Vous pouvez écouter l'enregistrement de cette chronique sur son lien permanent sur le site de Lumière 101.
J'abattrai d'abord mes cartes en soulignant que mon admiration profonde va au régime parlementaire britannique. On doit le savoir indissociable de l'existence d'un certain nombre de dispositions connexes. Celles-ci vont du rôle unificateur de la Couronne au mode de scrutin. On doit aussi noter l'absence, en Grande-Bretagne comme dans la plupart des pays où un système analogue prévaut, allant des Pays-Bas à la Suède en passant par le Japon, de certaines nuisances subversives telle que l'appareil stalinien du PC et de la CGT.
J'adhère donc, pour ma part, à cette conclusion de Winston Churchill : il s'agit bien du "pire des régimes", mais "à l'exception de tous les autres".
Je ne le confonds pas d'ailleurs avec la démagogie de surenchère qu'on appelle techniquement le "marché politique" et qui porte la marque de la sociale démocratie. En ce sens j'ai bien enregistré aussi dans ma mémoire la cinglante question d'un José Antonio Primo de Rivera "quel plus beau destin pour une urne que d'être brisée ?". L'inconvénient de ce genre de fulgurantes formules s'appelle hélas la guerre civile. Il en fut l'une des premières victimes. On ne doit jamais oublier la responsabilité des communistes et notamment celle de Dolorès Ibarruri qui donna concrètement, au sein même des Cortès, l'ordre d'abattre l'opposant conservateur Calvo Sotelo : "cet homme a parlé pour la dernière fois". Cette limitation expéditive de son temps de parole se traduisit par son assassinat par les Rouges le 13 juillet 1936. On connaît, plus ou moins la suite.
Tout cela pour dire que malgré le style très présidentiel, pour ne pas dire bonapartiste, du gouvernement actuel, je le crois bien intentionné, et même bien inspiré, au départ, quand il imagine redorer, quand même, le blason de nos assemblées représentatives.
Hélas la photo pathétique de la séance du mercredi 21 janvier, celle des questions orales, supposée le seule médiatique, et pourtant désertée par l'opposition, montre bien la distance qui sépare souvent les désirs les plus louables de leurs réalisation.
Le désastre avait commencé par cette révision constitutionnelle du 23 juillet 2008. Personne n'a encore perçu dans l'opinion de quoi il s'agit. Et cela tient tout simplement à ce que, comme le technocrate Giscard avait réussi à saboter le projet européen en voulant tout prévoir tout réglementer à l'avance et en accouchant d'un texte incompréhensible, eh bien de la même manière exactement le technocrate Balladur est parvenu, inconsciemment sans doute, à obvier complètement l'intention réformatrice.
La crise actuelle permet à l'opposition, et singulièrement au parti socialiste, de se refaire une santé, de feindre l'unité autour de la critique du texte gouvernemental.
Le projet, soutenu et même dépassé par la majorité, vise à mieux encadrer la procédure législative et accélérer les débats. Il a donc publié sur son site Internet un argumentaire sous la forme de questions-réponses, assez consternantes.
Les deux plus grandes, plus solides et plus anciennes démocraties du monde, l'Angleterre et les États-Unis non seulement ont toujours connu la technique, odieuse à tous les pouvoirs exécutifs, de l'obstruction appelée "flibuste", mais elles l'ont inventée et la pratiquent encore. Exaspérante pour le labour quand elle est pratiquée par les tories, insupportables aux républicains quand le parti démocrate l'exerce, les majorités alternatives ont toujours cherché, depuis 300 ans, à les empêcher. Elles n'y sont pas parvenues. Appelez cela comme voulez, le civisme bipartisan américain, spectaculaire comme on l'a pu voir sur nos écrans la passation de pouvoir à Washington ce 21 janvier, mais seule l'auto limitation et le bon sens permettent de cantonner à certaines circonstances exceptionnelles, l'accaparement abusif et artificiel du temps de parole par les opposants.
Le génie de la réglementation française du travail parlementaire a d'ailleurs permis d'investir cette tactique, depuis 50 ans dans la multiplication factice des propositions d'amendements, mille, trois mille, etc. La droite n'a pas manqué de l'utiliser, dans les années 1980, puis entre 1997 et 2002, au point que M. Ayrault et ses petits camarades, qui s'en servent aujourd'hui se trouvaient alors dans l'irritation actuelle de MM. Copé et Accoyer.
