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On pourra dire cette fois que les mauvais conseillers du Kremlin ont obtenu un brillant résultat quant à leurs relations avec l'Europe, leur principal client. Ne nous fions pas trop, en effet, aux commentaires étranges et préfabriqués de certains médiats en particulier parisiens. Un Conseil européen s'est réuni de manière tout à fait extraordinaire et exceptionnelle ce 1er septembre à Bruxelles, rassemblant hors calendriers les 27 chefs d'Etat et de gouvernements de l'Union. Les conclusions de la présidence, en l'occurrence française ont été publiées beaucoup plus rapidement que d'habitude.
Voici les passages qui m'ont semblé les plus significatifs :
1. Le Conseil européen est gravement préoccupé par le conflit ouvert qui a éclaté en Géorgie, par les violences qu'il a entraînées et par la réaction disproportionnée de la Russie. (…)
2. Le Conseil européen condamne fermement la décision unilatérale de la Russie de reconnaître l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud. Cette décision est inacceptable et le Conseil européen appelle les autres États à ne pas reconnaître ces indépendances proclamées et demande à la Commission d’examiner les conséquences concrètes à en tirer. Il rappelle qu’une solution pacifique et durable des conflits en Géorgie doit être fondée sur le plein respect des principes d’indépendance, de souveraineté et d’intégrité territoriale reconnus par le droit international, l'Acte final de la Conférence d'Helsinki sur la sécurité et la coopération en Europe et les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies..(…)
4. Le Conseil européen se félicite que l'accord en six points obtenu le 12 août sur la base des efforts de médiation de l’Union européenne ait débouché sur un cessez-le-feu, sur un meilleur acheminement de l’aide humanitaire aux victimes, et sur un retrait substantiel des forces militaires russes. La mise en œuvre de ce plan doit être complète.
5. L’Union européenne est prête à s’engager, y compris par une présence sur le terrain, pour soutenir tous les efforts en vue d’une solution pacifique et durable des conflits en Géorgie. (…)
8. Le Conseil européen décide la nomination d’un représentant spécial de l’Union européenne pour la crise en Géorgie et demande au Conseil de prendre les dispositions nécessaires à cette fin. (…)
9. Les événements récents illustrent la nécessité pour l'Europe d'intensifier ses efforts en matière de sécurité de l'approvisionnement en énergie. (…)
Ceci me semble aller bien au-delà de ce qu'indiquent au matin de ce 2 septembre les sites du Figaro et du Monde à la suite de l'AFP de la veille : "Les 27 ont annoncé le report des négociations sur un partenariat renforcé avec la Russie, lundi, lors du sommet extraordinaire sur la Géorgie." (ceci pour le Figaro avec en sous-titre un blog "Calmer le jeu") et pour le Monde cela devient : "L'UE reporte ses négociations avec la Russie".
On se frotte les yeux, et j'avoue me réjouir, à la fois en prenant connaissance du ton ferme et en ayant conscience du consensus nécessaire à la publication de ce texte.
Il contredit en effet toutes les annonces capitulardes faisant croire, à l'avance, à une reculade de l'Union européenne.
Or, ceci venait après ce que la NHK japonaise appelle des "Menaces à peine voilées du président de la Douma en cas de sanctions de l'Union européenne". Le 1er septembre en effet Boris Gryzlov s'exprimait au micro de la radio d'Etat nippone NHK. M. Gryzlov se trouve actuellement au Japon, où il participe à une réunion parlementaire du G8. M. Gryzlov a suggéré que la Russie pourrait restreindre ses exportations de gaz et de pétrole vers l'Europe en cas de sanctions de la part de l'Union européenne. Il l'a fait au moment où les chefs de gouvernement de l'Union européenne s'apprêtaient à se réunir d'urgence afin d'examiner la crise en Géorgie. Faisant remarquer que la Russie fournit l'Europe en pétrole et gaz naturel, Boris Viatcheslavovitch Gryzlov, né en 1950 formé dans les années 1970 à l'école des Komsomols et ancien ministre de l'Intérieur, aujourd'hui président de la Douma a expliqué qu'il serait contraire aux intérêts de l'Europe et de la Russie de perturber des relations qu'il a qualifiées "d'interdépendantes".
On doit donc se féliciter que de telles pressions n'aient pu exercer leur effet. On murmure qu'elles auraient pu influencer ou intimider le ministre social-démocrate allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier. Mais cette réunion avait été organisée par la présidence française au niveau du Conseil européen rassemblant les 27 chefs de gouvernements. On doit s'en féliciter.
