On célèbre ces jours-ci, un peu dans l'indifférence, la clôture des 6 mois de la présidence française de l'union.
Reconnaissons que, sur beaucoup de points, la partie n'a pas été facilitée par les diverses crises qu'il fallu surmonter. Nous ne pensons pas seulement à la crise géorgienne de l'été ou à l'effondrement des marchés financiers d'actions de cet automne. Nous citerons par exemple aussi la crise irlandaise ou cette ridicule affaire d'un accord sur le réchauffement climatique que l'enneigement exceptionnel de cet hiver aurait dû ramener à plus de raison. Sur tout cela il a pu être donné improbablement l'apparence d'une position commune.
L'année prochaine cependant la question européenne reviendra d'une autre manière. Et elle se situera au premier rang des préoccupations sérieuses.
Les élections en vue de désigner le parlement votant À Strasbourg, d'où il investit désormais la commission siégeant à Bruxelles, se dérouleront en juin. On peut présumer certes, qu'en France ce scrutin de 2009 servira encore et surtout à délimiter et à exprimer les rapports de forces politiques, à partir des jeux d'opinions strictement internes. L'affrontement mérovingien entre Frédégonde duchesse de Poitou et Brunehaut reine à Lille risque fort d'entraîner les conséquences prévisibles.
On doit souhaiter en revanche que les partisans de l'unité européenne sortent de leur timidité. Aucun ne saurait s'identifier aux institutions actuelles, bloquées depuis 2000 par le calamiteux traité de Nice. Or, les prétendus "souverainistes" chercheront à tirer parti de mécontentements et d'inquiétudes que leurs démagogies, un peu fatiguées, aiment à porter au débit du grand Satan bruxellois. Il faudra bien un jour ou l'autre analyser avec eux, de façon sereine,tout leur argumentaire, ordinairement très faible.
Répondons en effet aux slogans qu'ils affectionnent : l'un récuse "cette" Europe, l'autre parle d'une "Europe des nations". Prenons-les au mot, une seconde. Si le premier rejette l'Europe "impuissante" de Bruxelles, c'est qu'il appelle à un système où les prises de position soient facilitées : quel Européen dira le contraire ? Si le second désire une Europe plurinationale : quel Européen peut-il imaginer, ou même désirer, gommer les différences culturelles entre nos peuples ? Seul le jacobinisme français (1), avec son bras armé napoléonien, avait entrepris de le faire : le résultat en a été la naissance des nationalismes totalitaires modernes.
Dans le meilleur des cas, on passera de la confédération en gestation à la fédération, en deux ou trois générations. La jeunesse actuelle connaît seulement les prémisses matérielles d'un système confédéral. Mais elle n'imagine aucunement qu'on pourrait revenir en arrière, à une époque où il fallait un passeport pour se rendre à Rome (j'ai conservé le mien "à destination de l'Italie seulement" qui date de 1954) et où le commerce franco-belge était encore contingenté. Allons messieurs les "souverainistes" regardez-vous dans la glace et avouez que vous souhaitez le retour au protectionnisme et à la fermeture des frontières intra-européennes. Pendant ce temps-là, le monde évoluera, sans l'Europe.
Car le véritable débat se situera bien au-delà. Depuis plusieurs mois la tendance divergente au sein du couple franco-allemand ne peut plus se dissimuler. Or, plus que jamais s'imposent d'abord le maintien et la consolidation de l'entente rhénane scellée en 1962 entre le général De Gaulle et le chancelier Adenauer. Et d'autre part elle requiert et conditionne son propre élargissement à l'Italie et à la Grande-Bretagne si l'on veut que soit pilotée l'Europe à 27. La tempête mondiale nécessitera en effet que celle-ci se révèle suffisamment forte pour suppléer aux difficultés des États-Unis et à toutes les menaces qui pèsent sur le monde occidental. Les Mémoires de Bill Clinton parues en 2004, ce "livre mal ficelé, complaisant, ennuyeux à mourir" d'après le New York Times, "pas vraiment une œuvre au suspense insoutenable", selon Newsweek dressaient, malgré leurs défauts littéraires, sur ce point le tableau du nouveau scénario. Avec Hillary au Département d'État ses conclusions vont revenir à l'ordre du jour.
On pourra donc juger en 2009 la hauteur de vues de nos hommes politiques de notre pays au degré de conscience qu'ils manifesteront à propos de ces évidences.
