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Dans la crise actuelle, les pays qui s'en sortiront le mieux se révéleront finalement ceux dont les gouvernements auront adopté les mesures les moins contraignantes, les moins subventionnnaires, les moins interventionnistes et surtout les moins protectionnistes.
De ce point de vue, les vraies nouvelles mondiales en cette grise fin de semaine de novembre ne sont pas venues de Washington, mais d'une métropole beaucoup plus discrète située au cœur de l'Amérique latine, à Lima.
S'y réunissaient les dirigeants des 21 pays riverains de l'océan Pacifique dans le cadre du Forum de coopération connu sous le sigle APEC.
Cette organisation représente aujourd'hui 61 % du produit de l'économie mondiale et 47 % du commerce international. Mais, celui-ci étant évalué en tenant compte des échanges intérieurs à l'espace européen, il convient de prendre avec précaution l'approximation du poids relatif car elle englobe des opérations certes transfrontalières mais sur des lignes désormais toutes théoriques séparant la plupart de nos États respectifs. Si l'on se fonde sur cette réserve non négligeable, il se peut que la part véritable de l'APEC atteigne en fait les 2/3 des véritables transactions à l'exportation et à l'importation réalisées dans le monde.
En tout état de cause, rien ne pourra plus jamais s'élaborer quant à l'ordre des relations économiques internationales sans les partenaires asiatiques.
Si les vieux pays industriels d'Europe et d'Amérique du nord imaginaient des formules protectionnistes, ces dernières se retourneraient contre nos peuples et accéléreraient leur décadence.
Or, les relents fétides de la démagogie syndicaliste américaine sont venus se répercuter cette année dans la campagne présidentielle et législative des démocrates. Certes, après avoir laissé entendre qu'il renégocierait les accords avec le Canada et le Mexique, le candidat Obama a su se replier dans une certaine prudence. Mais sa rivale Hillary Clinton n'a jamais hésité devant les concessions à ce qu'on considère comme des lobbies corporatifs, des intérêts sectoriels ou des bureaucraties syndicalistes, mais qu'on pourrait tout aussi bien désigner par leur vrai nom : les mafias. Et les résultats catastrophiques de l'industrie automobile, dont les causes remontent à bien plus loin que l'actuelle crise financière, risquent fort par ailleurs de servir de prétexte aux pires sottises dans les mois à venir.
La nécessité de faire face à la montée des tensions protectionnistes ne devrait donc échapper à aucun responsable économique. Et voici ce que les membres de l'APEC ont déclaré ce 22 novembre dans la capitale péruvienne :
"Nous réaffirmons notre ferme conviction que les principes du libre marché, du libre-échange et du régime d'investissements continueront de favoriser la croissance mondiale, l'emploi et la réduction de la pauvreté." (1)
Une telle prise de position mériterait d'être renforcée par l'évocation de son contexte. Elle contredit explicitement tous les espoirs que certaines dictatures latino américaines comme le Venezuela et les autres petits émules de Chavez et admirateurs de Castro, investissent eux-mêmes dans le retour et le renforcement des pratiques de transactions internationales étatisées. L'utopie de Marx et Engels s'est toujours exprimée dans les faits prioritairement par le monopole du commerce extérieur et cela n'a pas changé. Il a fallu un demi-siècle au monde libre pour triompher de cette doctrine esclavagiste et liberticide. Elle-même avait été érigée en mot d'ordre impératif en 1947 quand Staline imposa aux pays européens alors occupés par l'Armée rouge de renoncer au plan Marshall. À l'échelon mondial ce système n'a été officiellement éliminé que par les accords de Marrakech de 1995.
Rappelons que la première grave erreur de GW Bush, et nous l'avions souligné à l'époque (2) avait consisté pour de microscopiques raisons électorales dans le Dakota du sud, d'opérer un accroc dans la solide doctrine de liberté adoptée par son pays depuis le Kennedy round et même dès les premiers accords du GATT.
Indépendamment du bilan global que l'on pourra tirer, au regard de l'Histoire, du double mandat du président américain sortant, on doit quand même saluer le fait qu'à Lima en novembre 2008, pour sa dernière intervention en tant que représentant de la plus grande puissance du monde il aura fait amende honorable en plaidant "in fine" pour la liberté du commerce.
Hélas, pendant ce temps, ici certains nous chantent les mérites d'un "Fond souverain à la française" et de diverses billevesées étatistes, subventionnnaires et monopolistes. De ces idées fausses une crise bien réelle et une stagnation bien durable sortiraient, inéluctablement, dans la mesure où les fantasmes de nos politiciens peuvent malheureusement exercer leur influence néfaste dans les affaires du monde.
