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Au moment où ces lignes étaient écrites Ségolène Royal réunissait ses représentants dans les salons du Sénat.
Le 6 novembre, leur motion est arrivée en tête du vote des militants socialistes. Elle dispose, nous assure-t-on, d'un appareil de sympathisants actifs, un par département. Et elle les a convoqués, car il va s'agir pour eux de trouver un accord majoritaire dont émanerait alors le nom d'un candidat au poste actuellement occupé par François Hollande, et qui correspond à la gestion du parti, non à sa figure de proue électorale.
De telles tractations précèdent en effet le congrès de Reims du 14 novembre, qui sera suivi de l'élection d'un nouveau premier secrétaire le 20.
En cette occasion, bien entendu sa garde rapprochée formée des anciens trotskistes embourgeoisés tels David Assouline ou Julien Dray, ou d'un Vincent Peillon, lui-même eurodéputé, mais adversaire en 2005 de la Constitution européenne, affirme à l'envi que Mme Royal "reste absolument légitime pour postuler" à la succession de François Hollande, tout en préparant en sous-main d'autres hypothèses. Dray, sur Canal +, propose ingénument ses services : "Ça peut être moi". Les partisans de Martine Aubry, quant à eux, attendent des "propositions politiques pour tenir compte du vote de jeudi en faveur d'un renouvellement ancré à gauche". Il existe en effet diverses solutions interchangeables et un revenant nommé Harlem Désir, s'exprimant sur Europe N° 1, imagine un axe Delanoë-Aubry : "il n'est peut-être pas trop tard pour que ceux qui, sur le fond, ont des conceptions communes puissent essayer de les faire avancer dans ce congrès". Délicieux. Mme Aubry occupe, nous dit-on encore, "une position centrale" sur l'axe droite-gauche au PS. Et Peillon, affirme-t-on, pencherait pour un accord avec Martine Aubry, etc.
Libération publiait ce 10 novembre un sondage Viavoice selon lequel "Ségolène Royal ferait pour 51 % des Français un bon chef du PS.
Cette affirmation fait sourire et sa diffusion par le journal ex-gauchiste moribond laisse perplexe. Durant la semaine écoulée en effet, celle qui précédait la fabrication d'une telle étude, 4 évaluations concordantes de la popularité réelle, et de la crédibilité politique de Mme Royal donnent des chiffres beaucoup plus modestes.
Citons :
1° d'abord le vote des adhérents eux-mêmes le 6 novembre ne donnent qu'une avancée toute relative à la "motion Royal", elle-même fourre-tout de préoccupations radicalement contradictoires : elle obtenait certes 29 % mais elle devance à peine Delanoë (25 %) Aubry (24 %) et Hamon (19 %).
2° le sondage IFOP publié le 9 novembre, semble établir qu'elle ne fait figure de personnalité de gauche préférée que pour 26 % des sympathisants PS, et pour seulement 23 % des sympathisants de gauche comme "leader de la gauche" face au candidat sortant. Réalisée au lendemain du vote des militants du PS sur les motions, cette étude place Pratiquement à égalité Dominique Strauss-Kahn et Bertrand Delanoë (21 % des sympathisants socialistes, et respectivement 18 et 19 % des sympathisants de gauche). Martine Aubry obtient 11 % aussi bien chez les sympathisants socialistes que de gauche, derrière Olivier Besancenot (12 % chez les sympathisants socialistes, 20 % chez les militants de gauche). Benoît Hamon recueille 6 % dans les deux échantillons.
3° Mais, sur l'ensemble des Français, c'est bien Dominique Strauss-Kahn qui arrive en tête des hommes politiques de gauche (27 %) devant Bertrand Delanoë (21 %), Ségolène Royal (17 %), Olivier Besancenot (13 %), Martine Aubry (9 %) et Benoît Hamon (6 %).
4° un avis encore plus révélateur : celui des lecteurs du Monde. Selon eux, sur 28 627 votants, l'arrivée en tête de la motion de Ségolène Royal lors du vote des adhérents socialistes … "doit avoir pour conséquence de la faire accéder au poste de première secrétaire du Parti socialiste". Tel semble le point de vue de 25.3 % des lecteurs du Monde… ou bien l'absence de majorité doit conduire à rechercher un candidat acceptable par les autres motions, ce que pensent 64 %... Très honnêtement ayant moi-même voté j'ai rejoint le nombre finalement restreint des 10.7 % sans opinion sur le sujet. Res inter alios.