Or, s'il fait désormais partie des panégyriques obligés, auxquels se livrent nos courtisans, tels ceux du Bas Empire, de décerner des couronnes de lauriers à nos chers dirigeants, il faudra bien intérioriser les aspérités désobligeantes du réel. Il s'agit de conduire désormais à 2 ou 4 le char des 27 États-Membres, juridiquement souverains mais économiquement et culturellement indissociables. Pour cela, il ne suffit pas de chercher, à tout prix, à parler au nom des autres. Il faut aussi apprendre à les écouter. Les signaux d'irritation, outre-Rhin et ailleurs, face à une certaine agitation parisienne ne manquent pas. Ils correspondent à une véritable interrogation du continent dont on ne peut pas esquiver la légitimité.
Le sérieux des dirigeants français a perdu beaucoup de sa crédibilité notamment par la faute de Chirac et Villepin. La "rupture", promise en 2006, eût gagné à porter sur ce point, sans qu'on se préoccupât des conseils d'Attali ou des satisfecit de Rocard, eux-mêmes démonétisés au-delà du boulevard périphérique de Paris.
Il ne faudrait pas en effet que notre pays donne l'impression qu'il ne subissait pas seulement une mauvaise passe, mais au contraire qu'il souffre aujourd'hui encore d'une tendance longue, d'une sorte de déclin irréversible, fort inquiétante pour nos partenaires et nos amis.
JG Malliarakis
Notes
- Il serait temps, de ce point de vue, de porter un autre regard sur la révolution française.
Et pourquoi pas une petite ligne de publicité de bon goût… pour les Éditions du Trident
Vient de paraître
LA FIN DE L'EMPIRE D'OCCIDENT
Le Ve siècle, si oublié, si lointain, et cependant si proche du nôtre,
à tant d'égards, représente une période essentielle dans l'histoire de
l'Europe. L'effondrement de la partie occidentale de l'empire romain ne
s'y résume nullement en une simple “conquête barbare". De nombreux
facteurs entrent en ligne de compte et notamment la décomposition de la
société. Le parti pris des hommes des Lumières, relayé par celui des
historiens marxistes, a construit un certain nombre de mythes. Grand
spécialiste de la Gaule et de l'Antiquité tardive, Amédée Thierry
répond, non par l'Histoire idéologique, mais par des faits, sur la base
de sources solides, dans une langue claire.
Fascinante se révèle la survie de cet empire qui n'en finit pas de
mourir : "Les rouages administratifs continuèrent à fonctionner. Les
lois restèrent debout ; les coutumes séculaires ne furent point brisées
; enfin le vieil attirail des césars environna le mi-patrice sous les
lambris du palais de Ravenne. Odoacre eut un préfet du prétoire, un
maître des milices, un questeur pour préparer ses lois ou les rapporter
au sénat, etc." ••• 370 pages 25 euros ••• Pour commander ce livre •
par correspondance : ••• vous pouvez telécharger et imprimer notre catalogue en pdf et un bon de commande
LE PÉRIL SOCIALISTE
par Vilfredo PARETO
préface de Georges Lane.
Vilfredo Pareto ne fut pas seulement le père de la sociologie moderne.
Ingénieur brillant, puis directeur des chemins de fers italiens, ses
écrits remarqués lui vaudront d'enseigner l'économie à Florence, puis
de succéder à Walras dans sa prestigieuse chaire de l'université de
Lausanne.
Dans ces écrits, il souligne, après la période romantique de
l'unification de l'Italie, combien les réseaux de pouvoirs
interviennent de plus en plus dans la banque, dans la "protection"
démagogique de l'industrie nationale, ayant pour effet de la détruire,
et de provoquer le marasme du pays. Et le socialisme d'État alimente le
“péril socialiste”. Sa formation technique et scientifique permet à
l’auteur de donner des preuves tangibles des faits qu'il analyse ainsi.
Or, les lois qu'ils dégage, et de son observation, et de sa
connaissance de la théorie économique, s'appliquent singulièrement à
l'Europe contemporaine et aux fausses solutions que les politiques
imaginent d'apporter aujourd'hui à la crise. ••• 426 pages 29 euros •••
Pour commander ce livre • par correspondance : ••• vous pouvez imprimer notre catalogue en pdf et un bon de commande
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