Vous pouvez écouter l'enregistrement de cette chronique sur son lien permanent sur le site de Lumière 101.
Je voudrais dire amicalement aujourd'hui à ceux qui suivent ces chroniques ma certitude qu'ils ne doivent, en aucun cas, désespérer. L'humilité même de la naissance du Christ, telle que la Tradition plus encore que l'Évangile nous la décrit, devrait suffire à nous gonfler de force optimiste. Espoir et foi dans l'enfance, toujours renouvelée, dans notre pays et dans son peuple, dans la jeunesse de l'Europe.
Ce qui m'amène à dire de la sorte ma confiance dans l'avenir plutôt que mon mépris pour le présent s'articule sur deux petits exemples tout à fait récents.
Je commencerai donc par cette information apprise par moi d'abord il y a quelques jours sur le blogue Politikart. Elle était sans aucun doute très connue des gens qui suivent les programmes de télévision qui ordinairement m'intéressent très peu ; je parle des chaînes, je ne parle pas des spectateurs.
Voici donc le titre et l'article publié par Tessa Ivascu le jeudi 18 décembre 2008 :
TF1 : la messe de minuit c'est fini.
Enfin ! La chaîne Bouygues se modernise. Cette année et pour la première fois, TF1 ne diffusera pas la messe de minuit le 24 décembre. A la place, un show de Michel Sardou, le chanteur contemporain avant-gardiste bien connu.
Eh oui ! Un concert de Michel Sardou donné en 2005 au Palais des Sports de Paris vaut bien une messe. La direction de la communication de TF1 invoque "la logique de programmation et les nécessaires évolutions" pour expliquer ce brusque changement de programmation.
Ça, c'est vrai. Remplacer le petit Jésus par le gros Sardou, une sacrée évolution, qui marque l'intention de la chaîne de se mettre au goût du jour et d'entrer dans le troisième millénaire.
Et voici mon commentaire posté sur le blogue comme vous pouvez le faire:
La boucle est bouclée.
Mais au fait pourquoi parlez-vous de "troisième millénaire" : 2000 ans après quoi ? C'était le titre d'une conférence d'un certain Joseph Ratzinger. Circulez vieilles gens dans vos maisons de retraite, malades dans vos hôpitaux, il n'y a plus rien à croire.Pas grand-chose à espérer en occident, non plus.
PS Après le travail du dimanche, on entreprendra bientôt de travailler le jour de Noël (pardon le 25 décembre). "Plus moderne" comme vous dites pour parler de Sardou.
Allez bon Noël : gavez-vous de foie gras, gâtez vous de cadeaux. Consommez. "Nous" ferons le reste.
Voilà, ma petite part de colère. Mauvaise pensée, piètre inspiratrice. Certains croiraient que tout s'effondre aujourd'hui.
Or, ma consolation est venue d'un message remontant à plus de 500 ans.
En effet ceux qui ne pourront voir l'exposition Mantegna au Louvre, qui se terminera le 5 janvier, ne devraient pas en concevoir un regret éternel. Certes intéressant, ce rassemblement d'œuvres "autour" de l'artiste lui-même Andrea Mantegna (1431-1506), englobant une kyrielle de maîtres, de prédécesseurs, de continuateurs, et allant jusqu'à Rubens et même Poussin, nous montre une création dans son temps, dans son environnement social, dans ses influences.
Cette simple considération marque d'emblée les limites spirituelles plus encore qu'intellectuelles de la démarche. Cette exposition, submergée de peintures et de gravures étrangères, en fait, à la vie intérieure de l'artiste, dont le nom sert d'affiche, la dissout dans une impression éperdue de tendances, de rapports sociaux pour ne pas dire commerciaux.
Commerce ? Marché de l'art ? Relations contractuelles ? O les vilains concepts ! Pourtant la curiosité du visiteur pourra classer les œuvres peintes ou gravées du maître de Mantoue en deux catégories selon le type de commandes. Les unes venaient de l'État ducal, c'est-à-dire des princes de Gonzague, en l'occurrence le condottiere François II (1466-1519). Elles vont refléter les préoccupations du pouvoir politique et du système ecclésiastique. On y trouve des motifs essentiellement religieux. Et ils évolueront avec l'arrivée à la cour d'Isabelle d'Este (1474-1539). Car cette ravissante princesse dont Titien nous a laissé le portrait, se montrait elle-même en quête d'un catholicisme plus souriant.
