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Dans un entretien à Libération publié le 5 septembre Vincent Peillon a mis d'une certaine manière les pieds dans le plat.
La véritable thèse sur laquelle travaillent les gens sérieux s'énonce de la manière suivante : si demain l'alternance devait replacer les socialistes au pouvoir, cela ne peut se concevoir qu'en alliance avec les centristes. Cela ne devra plus jamais donner leur chance ni aux produits de l'extrême gauche, ni au reliquat du parti communiste.
Certes il faut voir de quelles circonlocutions, de quelles prudences s'entoure le député européen Peillon, notoirement partisan de sa ségolitude. Bien entendu il reproche au fondateur du Modem de ne pas s'être rallié à la candidate de la gauche au second tour de 2007. Ah, juge sévèrement notre expert, s'il "avait été cohérent, il aurait dû soutenir Ségolène Royal au second tour de la présidentielle. C'était la clé pour battre Sarkozy".
Or cette clé n'a pas fonctionné car elle n'ouvrait rien.
Pour lire l'entretien dans des conditions correctes, il faut le débarrasser d'un certain nombre d'affirmations construites en langue de bois, destinées à faire semblant de croire toujours à la gauche pure et dure.
"Sur le plan électoral,croit-il pouvoir constater, les résultats aux municipales et aux législatives n'ont pas apporté la preuve d'un déracinement du socialisme.(…) Je pense que le socialisme, si on veut bien ne pas le caricaturer, et à condition qu'il se ressource à la tradition socialiste républicaine française, est une idée extrêmement moderne. (…) Et de conclure son raisonnement par cette affirmation navrante : Nous restons les mêmes(…)Mais on doit extraire de toute cette gangue la phrase clef suivante : "il faut cesser l'hypocrisie de ceux qui désignent le Modem comme le mal absolu, le symbole de la dénaturation du socialisme".Car, en conclusion : "si l'on veut battre la droite de Sarkozy, il faudra bien entrer dans un débat sincère qui pourrait à terme déboucher sur un contrat de gouvernement."
Bien évidemment, les gens comme Vincent Peillon ne peuvent s'empêcher quand ils parlent d'un tel débat sincère de lui assigner d'avance son terme. Ils utilisent les pauvres instruments d'une rhétorique extraordinairement ringarde, à tel point qu'on se demande s'il y croit, à ce qu'il appelle
"former un nouveau camp des progressistes, attaché notamment aux progrès démocratiques, économiques et sociaux dans un pays où la pauvreté augmente, où les protections sont mises à l'encan et où les services publics, comme la Poste, sont durement attaqués".
Tous les socialistes, à commencer par Vincent Peillon disposent d'informations parfaitement éclairantes sur l'état de leur propre mouvement. Notre homme a bel et bien déclaré le 1er septembre sur RMC, que son parti doit
"sortir de sa direction une dizaine d'individus qui sont éternellement malfaisants, qu'on connaît, qui ont été de toutes les combines, qui sont assis au secrétariat national depuis 25 ans et qui sont généralement ceux qui font les constructions les plus compliquées dans les avant-congrès. Ils doivent maintenant prendre gentiment leur retraite (…) Cela fait 25 ans qu'ils pourrissent la situation, ça fait 25 ans qu'ils font des combinaisons, ça fait 25 ans qu'ils trahissent leurs propres amis, je pense qu'on peut faire sans eux (…)[il ne donne pas de noms mais il estime qu'] ils se reconnaîtront. et le même homme de juger ainsi certains de ses camarades(...)Claude Bartolone est sans doute un mécanicien qui devrait prendre un peu de repos". Quant à Laurent Fabius, aujourd'hui rapproché de Madame Aubry, il devrait arrêter de changer d'avis tous les deux ans et de fomenter des combinaisons invraisemblables."
Toutes ces intenses confrontations de personnes dénotent la fin des idées socialistes d'autrefois, celles sur la base desquelles Mitterrand avait construit l'échafaudage d'Epinay cuvée 1971. Et malgré leurs professions de foi artificielles et passéistes, auxquelles plus personne n'adhère, les socialistes devront intérioriser leur propre rupture avec les mythes soixante-huitards, incluant l'alliance avec le soi-disant parti de la classe ouvrière.