Oh certes je déplore que les moyens d'actions, incluant les moyens de défense, ne soient pas plus clairement mis en commun pour une politique plus cohérente.
Qu'on me permette quand même de rappeler à la fois les vicissitudes et les évolutions irréversibles de ce que nous appelons aujourd'hui encore la PESC, politique étrangère et de sécurité commune.
En 1970, pour la première fois, sous l'impulsion de Georges Pompidou, on parlait d'une coopération politique européenne (CPE). Il ne s'agissait alors, entre les 6 pays fondateurs du marché commun, que d'un échange d'informations et d'une concertation au niveau des ministres des Affaires étrangères.
En 1992 l'Europe des 12 ratifie le traité de Maastricht, rédigé de manière très touffue sous l'influence et par les services de Jacques Delors et de Pascal Lamy. Le sigle de Politique étrangère et de sécurité commune est adopté. Il sera confirmé en 1997 par le traité d'Amsterdam. Il recouvre le dispositif d'une coopération qui demeure intergouvernementale et pas encore communautaire.
Cette nuance échappe peut-être à une partie de l'opinion française, mal informée par des journalistes de mauvaise foi, eux-mêmes déconnectés du réel. Mais on doit la tenir pour très importante. Elle se trouve d'ailleurs réaffirmée ce 1er septembre dans le point n° 3 du texte largement cité ci-dessus, mais pas sur cet aspect.
Je reproduis donc ce paragraphe :
3. Le Conseil européen souligne que chaque Etat en Europe a le droit de déterminer librement sa politique étrangère et ses alliances, dans le respect du droit international et des principes de bon voisinage et de coopération pacifique. Il est également légitime que les intérêts de sécurité de chacun soient pris en compte, dès lors que les principes fondamentaux de respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance des États sont respectés.
Au plan des principes on doit rappeler aussi que l'unanimité des dirigeants des 27 États-Membres, malgré les réticences de certains gouvernements comme celui de Prague ou de Londres, a décidé d'avancer.
Cela s'est retrouvé dans les deux traités sur lesquels achoppe actuellement, mais pour d'autres raisons, l'avancée de la construction européenne.
Je veux dire par là que tant le projet de Traité constituant, rejeté du fait des référendums néerlandais et français de 2005, que le traité de Lisbonne, actuellement bloqué par le non irlandais de 2008, contenaient, l'un comme l'autre, des clauses que les campagnes référendaires n'ont guère contestées. Elles tendent à instituer, dans le premier texte un Ministre des Affaires étrangères de l'Union et dans le second un Haut-commissaire devenant vice président. Ceci a par deux fois reçu l'aval de tous les dirigeants d'États.
Et les campagnes rejets qualifiés de"populistes" ne portaient pratiquement pas sur ce qui correspond, tout de même, à une importante délégation de souveraineté.
Certes, actuellement l'Europe demeure artificiellement confinée au très médiocre traité de Nice concocté par MM. Chirac, Juppé et Toubon durant le 2e semestre 2000 sous la cafouilleuse présidence française d'alors.
Mais la politique étrangère et le désir d'une conception commune de la défense de l'Europe progressent dans les faits comme dans les esprits, sous la pression des dangers que nous constatons dans le monde. Disons aussi, sans inutile cocorico, bravo à l'actuelle présidence française qui me semble bien différente de la précédente.
La guerre de Yougoslavie avait beaucoup ébranlé, entre 1991 et 1999, l'idée européenne elle-même.
En 1999 un haut-commissaire a été nommé en la personne plutôt fade de M. Solana.
Son mandat de 5 ans, renouvelé en 2004 se termine l'an prochain.
La désignation de son successeur, grâce au coup de semonce donné par l'intervention brutale et irréfléchie des dirigeants du Kremlin, donnera l'occasion de mieux préciser ses attributions, de désigner on l'espère une personnalité moins effacée et de doter enfin l'Europe des instruments d'une action plus solidaire.
En attendant bravo à la fermeté des 27 et merci, paradoxalement, à la révélatrice grossièreté des vaniteux bureaucrates formés à l'école communiste et encore en poste à Moscou.
JG Malliarakis
Et pourquoi pas une petite ligne de publicité de bon goût…… pour les Éditions du Trident
Ivan Rioufol n'eut pas mieux écrit...
Bravo, cher JGM, pour l'originalité de votre analyse !