L'autre partie du travail, beaucoup plus libre, résulte d'un accord plus ou moins discret passé avec un éditeur de gravures : on sort dès lors des thèmes religieux assez manifestement contraints.
Ainsi, admirera-t-on plusieurs travaux de burin, y compris dans leur descendance : tel ce Silène exactement reproduit dans son apparence par Rubens.
Pour s'en tenir aux thèmes réputés chrétiens on notera une vraie rupture tant stylistique que spirituelle avec les Primitifs Flamands. Cette école compte dans ses rangs les véritables inventeurs de la peinture à l'huile à la génération précédente, celle des frères Van Eyck. Les sujets si souvent doloristes de ces géants de l'Art étaient apparus à Bruges, où la légende veut que quelques gouttes du Précieux Sang auraient été rapportées en 1146. Au retour de Palestine Thierry d'Alsace fit conserver ces reliques dans une basilique fort émouvante que l'on peut visiter aujourd'hui encore. Cette dévotion forgea les conceptions religieuses de la Venise du nord. Dans la si belle et si bouleversante peinture de l'Allemand Hans Memling fixé en Flandre (1435-1494) les plaies du Christ apparaissent, certes sans ostentation, mais dans toute leur souffrance.
À l'inverse la célèbre représentation par Mantegna du martyre de saint Sébastien évoque une incroyable impassibilité. Le corps transpercé de flèches demeure stoïque. Si nous voulons bien contempler deux christs successifs (Ecce Home) réalisés dans les années 1500, c'est-à-dire par un artiste alors septuagénaire, Il nous semble comme étranger au monde.
Plus troublante encore que cette méconnaissance, plus ou moins gnostique de l'Incarnation, la fameuse Minerve chassant les vices du Temple des Vertus (peint vers 1502, collections permanentes du Louvre) pose explicitement un problème théologique.
Si l'on s'en tient au thème lui-même on ne saurait en aucun cas le récupérer pour la foi chrétienne. Tout au long de son Histoire, l'Église universelle, l'orient comme l'occident, s'est divisée entre deux familles spirituelles : celles pour qui l'Homme n'est affranchi des passions exclusivement que par grâce ; et, à l'inverse celles qui mettent l'accent sur la "synergie", l'aide de Dieu venant au secours de l'effort individuel. La ligne de partage, parfois fort subtile, a entraîné des controverses séculaires et parfois célèbres, toujours dramatiques. Augustin contre Pélage, Prosper d'Aquitaine contre Jean Cassien de Marseille, Palamas de Thessalonique contre Barlaam le Calabrais, jansénistes contre jésuites. Mais aucun hérétique n'a jusqu'ici imaginé l'intervention dans l'affaire d'une déesse du paganisme, et encore moins de ce qu'elle est supposée incarner, la froide, l'implacable Raison.
Et certes les vices, tels que Mantegna les représente, sous des figures moins qu'humaines, celle d'un singe, celle d'un porc ou d'un centaure, etc… ont été analysées dans le passé et théorisées par les Pères Ascètes notamment à partir d'Évagre le Pontique (mort en 399), un intellectuel grec qui entreprit le premier de décrire l'expérience mystique des Pères du désert égyptiens. Ses successeurs, Jean Cassien de Marseille (360-435) qui importa sa pensée en Gaule, et jusqu'à Jean Climaque (525-605) créèrent une tradition qui a pu en orient produire la spiritualité dite "hésychaste", et en occident amènera le concile de Trente au XVIe siècle à établir la liste formelle des "sept péchés capitaux", sortis tout droit d'Évagre qui les énumère au nombre de huit. Tous ces Pères de l'Église reconnaissent, d'un certain point de vue, une "stupidité" des passions qui s'ingénient à nous écarter de nos fins dernières. Tel est le point de départ, pour ne citer qu'un exemple en occident, des Exercices spirituels d'Ignace de Loyola. Mais aucun n'esquive le caractère séducteur de l'insinuation démoniaque. Aucun chrétien ne peut donc imaginer que la victoire de l'Homme puisse se passer entièrement de l'aide du Dieu unique et compatissant, ni de la prière, ni non plus pour tout dire, de l'intercession de la Sainte Mère de Dieu, plus vénérable que les chérubins, et infiniment plus glorieuse que les séraphins. Rien de tout cela n'exclut l'intelligence, mais la seule Minerve n'y parviendra jamais toute seule, à supposer que cette farouche vierge athénienne existât dans le monde réel.
