Vous pouvez écouter l'enregistrement de cette chronique sur son lien permanent sur le site de Lumière101.com
M'étonnant du peu d'intérêt, peut-être même de l'ignorance des médiats parisiens à ce sujet, j'ai cru bon aujourd'hui de signaler un fait très important qui se développe en Europe centrale : du fait de la signature à Londres ce 19 septembre d'un accord Prague-Washington sur l'implantation d'une base radar américaine. Sur cet accord intitulé Sofa [Status of Force Agreement] je n'ai pas trouvé de références, par exemple, sur le site du Monde
On doit rappeler aussi qu'au 1er janvier 2009, la Tchéquie succédera à la France à la présidence tournante de l'Union européenne.
Voici les deux informations publiées à ce sujet les 22 septembre, et antérieurement le 11 septembre par l'agence tchèque :
Signature de l’accord SOFA relatif au séjour des soldats américains dans la future base radar sur le sol tchèque [22 septembre 2008 à 14 h 13 par Jaroslava Gissübelova]
L’accord SOFA relatif au séjour des soldats américains dans l’éventuelle future base radar américaine sur le sol tchèque a été signé vendredi [19 septembre] par la ministre de la Défense de République tchèque Vlasta Parkanova et le secrétaire d’Etat américain à la Défense Robert Gates. La signature a eu lieu dans le cadre d’une rencontre des ministres de la Défense de l’OTAN à Londres.
SOFA est le deuxième accord nécessaire pour l’édification d’une station radar américaine dans le terrain militaire de Brdy, en Bohême de l’ouest et ses négociations ont pris 16 mois.
On écoute la ministre :
« Nous renouons avec la signature apposée par les chefs de la diplomatie tchèque et américaine, Karel Schwarzenberg et Condoleeza Rice, le 8 juillet dernier, à Prague, au bas de l’accord principal. La durée des négociations sur l’accord complémentaire témoigne de ce que nos délibérations étaient dures, correctes et que les deux parties ont réussi à imposer leurs revendications. »
Le texte de l’accord SOFA - Status of Forces agreement, comprenant 34 articles, a été publié ce lundi [22 septembre] par le ministère de la Défense. Il en ressort que la République tchèque conservera la souveraineté et les droits de propriété sur le territoire ainsi que sur des installations et bâtiments édifiés par les Etats-Unis sur la base. Le personnel américain à la base sera soumis à la juridiction tchèque, hormis les actes commis lors de l’exercice du service ou ceux allant contre les biens, la sécurité et le personnel des Etats-Unis. Une seule concession faite du côté tchèque : les impôts. Les fournisseurs de services et de matériels importés et fabriqués aux Etats-Unis seront exonérés de l’impôt (en premier lieu la TVA) en République tchèque.
Pour qu’un radar puisse réellement être installé sur le terrain militaire de Brdy, il nécessite une approbation du parlement tchèque. L’examen des deux accords relatifs à son implantation sera ouvert en octobre. L’opposition représentée par le parti social-démocrate et les communistes a déjà fait savoir son non au radar.
La signature de l’accord SOFA a suscité une nouvelle critique de Moscou. L’ambassadeur russe auprès de l’OTAN, Dmitri Rogozine, y a réagi en déclarant à l’agence CTK que « si une station radar était installée en République tchèque, la Russie serait contrainte de réagir, et en indiquant que le gouvernement tchèque a vendu la sécurité de son peuple en échange d’un nouveau jouet - la défense antimissile. Vlasta Parkanova a émis le souhait que la partie russe reconnaisse que le bouclier n’est pas orienté contre elle, et elle a réaffirmé la préparation de la RT à accueillir sur la future base les visites de représentants russes.
Outre l’accord SOFA, le chef du Pentagone et la ministre de la Défense tchèque ont signé une déclaration de coopération stratégique qui concerne trois domaines principaux : l’échange d’informations, la coopération dans l’industrie de la défense et dans le domaine politique et militaire. Des projets concrets font l’objet de négociation. Dans ce contexte, on parle d’achat avantageux de deux avions militaires américains Hercules.
Adoption de l’accord sur le fonctionnement du radar américain en Tchéquie
[11 septembre 2008 à 14h52 par Alain Slivinsky]
L’accord concernant le fonctionnement de la base radar américaine, qui devrait être implantée sur le territoire tchèque, et les conditions du séjour de son personnel américain a été adopté, mercredi [11 septembre], par le gouvernement tchèque.
Quelles sont donc les stipulations de cet accord mieux connu sous le nom de SOFA ?
