Vous pouvez écouter l'enregistrement de cette chronique sur son Lien permanent sur le site de Lumière 101.
L'État boucle ces jours-ci le cycle, et le mythe, de l'audiovisuel prétendument public. Il le fait malencontreusement au moment où une opération pour le moins brutale contre un représentant du quotidien Libération donne l'impression d'un profond mépris de la liberté de la presse de la part de la bureaucratie judiciaire.
Nous nous devons de faire part, d'abord du dégoût qu'inspiraient hier, qu'inspireront demain et qu'inspireront toujours toutes les formes d'assujettissement ou d'intimidation des médiats.
Mais en même temps nous voudrions exprimer tous les espoirs que l'on peut raisonnablement investir dans les moyens d'informations alternatifs, qui échappent aux pouvoirs.
Mme Albanel, ministre de la Culture et de la Communication s'il vous plaît, déclaraient ce vendredi 12 décembre sur Europe n° 1 : "Il y a une logique. On est dans un paysage aujourd'hui extrêmement varié. Dans trois ans, tout le monde aura accès à 18 chaînes au moins, et souvent les gens ont accès à des centaines de chaînes". Moyennant quoi elle prétend justifier le principe la nomination directe du président de France Télévisions par le président de la République. Elle invoque pour cela le droit de l'actionnaire de cet étrange conglomérat financier qui appartient en principe à l'Etat, non au gouvernement.
Demain nous apprendrons aussi, peut-être, par la bouche de tels autres représentants de l'énarchie la plus grossière et la plus arbitraire, que le chef de l'État pourrait un jour disposer à sa guise des biens confiés à l'administration de l'ancien domaine royal, inaliénable en France depuis l'édit de Villers-Cotterêts de François Ier, et se permettre de la sorte ce à quoi Louis XIV lui-même se reconnaissait pas le droit.
Puis-je le dire franchement ?
En 2007 j'ai voté, comme 53 % des Français contre Ségolène Royal, je n'ai pas voté pour cela.
Que ceux qui occupent les palais nationaux prennent garde : aucun vote n'est acquis pour l'échéance de 2012.
Je l'avoue aussi, je méprise trop l'état d'abaissement dans lequel l'envahissement de l'étatisme a plongé ce pays pour verser une larme sur le prétendu "service public de l'audiovisuel", lieu commun de toutes les vulgarités, de toutes les démagogies, de toutes les imbécillités subventionnées par le contribuable. Au nom de quoi existe-t-il un "service" étatisé de cette nature ? Qu'une seule chaîne d'information clairement gouvernementale s'exprime en tant que telle, en accordant un temps de parole à l'opposition, on le comprendrait – peut-être. Qu'une vrai radio d'Etat entretienne le patrimoine culturel national comme on entretient le patrimoine architectural, on le concevrait - également.
Mais à quoi donc correspond cette énorme structure budgétivore multiforme entre les mains d'on ne sait qui, nominalement rattachée au caprice du prince ?
Je laisse à Jean-François Kahn le soin de se lamenter et de faire grossir le tirage de "Marianne" par son titre sur le "coup d'Etat médiatique".
Je préfère me réjouir des moyens qu'internet offre, qui se proposeront de plus en plus, et plus généralement les nouvelles technologies, à la liberté d'expression et la libre circulation l'information.
La numérisation du son, par exemple, la miniaturisation des moyens d'enregistrement, de moins en moins coûteux, offre des perspectives de création que le grand public ne comprend pas encore, ne serait-ce que parce que ceux qui auraient la mission de le lui expliquer défaillent.
Les moyens de communications modernes que devraient représenter les "media", vague concept anglo-latin, méritent bien de se voir ramener à leur réalité de "médiats". Comme pour l'amour, la racine occitane confère une bien plus grande précision. Journaux, radios et chaînes de télévision médiatisent et sont eux-mêmes "médiatisés" en tant que relais serviles et hypocrites de la désinformation opérée par les pouvoirs.
Je salue donc ceux qui comme moi ont opté résolument pour les techniques d'expression libre.
Parmi d'autres, en effet, je me suis vu convié à rejoindre une petite communauté de rédacteurs de blogues, les "kiwis", entièrement libres.
Je considère cette invitation comme un honneur. Et je m'y suis rendu d'autant plus volontiers qu'il s'agit de gens dont les opinions diffèrent des miennes.
