Vous pouvez écouter l'enregistrement de cette chronique sur son lien permanent sur le site de Lumière 101.
L'une des plaies de la vulgate moderne consiste à penser les crises et les situations en termes d'inégalités supposées synonymes d'injustices. Il en découle une attitude systématique des moyens de désinformations. Ceci se manifeste particulièrement en France où les gens de formation trotskiste pullulent dans les médiats, pour qui tout doit tendre à détruire la société. Le mot le plus répandu des dernières années à tout propos, et dans le meilleur des cas, nous parle de "grogne" ce qui évoque élégamment le mode d'expression porcin.
Tout mécontentement signalé de la sorte devient pourtant référence, à l'exception précisément de ceux qui dérangent l'idéologie dominante telles que la fatigue, l'impécuniosité artificielle ou le désespoir des victimes du fiscalisme ou de l'insécurité ou des dysfonctionnements déconcertants, si scandaleusement impunis, de la bureaucratie judiciaire.
L'une des intoxications les plus constantes revient alors à laisser entendre, probablement toujours pour ne pas "désespérer Billancourt" qui pourtant n'existe plus que les manifestants, dès lors que la CGT les agrée devraient en toute logique balayer tout sur leur passage.
Nous sortons ainsi d'une chronique tout à fait significative apparue en décembre à propos des événements d'Athènes et de leur éventuelle contagion à toute l'Europe. Ah certes, on ne peut jamais prédire vraiment jusqu'où une étincelle peut embraser la prairie. Mais curieusement cet hiver on aura ainsi assisté à une sorte d'auto-allumage à propos d'un pays sur lequel circulent ordinairement les informations les plus éloignées de la réalité.
L'incident lamentable de la mort le 6 décembre d'un malheureux gamin de 15 ans a servi de détonateur à une flambée de violences destructrices absolument injustifiées et de déprédations inqualifiables. On a voulu y voir les signes d'une immense remise en cause de l'ordre social tout entier. Chacun, surtout à l'Étranger, particulièrement à Paris, y est allé de son commentaire à la fois docte, imbibé de marxisme et de catastrophisme. La gauche et la droite ont d'ailleurs profité de l'occasion pour proférer les mêmes âneries. On nous prédisait que tout allait craquer dans cette nation présentée pour fragile. Le premier ministre participait-il à un Conseil européen ? Il n'y allait "qu'affaibli". À croire d'ailleurs, qu'en temps ordinaire, les institutions des 27 attendent pour prendre la moindre décision, de connaître la position d'un pays supposé avoir donné naissance à la démocratie.
Et puis, malgré les provocations constantes d'une extrême gauche ultra-minoritaire, malgré les démonstrations hystériques de solidarité et de complicité des homologues de diverses capitales, le soufflet s'est tranquillement aplati. Un remaniement ministériel est intervenu le 7 janvier et ma foi il me semble surtout plausible que le parti le plus à droite du parlement tire quelque bénéfice, lors du scrutin européen, du mécontentement compréhensible, lui, des gens dont la vitrine a été brisée, la voiture brûlée, les moyens de travail et de subsistance sabotés par des très ordinaires voyous gauchistes.
Bien sûr tout cela peut encore repartir, dégénérer en partie : ainsi tel blogue de droite français se permet-il d'écrire le 30 décembre "la lente descente aux Enfers continue pour la Grèce" parce que l'extrême gauche s'y est permise de s'en prendre à la cathédrale. Le 5 janvier c'est à coup de kalashnikov que s'exprime contre les policiers un petit groupe gauchiste et le 9 janvier encore quelques centaines de manifestants brandissaient des banderoles sur les thèmes classiques "lutte pour la démocratie, la paix, l’éducation et l’emploi", proclamait le calicot d'un syndicat d'enseignants, cependant que la queue du cortège nous rappelait les slogans maoïstes post-68 : "à bas le gouvernement des assassins", "l’argent pour l’éducation et non pas pour les banquiers", "à bas le gouvernement du sang, de la pauvreté et des privatisations", etc.
Tout cela peut témoigner autant d'une tentative artificielle de prolongations que d'un modèle néo-soixante-huitard, sachant tout de même que l'hiver 67-68 avait vu se multiplier ce genre de dérisoires et prémonitoires gesticulations. Je ne les ai absolument pas oubliées.
