Le terrorisme, la France et la guerre

Vous pouvez écouter l'enregistrement de cette chronique sur son  lien permanent sur le site de Lumière 101.

La découverte de 5 pains d'explosif ce 16 décembre dans un grand magasin du boulevard Haussmann à Paris remet à l'ordre du jour la question de la guerre dans laquelle la France se trouve engagée, pour de bon, face à l'islamo-terrorisme.

Mme Michèle Alliot-Marie ministre de l'Intérieur, a déclaré que "de ce que nous savons, ce n'était pas un dispositif qui était destiné à exploser. Nous allons mener l'enquête pour remonter aux auteurs". Et d'autre part, la revendication émane d'un éventuel "Front révolutionnaire afghan", inconnu jusque-là. Mais, quelle que soit l'origine exacte, cela signe bel et bien cet acte puisqu'elle est parvenue à l'AFP par courrier, et cela correspond très exactement à la démarche habituelle aux terroristes wahhabites : d'une manière ou d'une autre, ils avertissent l'Infidèle d'avoir à courber l'échine, et du châtiment qui le menace.

Depuis septembre 2001, depuis un vote du parlement obtenu alors par le gouvernement Jospin et confirmé cette année par le gouvernement Fillon, la France se trouve engagée dans une guerre en Afghanistan. Elle participe à ce combat contre cet islamo-terrorisme que nous ne devons confondre ni avec l'islam en général, puisque de nombreux musulmans croyants participent à la lutte commune, accusant à la fois la secte wahhabite de trahir l'islam et les méthodes de terreur, l'assassinat d'innocentes victimes civiles, de violer l'esprit de leur religion. D'autre part dans ce conflit nous devons nous savoir impliqués quelle que soit notre appartenance philosophique : chrétiens ou francs-maçons, athées, laïcistes, juifs, bouddhistes, hindouistes, etc., dans le monde entier. Assimiler cette affaire à l'héritage des Croisades ressortit précisément à la propagande et aux réminiscences médiévales d'al-QaÏda, nébuleuse organisée depuis 1991 sur ce slogan.

Faire remonter le terrorisme par assimilation aux ismaéliens réformés d'Alamout, les fameux "haschichins" du Moyen Âge, ou même chercher ses racines dans le droit au tyrannicide chez Thomas d'Aquin constitue la manière de tromperie pédante dans laquelle on ne doit sombrer en aucun cas. On ne saurait non plus assimiler l'islamo-terrorisme aux diverses formes d'insurrections nationales, telle que la "guérilla" espagnole contre l'occupation napoléonienne, plus ou moins légitimes dans leurs méthodes ou dans leurs objectifs.

D'autre part nous ne devons pas non plus confondre absolument, en dépit de leurs convergences, les trois formes de terrorisme auxquelles le monde est confronté : le narcoterrorisme comme celui dans lequel ont sombré, après tant d'autres, les Farc colombiennes, dérivant elles-mêmes des formes "marxistes-léninistes" de la lutte armée que certains continuent d'encenser avec le mythe totalement mensonger du "Che Guevara". Loin de moi l'idée de justifier en quoi que ce soit le système castriste ou toutes les formes de Terreur rouge (1).

L'islamo-terrorisme est né, dans les années 1990, de la dégénérescence du système révolutionnaire proche-oriental au moment de la décomposition du bloc soviétique, dont il représente une métastase. Les méthodes de la Terreur communiste et du KGB été transposées au service d'une autre forme de "ressentiment", non plus celui se réclamant du prolétariat, mais celui invoquant l'orient. L'aveuglement des adeptes, des inconditionnels, de "l'anticolonialisme" leur a fait perdre de vue que le germe de cette dérive remonte au congrès de Bakou (1920) et aux thèses de Lénine sur "l'orient avancé" (1913). Dès cette époque les réseaux communistes de pays industrialisés comme la France se mettaient à la remorque de luttes prétendument "nationales" ou "populaires" dirigées par des féodaux et des obscurantistes et ils ont contribué à instaurer des régimes d'oppression, mille fois pire que celle de la colonisation, des sociétés de régression et des économies de misère. Il en reste des traces dans leurs complaisances et leurs sectarismes à l'endroit de ceux qui avaient vu juste lors de ces conflits (2). Ils auront, peut-être, un jour, à en rendre compte devant le Tribunal de l'Histoire, au même titre que les destructeurs de l'Empire romain – si l'on croit au tribunal de l'Histoire.

Mais aujourd'hui nos gouvernants peuvent légitimement, et doivent aussi, tendre la main aux quelques pays ayant pris la mesure du danger, y compris aux kémalistes turcs ou à ceux des dirigeants algériens qui ne veulent pas capituler devant les islamo-terroristes, pour ne citer que ces exemples sentimentalement douloureux pour beaucoup de mes amis.

Je voudrais, pour conclure, recommander un film, "Secret Défense" (3). Celui-ci, certes, ne laissera pas nécessairement une trace immortelle dans l'histoire artistique du cinéma français. Mais il campe assez bien la situation. Il dénonce assez clairement la menace. Et il exprime assez exactement le sentiment que l'on doit partager. On ne peut que saluer le fait exceptionnel, le fait en quelque sorte nouveau, que le cinéma français prend la défense des Français, – Français de toutes origines dois-je le signaler, – face à un danger qui nous concerne tous et dans une guerre où les services français ne semblent pas si mauvais que cela malgré la modestie des moyens que chichement la république se sent en mesure de leur attribuer. Le fait se manifeste de manière hélas suffisamment rare pour qu'on doive le signaler.

JG Malliarakis

Notes

1. Je crois m'être expliqué à plusieurs reprises sur cette question et notamment sur Lumière 101 dans l'émission du 15 octobre 2007.
2. Je citerai au moins le nom de Jules Monnerot et son livre prophétique sur la Guerre en question".
3. Réalisé par Philippe Haim avec Gérard Lanvin, Vahina Giocante, Nicolas Duvauchelle

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Comments

[Rédigé par : le chafouin]

Je trouve étrange que vous signaliez la menace islamiste alors que tous les spécialistes semblent indiquer que cette menace d'attentat ne ressemble justement pas à ce que les groupes terroristes islamistes ontl'habitude de faire!

Petite réponse au Chafouin...

J'ai écrit mon texte à 14 heures le 16 décembre alors que l'on ne disposait que des premières dépêches AFP et je notai dès le départ les réserves d'Alliot-Marie.

Et en fait ce qui m'intéressait était de parler d'un film vu la veille.
Je maintiens que la France est en guerre avec l'islamo-terrorisme.
[Allez voir le film "Secret Défense" que j'avais vu la veille... Ce n'est certes qu'un film... Dans le passé les islamistes ont posé des bombes très réelles en France...]
Je ne souhaite qu'une chose : que ce ne soit pas une vraie menace, cette fois-ci.
Mon propos était de rappeler qu'il existe un danger. ce que je trouve étrange ce serait plutôt de vouloir le nier.
Merci de votre lecture vigilante et indulgente.

[Rédigé par : PJG]

Juste, si vous le permettez, une petite remarque marginale, concernant l'implication selon les appartenances philosophiques où vous citez : chrétiens, francs-maçons, athées, juifs etc...
Simplement pour dire que l'appartenance maçonnique n'a,selon nous, aucune raison d'être citée à ce propos, puisqu'elle peut s'inscrire en tout homme "croyant", tout simplement.

[Rédigé par : armelle de Scitivaux]

Je crois que je vais aller voir "Secret défense".
Merci de la suggestion.