Aujourd'hui l'article 13 du projet en cours met le feu aux poudres en instituant et, plus encore, en prétendant gérer un "crédit-temps" attribué à chaque groupe politique. Il le fait inutilement, d'une part parce que toute réforme parlementaire ne saurait être que bipartisane. D'autre part des systèmes de cet ordre ont déjà été essayés et se sont révélés absolument inopérants. Les parlementaires dans la longue durée se montrent toujours moins bavards que prévu. Enfin, cette nouvelle forme de rationnement du temps de parole trouvera de futurs et habiles contrevenants. N'en doutons jamais.
On doit donc souhaiter qu'un compromis intervienne et qu'on laisse faire l'intelligence.
Les vraies pistes du renouveau pour la vie parlementaire se trouvent ailleurs. D'abord la responsabilité immense des médiats a tendu depuis 50 ans à n'attacher aucune importance à ce qui se dit en séance publique. D'autre part l'opinion est tenue dans l'ignorance du travail des commissions, pourtant accessible sur les sites internet du Sénat et de l'Assemblées nationale. Hélas la Ve république a habitué les Français à croire que la loi est votée par le conseil des ministres du mercredi, et que dès le lendemain il convient de "circuler" car il n'y a plus "rien à voir".
Ce détestable héritage impose une "rupture", dont le slogan avait été annoncé en 2006, dont le programme présidentiel de 2007 contenait quelques bribes.
Elles demeurent à parfaire, à consolider, à crédibiliser, et là aussi je déplore que le courant d'opinion réformateur soit laissé en friche par nos méprisants, incultes et dérisoires énarques.
JG Malliarakis
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Vient de paraître
LA FIN DE L'EMPIRE D'OCCIDENT
Le Ve siècle, si oublié, si lointain, et cependant si proche du nôtre,
à tant d'égards, représente une période essentielle dans l'histoire de
l'Europe. L'effondrement de la partie occidentale de l'empire romain ne
s'y résume nullement en une simple “conquête barbare". De nombreux
facteurs entrent en ligne de compte et notamment la décomposition de la
société. Le parti pris des hommes des Lumières, relayé par celui des
historiens marxistes, a construit un certain nombre de mythes. Grand
spécialiste de la Gaule et de l'Antiquité tardive, Amédée Thierry
répond, non par l'Histoire idéologique, mais par des faits, sur la base
de sources solides, dans une langue claire.
Fascinante se révèle la survie de cet empire qui n'en finit pas de
mourir : "Les rouages administratifs continuèrent à fonctionner. Les
lois restèrent debout ; les coutumes séculaires ne furent point brisées
; enfin le vieil attirail des césars environna le mi-patrice sous les
lambris du palais de Ravenne. Odoacre eut un préfet du prétoire, un
maître des milices, un questeur pour préparer ses lois ou les rapporter
au sénat, etc." ••• 370 pages 25 euros ••• Pour commander ce livre •
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LE PÉRIL SOCIALISTE
par Vilfredo PARETO
préface de Georges Lane.
Vilfredo Pareto ne fut pas seulement le père de la sociologie moderne.
Ingénieur brillant, puis directeur des chemins de fers italiens, ses
écrits remarqués lui vaudront d'enseigner l'économie à Florence, puis
de succéder à Walras dans sa prestigieuse chaire de l'université de
Lausanne.
Dans ces écrits, il souligne, après la période romantique de
l'unification de l'Italie, combien les réseaux de pouvoirs
interviennent de plus en plus dans la banque, dans la "protection"
démagogique de l'industrie nationale, ayant pour effet de la détruire,
et de provoquer le marasme du pays. Et le socialisme d'État alimente le
“péril socialiste”. Sa formation technique et scientifique permet à
l’auteur de donner des preuves tangibles des faits qu'il analyse ainsi.
Or, les lois qu'ils dégage, et de son observation, et de sa
connaissance de la théorie économique, s'appliquent singulièrement à
l'Europe contemporaine et aux fausses solutions que les politiques
imaginent d'apporter aujourd'hui à la crise. ••• 426 pages 29 euros •••
Pour commander ce livre • par correspondance : ••• vous pouvez imprimer notre catalogue en pdf et un bon de commande
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