Deux questions ont fait l’objet de longues discussions entre la Tchéquie et les Etats-Unis : de quelle juridiction les membres du personnel militaire et éventuellement civil américain relèveront-ils et à qui les sociétés américaines et leur personnel paieront-ils leurs impôts ? Il a été convenu que tout le personnel américain de la base radar sera soumis à la juridiction tchèque, exceptions faites des délits ou crimes commis en service par les Américains et des crimes contre la sécurité et les biens des Etats-Unis ou contre un autre membre du personnel américain de la base. Même dans ces cas, pourtant, la partie tchèque pourra demander à la partie américaine de ne pas appliquer son droit de priorité en matière de justice. La ministre de la Défense, Vlasta Parkanova, a fourni des détails sur d’autres questions :
« L’espace occupé par la base radar sera toujours considéré comme une partie du territoire de la République tchèque. Tous les biens immobiliers construits sur la base par les forces armées des Etats-Unis deviendront la propriété de la République tchèque à leur arrivée à terme. En ce qui concerne la sécurité, elle est garantie à l’extérieur de la base par la République tchèque, à l’intérieur par les Etats-Unis. »
En matière de sécurité, ajoutons encore que le personnel de la base sera muni de cartes d’indentification tchèques, que l’accord stipule aussi les conditions de la poursuite en justice des citoyens américains par contumace, de la coopération au cours d’une enquête policière, de la mise en état d’arrêt et d’une éventuelle détention. Alors que l’accord principal sur l’implantation de la base américaine en Tchéquie a été signé au début de l’été, la signature de l’accord SOFA a été retardée par la question de l’imposition des sociétés américaines et de leurs employés. Un compromis a été trouvé : l’exonération d’impôts (il s’agit surtout de la TVA) ne touchera que les entreprises et leur personnel qui paient des impôts du même genre aux Etats-Unis. Tous les autres fournisseurs seront soumis à la fiscalité tchèque. L’armée américaine devrait encore s’efforcer, « dans la mesure du possible », d’utiliser les services des fournisseurs tchèques à condition qu’ils soient compétitifs face à leurs homologues américains. L’accord SOFA stipule même les conditions du droit à la grève du personnel de la base. Il devrait être signé par les deux parties le 19 septembre à Londres.
J'ajoute que ceux de mes lecteurs qui iraient sur l'enregistrement audio installé sur le site Lumière 101 du fait de la controverse opposant la diplomatie tchèque au ministre russe des affaires étrangères M. Sergeï Lavrov.
Voilà qui, hélas, et que cela plaise ou non, ressemble beaucoup au temps de la guerre froide.
JG Malliarakis
Et pourquoi pas une petite ligne de publicité de bon goût…… pour les Éditions du Trident
Il plairait effectivement
à certains (aussi bien à
l'Est qu'à l'Ouest, d'ailleurs) de nous "rejouer" la Guerre froide...afin de justifier
rétroactivement l'utopie cosmocratique des
uns et les phantasmes
impériaux des autres.
Mais ce sont les petits
Etats dont les dirigeants
auront commis la criminelle
erreur de se vassaliser
à l'un ou l'autre des "Grands", qui devront en
payer le prix.
A bon entendeur - et lecteur - salut !
Rédigé par : Denis | mercredi 24 sep 2008 à 01:55
Bonjour, oui, mais peut être faudrait il considérer que les tchèques ont peur de la Russie... mais alors pourquoi se tourner vers les américains? Ils sont en Europe... de quoi se demander si sa construction n'est pas un peu balbutiante et un peu trop portée sur les nouvelles institutions et taxes. La Tchéquie a peut être touché un très gros chèque. Ce méli-mélo valse-hésitatif est bien curieux, je reste bien songeur...
Rédigé par : minvielle | mercredi 24 sep 2008 à 03:02
>
Bonjour.
Une peur peut en cacher une autre.
Qu'est-ce que "L'europe" un continent géographiquement parlant. Une entité civilisationnelle assurément et pluri-culturelle évidemment.Mais politiquement et surtout militairement,c'en est où exactement ?
Un "machin" qui voudrait être et exister diplomatiquement par association de faiblesse et de renoncement ?
C'est sans doute le poids de l'histoire ( prémices de la
2ème guerre mondiale ) qui fait redouter aux Tchèques comme aux Polonais une nouvelle euh... comment dirais-je... "trahison" de la part de ceux qui sont considérés comme étant au coeur de ce devrait être la défense européenne, suivez mon regard...
Le débat sur l'Afghanistan, en France, est très parlant à ce sujet.
Le concept (inepte)de guerre zéro mort cher aux américains semble faire des émules.
Sauf que eux font en sorte de se doter de ce dont ils ont besoin pour faire la guerre et ils tirent les premiers...souvent et sans compter.
Le budget munition est dit-on sans limite.
Nos soldats, dixit la rumeur, n'ont pas eu cette chance parait-il là-bas au pays des fiers pachtouns qui ne sont en paix que lorsqu'ils sont en guerre, dit le dicton.
alors défendre les Tchèques.....contre la... Russie ???
Cordialement
Rédigé par : Claude | jeudi 25 sep 2008 à 17:53