Ce grand peintre du Quattrocento, Mantegna, cet immense artiste appartient donc, en dépit de certaines apparences très peu au christianisme, si ce n'est par les promesses de son baptême. À l'approche de la grande fête de l'Incarnation on priera éventuellement pour lui mais on ne saurait passer sous silence, selon moi, cet aspect historiquement essentiel de ce qu'on appelle la Renaissance.
Or si cette Renaissance fut ainsi marquée en France comme en Italie, comme dans le reste de l'occident par de telles modes récupératrices d'une Antiquité païenne de pacotille, notre attitude ne aurait s'enfermer dans aucune morosité. On doit en effet rappler qu'en France, au XVIe siècle païen, époque terrible marquée en France par 60 ans de guerres de religion a succédé le magnifique renouveau spirituel et national qui domina le XVIIe siècle, et ainsi de suite de siècle en siècle et dans tous les pays. Au XXe siècle et à ses horreurs révolutionnaires peut succéder, si nous le méritons un temps de liberté, de lumière et de transfiguration.
Nous devons pour cela prier ardemment, si nous sommes chrétiens, mais aussi, à notre manière, agir.
JG Malliarakis
Notes
- On s'intéressera quand même à la réhabilitation de Byzance sans l'influence de laquelle la Renaissance n'aurait pas été possible.
Et pourquoi pas une petite ligne de publicité de bon goût… pour les Éditions du Trident
Vient de paraître
LA FIN DE L'EMPIRE D'OCCIDENT
Le Ve siècle, si oublié, si lointain, et cependant si proche du nôtre,
à tant d'égards, représente une période essentielle dans l'histoire de
l'Europe. L'effondrement de la partie occidentale de l'empire romain ne
s'y résume nullement en une simple “conquête barbare". De nombreux
facteurs entrent en ligne de compte et notamment la décomposition de la
société. Le parti pris des hommes des Lumières, relayé par celui des
historiens marxistes, a construit un certain nombre de mythes. Grand
spécialiste de la Gaule et de l'Antiquité tardive, Amédée Thierry
répond, non par l'Histoire idéologique, mais par des faits, sur la base
de sources solides, dans une langue claire.
Fascinante se révèle la survie de cet empire qui n'en finit pas de
mourir : "Les rouages administratifs continuèrent à fonctionner. Les
lois restèrent debout ; les coutumes séculaires ne furent point brisées
; enfin le vieil attirail des césars environna le mi-patrice sous les
lambris du palais de Ravenne. Odoacre eut un préfet du prétoire, un
maître des milices, un questeur pour préparer ses lois ou les rapporter
au sénat, etc." ••• 370 pages 25 euros ••• Pour commander ce livre •
par correspondance : ••• vous pouvez telécharger et imprimer notre catalogue en pdf et un bon de commande
LE PÉRIL SOCIALISTE
par Vilfredo PARETO
préface de Georges Lane.
Vilfredo Pareto ne fut pas seulement le père de la sociologie moderne.
Ingénieur brillant, puis directeur des chemins de fers italiens, ses
écrits remarqués lui vaudront d'enseigner l'économie à Florence, puis
de succéder à Walras dans sa prestigieuse chaire de l'université de
Lausanne.
Dans ces écrits, il souligne, après la période romantique de
l'unification de l'Italie, combien les réseaux de pouvoirs
interviennent de plus en plus dans la banque, dans la "protection"
démagogique de l'industrie nationale, ayant pour effet de la détruire,
et de provoquer le marasme du pays. Et le socialisme d'État alimente le
“péril socialiste”. Sa formation technique et scientifique permet à
l’auteur de donner des preuves tangibles des faits qu'il analyse ainsi.
Or, les lois qu'ils dégage, et de son observation, et de sa
connaissance de la théorie économique, s'appliquent singulièrement à
l'Europe contemporaine et aux fausses solutions que les politiques
imaginent d'apporter aujourd'hui à la crise. ••• 426 pages 29 euros •••
Pour commander ce livre • par correspondance : ••• vous pouvez imprimer notre catalogue en pdf et un bon de commande
L'intercession de intecession de la Sainte Mère de Dieu, plus vénérable que les chérubins, et infiniment plus glorieuse que les séraphins.
Etonnant qu'il n'y ait rien de tout cela dans la bible, parole de Dieu (pour les catholiques et orthodoxes inclus)!
R N
Rédigé par : robert neboit | dimanche 28 déc 2008 à 22:14