées légitimes, mais essentiellement, quand on parle d'écologisme, d'une bonne grosse fumisterie, sensuelle et sans férocité comme on pouvait le dire autrefois des radicaux-socialistes.
S'agissant de l'agitation montée en lampadaire autour des services publics, en violation d'un principe essentiel à la vie de ceux-ci qui s'appelle la continuité, on observe tout autre chose.
Des déclarations, totalement outrancières et même ridicules, en apparence, de Besancenot le 18 janvier, attribuent au chef de l'État la volonté de "criminaliser le mouvement social" (1). La ténébreuse affaire des sabotages du réseau SNCF de l'automne 2008 en illustre le propos. Si on accepte de considérer que Melle YL et M. C et leur petit groupe marginal, désignés d'abord comme impliqués dans une activité terroriste effective, sont innocentés, il demeure qu'on a trouvé dans leurs papiers toute une littérature anarcho-gauchiste théorisant les sabotages injustifiables du chemin de fer.
Il se révèle également que les actes de malveillance se multiplient. Par ailleurs le syndicat Sud-Rail, désigné à juste titre comme fer de lance de l'inacceptable paralysie de Saint-Lazare le 13 janvier relaye en permanence les mots d'ordre de l'extrême gauche. Le simple fait que Besancenot en personne se trouve impliqué dans une altercation plus ou moins violente, en compagnie "de deux autres membres du syndicat Sud" au centre tri de Nanterre devrait suffire à le démontrer, quoiqu'il en dise.
Ma conviction est que ce milieu s'est auto-persuadé de l'opportunité d'une situation révolutionnaire. Son désir de faire tache d'huile dans d'autres services publics apparaît clairement à La Poste ou dans l'éducation nationale. Ici on dénonce le "manque des moyens" dans les lycées, en cherchant, avec plus ou moins de succès à rameuter les élèves. Là on se cabre contre ce que les fédérations CGT, SUD, CFDT, FO et CFTC de La Poste dénoncent comme "la volonté du gouvernement de privatiser La Poste". Et, à ce titre elles appellent "tous les postiers à s'inscrire massivement" dans ce qu'on annonce comme une journée d'action interprofessionnelle, pour s'opposer au changement du statut de cette vielle administration elle-même en crise.
Il me semble donc qu'il faut cesser de jouer au chat et à la souris, et qu'il faut se prononcer clairement dans l'opinion, autour de la question : voulons-nous ou pas réformer la France pour que ses entreprises affrontent la compétition internationale du XXIe siècle.
JG Malliarakis
Notes
- cf. son entretien publié Le Parisien le 18 janvier
Et pourquoi pas une petite ligne de publicité de bon goût… pour les Éditions du Trident
Vient de paraître
LA FIN DE L'EMPIRE D'OCCIDENT
Le Ve siècle, si oublié, si lointain, et cependant si proche du nôtre,
à tant d'égards, représente une période essentielle dans l'histoire de
l'Europe. L'effondrement de la partie occidentale de l'empire romain ne
s'y résume nullement en une simple “conquête barbare". De nombreux
facteurs entrent en ligne de compte et notamment la décomposition de la
société. Le parti pris des hommes des Lumières, relayé par celui des
historiens marxistes, a construit un certain nombre de mythes. Grand
spécialiste de la Gaule et de l'Antiquité tardive, Amédée Thierry
répond, non par l'Histoire idéologique, mais par des faits, sur la base
de sources solides, dans une langue claire.
Fascinante se révèle la survie de cet empire qui n'en finit pas de
mourir : "Les rouages administratifs continuèrent à fonctionner. Les
lois restèrent debout ; les coutumes séculaires ne furent point brisées
; enfin le vieil attirail des césars environna le mi-patrice sous les
lambris du palais de Ravenne. Odoacre eut un préfet du prétoire, un
maître des milices, un questeur pour préparer ses lois ou les rapporter
au sénat, etc." ••• 370 pages 25 euros ••• Pour commander ce livre •
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LE PÉRIL SOCIALISTE
par Vilfredo PARETO
préface de Georges Lane.