Mais la vérité importante à souligner, le véritable parallèle à faire, légitimement cette fois, tiendrait plutôt dans la prospérité de la France à la veille de 1968 et l'avancée économique spectaculaire de la Grèce depuis 10 ans. L'Histoire a été définie par Paul Valéry comme "la science des faits qui ne se répètent pas". Il n'empêche que l'émeute ne devient révolution que lorsque les princes défaillent et il ne suffit pas aux médiats de nous dire que tel pouvoir serait miné par la "corruption" pour nous en convaincre.
Il suffit de lire ce qu'ils disent de l'Italie sous le gouvernement de Silvio Berlusconi. Notre "sœur latine" est présentée tous les jours par la gauche bien pensante parisienne comme une manière de république bananière. Or cette désinformation, honteuse pour ceux qui la répandent, intervient au moment même où ce même pays porte à la Mafia les coups les plus terribles depuis 65 ans.
Gauchisants médiacrates de l'Hexagone et capomafiosi de Palerme ou de Corleone menez-vous ainsi les mêmes combats ?
On pourrait multiplier les exemples et nous allons en mesurer certains en France même avec le soi-disant "mouvement des lycéens", avec les sabotages gauchistes sous prétexte de défendre le statut obsolète de la SNCF, avec tout ce que nos journalistes encensent, tout ce que des sociologues d'un autre âge prétendent justifier par leurs "gnoses au nom trompeur".
Il me semble temps de changer de paradigme si nous ne voulons pas voir ce pays sombrer dans le bégaiement hystérique de ses convulsions du passé. Il apparaît urgent de ne plus y voir la révolution de 1789, et son tournant monstrueux de 1793, considérés comme l'horizon indépassable de l'aventure des peuples.
JG Malliarakis
Et pourquoi pas une petite ligne de publicité de bon goût… pour les Éditions du Trident
Vient de paraître
LA FIN DE L'EMPIRE D'OCCIDENT
Le Ve siècle, si oublié, si lointain, et cependant si proche du nôtre,
à tant d'égards, représente une période essentielle dans l'histoire de
l'Europe. L'effondrement de la partie occidentale de l'empire romain ne
s'y résume nullement en une simple “conquête barbare". De nombreux
facteurs entrent en ligne de compte et notamment la décomposition de la
société. Le parti pris des hommes des Lumières, relayé par celui des
historiens marxistes, a construit un certain nombre de mythes. Grand
spécialiste de la Gaule et de l'Antiquité tardive, Amédée Thierry
répond, non par l'Histoire idéologique, mais par des faits, sur la base
de sources solides, dans une langue claire.
Fascinante se révèle la survie de cet empire qui n'en finit pas de
mourir : "Les rouages administratifs continuèrent à fonctionner. Les
lois restèrent debout ; les coutumes séculaires ne furent point brisées
; enfin le vieil attirail des césars environna le mi-patrice sous les
lambris du palais de Ravenne. Odoacre eut un préfet du prétoire, un
maître des milices, un questeur pour préparer ses lois ou les rapporter
au sénat, etc." ••• 370 pages 25 euros ••• Pour commander ce livre •
par correspondance : ••• vous pouvez telécharger et imprimer notre catalogue en pdf et un bon de commande
LE PÉRIL SOCIALISTE
par Vilfredo PARETO
préface de Georges Lane.
Vilfredo Pareto ne fut pas seulement le père de la sociologie moderne.
Ingénieur brillant, puis directeur des chemins de fers italiens, ses
écrits remarqués lui vaudront d'enseigner l'économie à Florence, puis
de succéder à Walras dans sa prestigieuse chaire de l'université de
Lausanne.
Dans ces écrits, il souligne, après la période romantique de
l'unification de l'Italie, combien les réseaux de pouvoirs
interviennent de plus en plus dans la banque, dans la "protection"
démagogique de l'industrie nationale, ayant pour effet de la détruire,
et de provoquer le marasme du pays. Et le socialisme d'État alimente le
“péril socialiste”. Sa formation technique et scientifique permet à
l’auteur de donner des preuves tangibles des faits qu'il analyse ainsi.
Or, les lois qu'ils dégage, et de son observation, et de sa
connaissance de la théorie économique, s'appliquent singulièrement à
l'Europe contemporaine et aux fausses solutions que les politiques
imaginent d'apporter aujourd'hui à la crise. ••• 426 pages 29 euros •••
Pour commander ce livre • par correspondance : ••• vous pouvez imprimer notre catalogue en pdf et un bon de commande
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