JG Malliarakis
Notes
- cf. AFP du 23 novembre à 16 h 48.
- cf. L'insolent du 3 avril 2002
Et pourquoi pas une petite ligne de publicité de bon goût…… pour les Éditions du Trident
Vient de paraître
LA FIN DE L'EMPIRE D'OCCIDENT
Le Ve siècle, si oublié, si lointain, et cependant si proche du nôtre,
à tant d'égards, représente une période essentielle dans l'histoire de
l'Europe. L'effondrement de la partie occidentale de l'empire romain ne
s'y résume nullement en une simple “conquête barbare". De nombreux
facteurs entrent en ligne de compte et notamment la décomposition de la
société. Le parti pris des hommes des Lumières, relayé par celui des
historiens marxistes, a construit un certain nombre de mythes. Grand
spécialiste de la Gaule et de l'Antiquité tardive, Amédée Thierry
répond, non par l'Histoire idéologique, mais par des faits, sur la base
de sources solides, dans une langue claire.
Fascinante se révèle la survie de cet empire qui n'en finit pas de
mourir : "Les rouages administratifs continuèrent à fonctionner. Les
lois restèrent debout ; les coutumes séculaires ne furent point brisées
; enfin le vieil attirail des césars environna le mi-patrice sous les
lambris du palais de Ravenne. Odoacre eut un préfet du prétoire, un
maître des milices, un questeur pour préparer ses lois ou les rapporter
au sénat, etc." ••• 370 pages 25 euros ••• Pour commander ce livre •
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LE PÉRIL SOCIALISTE
par Vilfredo PARETO
préface de Georges Lane.
Vilfredo Pareto ne fut pas seulement le père de la sociologie moderne.
Ingénieur brillant, puis directeur des chemins de fers italiens, ses
écrits remarqués lui vaudront d'enseigner l'économie à Florence, puis
de succéder à Walras dans sa prestigieuse chaire de l'université de
Lausanne.
Dans ces écrits, il souligne, après la période romantique de
l'unification de l'Italie, combien les réseaux de pouvoirs
interviennent de plus en plus dans la banque, dans la "protection"
démagogique de l'industrie nationale, ayant pour effet de la détruire,
et de provoquer le marasme du pays. Et le socialisme d'État alimente le
“péril socialiste”. Sa formation technique et scientifique permet à
l’auteur de donner des preuves tangibles des faits qu'il analyse ainsi.
Or, les lois qu'ils dégage, et de son observation, et de sa
connaissance de la théorie économique, s'appliquent singulièrement à
l'Europe contemporaine et aux fausses solutions que les politiques
imaginent d'apporter aujourd'hui à la crise. ••• 426 pages 29 euros •••
Pour commander ce livre • par correspondance : ••• vous pouvez imprimer notre catalogue en pdf et un bon de commande
Je partage votre inquiétude quant à la médiocrité de la réponse. Je suis presque terrifié du retour triomphant du gaullisme étatique qui a pétrifié l'esprit de la nation jusqu'à la faire basculer dans le gouffre de la social-démocratie honteuse. "Une petite Union soviétique qui a réussi", disait à la presse pragoise Vaclav Havel de retour de son premier voyage officiel en France.
Mais d'un autre côté, dans un pays où l'esprit d'entreprise est suspect et systématiquement puni, il n'y a pas d'alternative à la prise en charge des veaux. Le pays réel mérite son pays légal.
Rédigé par : Catoneo | lundi 24 nov 2008 à 18:45
"fonds souverain à la française" ?
Il est permis de s'interroger sur ce nouveau concept : par quoi sera-t-il alimenté, sinon par nos impôts ? A quoi servira-t-il, sinon à soutenir des canards immanquablement boiteux ?
Les fonds souverains des pays où il en existe (Dubai, Chine, Norvège) sont, quant à eux, alimentés par les recettes budgétaires de l'Etat concerné, en prévision de jours moins favorables. De quelles recettes la France peut-elle s'enorgueillir, au point de pouvoir puiser dedans pour alimenter un prétendu "fonds souverain" ?
Le véritable fonds souverain français, ce sont toutes les actions détenues par les Français, mais ça, "on" se garde curieusement de le dire... Encore un effort, M. Sarkozy, pour faire tomber les tabous !
Rédigé par : Pierrot de la Luna | vendredi 28 nov 2008 à 22:34