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En 1670, Louis XIV instituait Bossuet précepteur du Dauphin. À l'intention de son royal élève le grand prélat rédigea son fameux Discours sur l'Histoire Universelle. Ce livre, que personne ne lit plus, s'ouvre sur cette immortelle sentence :
"Quand l'histoire serait inutile aux autres hommes, il faudrait la faire lire aux princes."
Que de fois les maîtres du pouvoir contemporain auraient gagné à se souvenir d'un tel conseil !
Le Grand Dauphin ne régna jamais. Faut-il y voir l'annonce du parallèle qu'aujourd'hui je tenterai d'établir ici avec les dirigeants actuels du parti socialiste ? À la perspicacité des lecteurs et, surtout, à la malice des événements imprévisibles de trancher.
Quelques lignes plus loin l'aigle de Meaux poursuit :
"Si l'on n'apprend de l'Histoire à distinguer les temps, on représentera les hommes sous la loi de nature, ou sous la loi écrite, tels qu'ils sont sous la loi évangélique ; on parlera des Perses vaincus sous Alexandre comme on parle des Perses victorieux sous Cyrus ; on fera la Grèce aussi libre au temps de Philippe que du temps de Thémistocle ou de Miltiade ; le peuple romain aussi fier sous les empereurs que sous les consuls ; l'Église aussi tranquille sous Dioclétien que sous Constantin, et la France agitée de guerres civiles du temps de Charles IX ou d'Henri III aussi puissante que du temps de Louis XIV, où, réunie sous un si grand roi, seule elle triomphe de toute l'Europe".
La troisième et dernière édition publiée du vivant de l'auteur datant de 1700, Bossuet, mort en 1704, ne put jamais mesurer d'ailleurs les conséquences de ce que Saint Simon appelle "la fin du bonheur du Roi". Nous parlons ici, évidemment, de l'acceptation malencontreuse du Testament espagnol. Plus de 25 ans après ses leçons oubliées son élève le Grand Dauphin y contribua passionnément hélas au nom des droits de son fils le futur Philippe V d'Espagne.
Les temps changent, mais "la seule chose qui ne change pas c'est le changement". Décidément aujourd'hui je remugle les citations illustres. Celle-ci date d'Héraclite. Excusez ma fatigue.
C'est promis j'arrête et je redescends dans l'arène parisienne du présent, celle où s'abîment, dans leur valse ridicule les dirigeants du parti socialiste.
Ils tenaient les 30 et 31 août ce qu'on appelle encore leur université d'Été à La Rochelle. Malgré la vacuité probable de l'enseignement prévisible et la déréliction promise des déchirements internes, 4000 personnes, à en croire les gazettes, avaient effectué le déplacement. En vue : le prochain congrès qui se tiendra à Reims et désignera le successeur de François Hollande premier secrétaire du parti.
Pas grand-chose à dire sur le fond du discours : on ne sait toujours pas si les éléphants, eux-mêmes pour la plupart des bourgeois plus qu'aisés, se rallient, par exemple, au projet de RSA. Ils l'ignorent quant à eux, et attendent de prendre connaissance des déclarations de l'adversaire, et plus encore de celles du concurrent. Attention, avant de prendre parti, choisissons bien le camp du vainqueur. Tout se négocie, dirait-on.
Un amusant dialogue, je crois d'ailleurs qu'il faudrait traduire "chat" par bavardage, entre Jack Lang et les abonnés internautes du journal a été publiée en ligne par Le Monde en date du 2 septembre. Titre général : Rentrée scolaire : Jack Lang s'étonne des "silences de l'opposition"
Question d'une lectrice : pourquoi n'y a-t-il eu aucune réaction de l'opposition au sujet de la suppression des cours du samedi matin ?
Jack Lang : C'est une surprise pour moi aussi. Plus généralement, je suis étonné par les silences de l'opposition sur l'ensemble du plan Darcos, qui pourtant met gravement en danger le service public de l'école.
La raison est sans doute que les responsables socialistes sont beaucoup plus préoccupés par leur destin personnel que par l'avenir de l'école. Et c'est bien triste.
Et ça continue : Pensez-vous que la semaine des 4 jours et la réduction du nombre d'heures de cours, sans contrepartie culturelle ou sportive financée par la collectivité, soient une bonne nouvelle pour les zones défavorisées ?
Jack Lang : C'est une très mauvaise nouvelle. La concentration sur quatre jours de l'enseignement est une hérésie pédagogique. Les expériences étrangères les plus réussies, notamment en Scandinavie, montrent que l'étalement sur cinq jours favorise mieux la réussite des enfants. Avec cette mesure Darcos, le nombre de jours d'enseignement sera l'un des plus faibles d'Europe, 145 jours, contre 188 en Finlande, etc.
En somme il existe encore du grain à moudre pour la critique systématique de tout ce que fait le gouvernement. Et tel semble le dur métier des opposants. Mais, commente un abonné du Monde, M. Lang se compte-t-il encore du nombre ?
Il se distingue en tout cas en ne se voulant pas, plus, ou pas encore, candidat à la présidence de la république pour l'année 2012.
Car les autres, tous les autres ne pensent qu'à cela. Et ils n'envisagent rien d'autre pour le pays. Cela va de Hollande à Delanoë, en passant par Martine Aubry, qui revient sur l'eau, Strauss-Kahn, Fabius.
Une seule exception : Pierre Moscovici se porte honnêtement candidat au poste de premier secrétaire sans briguer l'élection présidentielle. Mais tous se sont ligués pour chasser l'intrus qui le commente assez amèrement. "Bien entendu", la perdante à plate couture d'hier Ségolène Royal, candidate de droit divin, boude les débats démocratiques internes. Mais sa ségolitude ne renonce certainement pas à assurer par sa propre nullitude la réélection de son rival d'hier.
Tout ces gens démontrent à l'envi que seule les intéresse la course au pouvoir à titre personnel. Des idées, des projets, des besoins de la France et de l'Europe, on n'entendra guère parler et cela devrait durer jusqu'au congrès de Reims.
À défaut donc de connaître l'Histoire, évidemment incapables et incurieux de mesurer ce que Bossuet appelle "distinguer les temps", c'est-à-dire à percevoir les changements d'époque, et Dieu sait si de l'eau a coulé sous les ponts de la Seine, du Potomac et de la Moskova depuis l'ère Mitterrand, ces gens pourraient au moins se souvenir des fables de La Fontaine et se déprendre de l'habitude qui consiste "à vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué".
JG Malliarakis
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