M. Hollande soutenait la motion du maire de Paris Bertrand Delanoë et il estime désormais que "les Français ont besoin d'un PS uni et fort avec une direction renouvelée et capable de porter une opposition crédible et utile à même de préparer l'alternative".
Le double paradoxe porte en fait sur l'alliance avec les centristes du MODEM, condition désormais incontournable de l'alternance à l'horizon 2012.
Aspiration non-dite, et toujours inassouvie, de la Mitterrandie depuis un quart de siècle cette formule n'a été effectivement proposée par personne et cependant son spectre a provoqué dès maintenant le départ de M. Jean-Luc Mélenchon, sénateur de l'Essonne et ancien camarade de Julien Dray, lui-même député du même département. Mélenchon pense aux élections européennes de 2009, à l'alliance avec ce qui reste du PCF, etc.
Le deuxième aspect tient à al personnalité même de Mme Royal : sa motion fabriquée de bric et de broc avec des gens qui aspirent à des choses entièrement contradictoires prétend "pencher à gauche", face à Delanoë supposé pro-centriste, alors qu'au fond – si tant est qu'on puisse parler d'un fond s'agissant de la sottise et de l'ignorance des dossiers de la présidente de Poitou-Charentes, – elle se situe à peu près sur la même ligne que l'actuel maire de Paris.
Le rejet de Ségolène demeure donc un de donnée bien compréhensible. "Dans l'état actuel des choses, il est impossible de s'allier avec Ségolène Royal": cet avis signé de M. Claude Bartolone, député de Seine-Saint-Denis, peut être partagé par chacun.
Artificiellement montée en épingle cette candidate reste la e alliée de ceux qui désireraient assurer confortablement un deuxième mandat quinquennal au vainqueur de 2007. Qu'on se souvienne de toutes ses bourdes.
Quant à ceux qui critiquent dans tous ses faits et gestes l'actuel chef de l'Etat on pourrait leur demander de se figurer ce qu'ils penseraient d'une Mme Royal à la présidence de la République. Vous avez ronchonné au remariage du président ? Vous adoreriez le prince consort qu'on nous sortirait d'une pochette-surprise ! Imaginez aussi la crise géorgienne, la tourmente financière ou la présidence de l'Union européenne assumée par sa Ségolitude.
Ségolène revient-elle ? Une seule réaction possible. Au secours. Halte au sketch.
JG Malliarakis
Vient de paraître
LA FIN DE L'EMPIRE D'OCCIDENT Le Ve siècle, si oublié, si lointain, et cependant si proche du nôtre, à tant d'égards, représente une période essentielle dans l'histoire de l'Europe. L'effondrement de la partie occidentale de l'empire romain ne s'y résume nullement en une simple “conquête barbare". De nombreux facteurs entrent en ligne de compte et notamment la décomposition de la société. Le parti pris des hommes des Lumières, relayé par celui des historiens marxistes, a construit un certain nombre de mythes. Grand spécialiste de la Gaule et de l'Antiquité tardive, Amédée Thierry répond, non par l'Histoire idéologique, mais par des faits, sur la base de sources solides, dans une langue claire. Fascinante se révèle la survie de cet empire qui n'en finit pas de mourir : "Les rouages administratifs continuèrent à fonctionner. Les lois restèrent debout ; les coutumes séculaires ne furent point brisées ; enfin le vieil attirail des césars environna le mi-patrice sous les lambris du palais de Ravenne. Odoacre eut un préfet du prétoire, un maître des milices, un questeur pour préparer ses lois ou les rapporter au sénat, etc." ••• 370 pages 25 euros ••• Pour commander ce livre • par correspondance : ••• vous pouvez telécharger et imprimer notre catalogue en pdf et un bon de commande
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Vilfredo Pareto ne fut pas seulement le père de la sociologie moderne.
Ingénieur brillant, puis directeur des chemins de fers italiens, ses
écrits remarqués lui vaudront d'enseigner l'économie à Florence, puis
de succéder à Walras dans sa prestigieuse chaire de l'université de
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Dans ces écrits, il souligne, après la période romantique de
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interviennent de plus en plus dans la banque, dans la "protection"
démagogique de l'industrie nationale, ayant pour effet de la détruire,
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“péril socialiste”. Sa formation technique et scientifique permet à
l’auteur de donner des preuves tangibles des faits qu'il analyse ainsi.
Or, les lois qu'ils dégage, et de son observation, et de sa
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