Vilfredo Pareto ne fut pas seulement le père de la sociologie moderne.
Ingénieur brillant, puis directeur des chemins de fers italiens, ses
écrits remarqués lui vaudront d'enseigner l'économie à Florence, puis
de succéder à Walras dans sa prestigieuse chaire de l'université de
Lausanne.
Dans ces écrits, il souligne, après la période romantique de
l'unification de l'Italie, combien les réseaux de pouvoirs
interviennent de plus en plus dans la banque, dans la "protection"
démagogique de l'industrie nationale, ayant pour effet de la détruire,
et de provoquer le marasme du pays. Et le socialisme d'État alimente le
“péril socialiste”. Sa formation technique et scientifique permet à
l’auteur de donner des preuves tangibles des faits qu'il analyse ainsi.
Or, les lois qu'ils dégage, et de son observation, et de sa
connaissance de la théorie économique, s'appliquent singulièrement à
l'Europe contemporaine et aux fausses solutions que les politiques
imaginent d'apporter aujourd'hui à la crise. ••• 426 pages 29 euros •••
Pour commander ce livre • par correspondance : ••• vous pouvez imprimer notre catalogue en pdf et un bon de commande
Est-il inconvenant de dire que Monsieur Nicolas Sarkozy était parvenu à faire renaître un certain espoir dans l'esprit des français, au point même de rallier à lui les partisans du FN.
A quoi tenait cet espoir ? à un retour aux valeurs du travail, des responsabilités, de la morale, de la dignité nationale et... de la mise aux oubliettes de la gauche marxiste et anarchiste. Mais tout cela n'était qu'une illusion magistralement exhibée par un homme peut-être bon magicien mais certainement dépourvu de toute stature d'homme d'Etat. C'est pourquoi le ver s'est enhardi, avec son aide, il faut le souligner, si bien que la France ressemble aujourd'hui, de plus en plus, à un bateau en perdition !
Rédigé par : Lamieh | mercredi 21 jan 2009 à 13:59
Sur vos propos :
Vous semblez oublier qu'Olivier Besancenot a commencé par se récrier et prendre tout de suite des distances à l'annonce de l'existence de" l'ultra-gauche" saboteuse de la sncf. Ainsi que Libé. Ce n'est qu'ensuite qu'ils ont dû se rendre compte de leur erreur. Preuve qu'ils ne connaissaient pas ce groupe de jeunes.
La littérature "anarcho-gauchiste" : s'il s'agit de "l'insurrection qui vient" par le dit "Comité invisible", vous pouvez le lire, il est intelligent sur l'analyse, pas
convaincant du tout sur les moyens.
Je n'ai pas eu peur du tout à sa lecture.
Je ne pense pas que ce soit là que se situe le danger de destruction de notre société.
Petite réponse
Merci de l'info.
Vous confirmez mon intuition vague, mais je ne connais pas le document de ce "Comité invisible".
Pour tout dire j'entends développer l'idée que la destruction de notre société vient effectivement d'ailleurs que de ces gens-là.
Rédigé par : Anne Marie Delaroche | mercredi 21 jan 2009 à 14:23
Améliorer la compétitivité de la France est en effet l'enjeu majeur. Malheureusement la compétitivité est un concept inconnu des élites pensantes et du peuple.
Rédigé par : Jacques Peter | mercredi 21 jan 2009 à 15:10
Vous avez raison !
Rédigé par : Toreador | mercredi 21 jan 2009 à 17:10
Monsieur,
"L'insurrection qui vient" est un livre qu'on peut trouver ici http://www.lafabrique.fr/article_livres.php3?id_article=215
cordialement
Rédigé par : Anne Marie Delaroche | mercredi 21 jan 2009 à 19:23