Au moment de mon admission, l'administrateur pouvait ainsi déclarer :
"D'après mes comptes et mes propres décomptes politiques arbitraires, le réseau Kiwis compte : - 5 membres clairement de gauche (Frednetick, Le Grand Barnum, La Lettre Volée, Ruminances, Café Croissant) - 2 clairement à droite (L'Insolent, Ça Réagit) - 1 libéral (H16), - 2 centristes (Chafouin (Modem non affilié) et Pierre Catalan (Centre-droit) - 1 masqué : Toréador - 1 sans idéologie fixe : Pingouin."
Je viens d'apprendre depuis lors, par exemple qu'une chronique "gaulliste-villepiniste" va nous rejoindreD'après mes comptes et mes propres décomptes politiques arbitraires, le réseau Kiwis compte : - 5 membres clairement de gauche (Frednetick, Le Grand Barnum, La Lettre Volée, Ruminances, Café Croissant) - 2 clairement à droite (L'Insolent, Ça Réagit) - 1 libéral (H16), - 2 centristes (Chafouin (Modem non affilié) et Pierre Catalan (Centre-droit) - 1 masqué : Toréador - 1 sans idéologie fixe : Pingouin.: quelle joie de débattre honnêtement avec un adversaire aussi éloigné, désormais détaché de tout lien salissant avec le pouvoir et ses réseaux !
Pareto, un libéral selon mon cœur, un homme qui aimait trop son pays et sa liberté pour galvauder "nationalisme" et "libéralisme" au gré des sectarismes et des démagogies expliquait ainsi :
"Supposez qu’on veuille spolier de sa propriété un individu X… Vous et moi étant libéraux, nous n’avons nul besoin de savoir quel est cet individu pour blâmer la spoliation dont on veut le rendre victime. Est-ce un pauvre diable, ou un millionnaire, un ouvrier, ou un capitaliste, un juif, un chrétien, un musulman, un admirateur de Bossuet ou de Marx, de Galilée ou de l’Inquisition ? Point ne nous en chaut, et nous trouvons tout cela étranger à la question. Mais d’autres personnes – permettez-moi de les appeler A et B – ne sont pas de cet avis. Avant de décider s’il est bon ou mauvais de spolier X, il leur est nécessaire de savoir quelle est la condition sociale, les croyances, les opinions de cet individu. Le point étant éclairci, on verra les A approuver la spoliation, les B la blâmer. Mais voici un nouveau cas qui se présente, ce n’est plus X, c’est Y qu’on vient spolier. Les A et B changent d’opinion comme on change de dames dans une contredanse. Maintenant ce sont les A qui défendent la propriété et les B la spoliation.(1)"
Propriétés et libertés se sont toujours révélées des synonymes indissociables.Et Chateaubriand, autre libéral selon mon cœur, l'eût écrit sans doute de manière moins existentielle pour ne pas dire moins mathématique.
Le débat d'idées, d'une certaine façon, commence à nouveau sur ce terrain où ni l'État ni la Pub ne peuvent rien.
Comment ne pas nous en réjouir dans un pays qui étouffe sous le poids de sa pensée unique, du nombrilisme de ses dirigeants et de la médiocrité des professionnels de la brosse à reluire.
JG Malliarakis
PS au 20 décembre. Un débat étant apparu, après coup, au sein de cette gentille communauté sur ma personne, mes idées, etc (étaient-elle tolérables? etc) j'ai préféré envoyer le courrier suivant : "Soyons pragmatiques et courtois./Sans doute y avait-il erreur sur la personne quand vous m'avez invité./ Je ne veux pas perturber votre gentille cohabitation ni constituer le caillou dans votre omelette ni m'imposer./ Puisque ma personne fait tant de difficultés (deux sortants pour un entrant, le compte est défavorable)/ Je continuerai ma route sans vous et vous sans moi./ Ravi de vous avoir connus./ Merci à ceux qui m'ont toléré trois jours/ Joyeux Noël à tous" Cela ne retire rien, BIEN AU CONTRAIRE, ni à ce que disait Pareto ne son temps, ni à ce que j'écrivais en date du 14 et qui se situe dans un autre registre, désormais. Les liens des "kiwis" seront maintenus pendant quelques jours, le temps que mes lecteurs que la chose intéressent découvrent ce que sont ces blogues, inégaux en qualité comme en tolérance. Notes
- cf. Pareto"Le péril socialiste"édition 2008 pp. 88-89
Quel beau texte !
Pour l'instant Gaulliste libre est candidat, il n'est pas encore "coopté".
L'un des axes de Kiwis est d'être détaché des états-majors. Nous n'acceptons pas les blogues qui sont en réalité les sicaires des uns ou sycophantes des autres.
Welcome in Kiwis !
Rédigé par : Toreador | lundi 15 déc 2008 à 09:54