Au lieu de croire possible de fustiger ce que les cénacles pseudo-intellectuels français appellent, sans y réfléchir, l'ultra libéralisme, les véritables formes de l'opposition de demain se baseront plutôt sur la défense des libertés.
Ne doit-on pas tenir pour paradoxal en effet que le ministre de la défense M. Hervé Morin, à défaut de se distinguer par son illustration de la solidarité ministérielle pose, dans l'affaire paradigmatique du fichier Edvige, les bonnes questions à l'État-Moloch, ce tout puissant et destructeur Léviathan moderne, le plus froid, disait Nietzsche dans le célèbre chant de Zarathoustra, de tous les monstres froids.
Revenir sur 35 ans de socialo-communisme à la française ne se fera certes pas sans déchirement. Mais les socialistes doivent bien mesurer ceci : tant qu'ils n'opéreront pas cette révision radicale, tant qu'eux-mêmes ne se prononceront pas pour le camp des libertés, ils conserveront chacun à titre personnel certains fiefs électoraux, peut-être même en gagneront-ils, mais ils rencontreront l'opposition en profondeur, et le rejet bien légitime au plan national, de la majorité du peuple français..
JG Malliarakis
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Souhaitons qu'il reste encore à l'avenir, ce que l'on pourra qualifier de "peuple français".
N'oublions pas que lors de la dernière présidentielle, selon un sondage de sortie d'urne fait par le magazine La Croix, 60% des musulmans ont accordés leurs suffrages au PS.
Je ne suis pas sûr, pour fréquenter journellement un grand nombre de ces gens, tant africains que maghrébins, dans mon milieu professionnel (le transport)qu'ils soient attachés aux mêmes notions de liberté que vous évoquez.
On comprendrai donc difficilement comment cette gauche pourrait se passer de cette manne électorale,qu'il lui faudra aller chercher sur sa "gauche".
Et cela relancera le débat de fond sur ce qu'est "la liberté" dans une société qui se veut "ouverte" mais dans laquelle on s'oriente vers plus de fichage informatique, plus de caméras de vidéo surveillance etc...
La liberté est elle possible dans une communauté humaine non fondée sur un lien identitaire unissant les individus ?
Madame Royale ne semblait pas être préoccupée par le sujet lorsqu'elle déclarait que faire l'amalgame entre immigration et identité nationale était ignoble.
Et faire remarquer que nombreux parmi ces gens proviennent de sphères culturelles dans lesquelles "la liberté" n'est pas pensée et vécue selon nos principes, c'est quoi........ignoble.
Ils ont peur de la "liberté" car elle peut pousser des humains à concevoir de se battre pour la conserver, ou la conquérir.
Je ne suis pas sûr que ces socialistes là soient dans l'erreur, ils me semble qu'ils sont pervers.
Cordialement
Rédigé par : Brisset Claude | lundi 08 sep 2008 à 15:00
Cher Claude, je ne dirai pas pervers, en tout cas pas plus que les autres... plutôt opportunistes...mais malgré les appels du pied à M. le Modem de droite à gauche, le gros monstre mangeur de voix ressemble à un cachet d'aspirine dans un gros bocal d'eau... N'oublions pas qu'il appartient à un club de pensée grand-bourgeois. Mais il est là, et grossit, et les deux faux pôles de notre alternance, dénoncée par les postes offerts aux fuyards du clan socialiste, le prennent décidément pour une fille facile! Le gascon ne se laissera pas faire, mais ils parlent de lui gratos... de la pub, encore de la pub... le passeïsme du clan socialo se vérifie dans l'autocritique constante que leurs porteurs de drapeau affectent.. et affectionnent. Quand au bla-bla au rhum et autres tartes à la crème, nous en avons une terrible indigestion, surtout après des "travailler plus pour dormir moins", "je serai le prisident du pouvoir d'aïsha", et tutti frutti! Si Bayrou (prononcer Baillerrrrou et non pas Béru) se fait un trou glorieux, quasi glamour, c'est en ramenant les égarés. Il sont de plus en plus légion dans les autres clubs. Paraphrasons notre cousin germain Niestche, la scène politique française recèle en son sein des monstres désopilants. Dommage que je n'ai pas le goût à rire de leurs morbitudes... PMS.
Rédigé par : minvielle | mardi 09 sep 2008 à 22:34