Que le monstre mou dénommé
"Union européenne" - comparée par Vladimir Boukovski, pas spécialement "poutinien", à l'heureusement défunte URSS - se montre "ferme"
est en effet déjà en soi
un miracle...
Quel soulagement : cette fermeté s'exerce contre la Russie, et non pas contre l'Iran, la Lybie, le Zimbabwe.
Vive l' "Union occidentale" !
Bienvenue dans "Le Meilleur
des Mondes" !
Rédigé par : Denis | mardi 02 sep 2008 à 17:46
Bonjour à tous... ha ce blog...
Cher JGM, je sens un certain anti-communisme dans vos notes. Il est vrai que certains passeistes donnent du crédit aux interventions musclées à la russe, les chars, Prague, Hongrie... une autocratie violente et primaire. Cela nous paraît dépassé, mais le réel nous plonge dans l'absurdité d'une telle attitude. Sommes nous prêts à tenir la dragée haute à ces arbitres? En sommes nous encore à la biologie des forces? Celle qui élimine les faibles? Il me semble. Construire cette omelette européenne se fera t-elle sans casser d'œufs? Le chantage au gaz ne vous rappelle t-il pas le blocus de Berlin? Tout cela me paraît à moi, profane, et subissant, archaïque. Ce cocorico n'exclut point le danger. Les russes cognent, et très fort. Mais quelle est cette atteinte géorgienne aussi? J'ai du mal à en tirer une conclusion. Interrogations, c'est tout. Déploration de la casse, sûrement.L'animal européen commence à se sentir mal dans son umwelt... citronné fiscalement, il entrevoit de vieux démons, Yougoslavie, Russie, Tchétchénie, Kossovo, etc... trois lettres qui en disent long sur les maux d'une Europe malade, adolescente. Pour une fois, je ne rejoins point votre optimisme. PMS.
Rédigé par : minvielle | mardi 02 sep 2008 à 21:31
Anti-bolchéviste primaire,
héréditaire, secondaire et
crétacé, je ne puis cependant souscrire à la défense de l'intégrité territoriale de la Géorgie que si et seulement si elle vaut également pour la Serbie (sécession illégale et ILLEGITIME du Kossovo et de la Métochie).
Le délire russophobe et serbophobe de l'Union (anti-)européenne creusera
la tombe de la civilisation européenne (ou de ce qu'il en reste).
L'obscénité de la reconnaissance de ce micro-Etat mafieux sera chèrement payée par les valets des euromondialistes : avis
à tous ceux qui n'ont pas compris les "leçons" de 1939 (Prague,Tirana, Memel et Dantzig) et 1945 (Yalta).
A bon entendeur et lecteur,
salut !
Ultime avertissement venu de l'Est...
Rédigé par : Denis | mercredi 03 sep 2008 à 03:26
Bonjour
>
Ah bon,il y a encore un droit international fondé sur de tels principes après l'affaire du Kosovo ????
Quand l'Albanie aura rattachée "l'état" du Kosovo peuplé majoritairement d'albanais à son territoire
comme l'on dit que telle est son intention, ne pourra-t-on pas considérer que par le biais de cette déclaration unilatérale d'indépendance, il y aura eu violation de ce même droit international dans le but de "voler" une partie de la terre de Serbie, bafouant ainsi le principe du respect de l'intégrité du territoire d'un pays ?
Dites moi Mr Malliarakis, c'est moi qui comprend rien, qui suis en manque d'éléments pour éclairer mon jugement sur les temps actuels ou n'y a t-il pas quelque chose qui tourne pas rond dans les beaux discours de ce que Vladimir Bukovsky ,sus nommé, qualifiait "de nouvelle URSS "
Mes propos ne doivent pas être considérés comme étant du "poutinisme",mais il me semble que la langue de bois de l'ex URSS s'est bien exportée au sein du "machin européen".
Ah comme la fermeté de monsieur Sarkozy face à la Russie fait plaisir à voir.
S'il pouvait agir de la sorte face aux ennemis de l'intérieur dont je ne vous ferais pas l'affront de les désigner
Un fervent auditeur de votre libre journal à une époque pas si lointaine.
Cordialement.
Rédigé par : Brisset Claude | mercredi 03 sep 2008 à 05:25
Belles déclarations. Rappelons que la Présidence européenne ne dure que six mois.
Il me semble que l'U.E. sauve la face, rien de plus.
Rédigé par : gros chat | mercredi 03 sep 2008 à 19:33
Je rejoins M. Claude Brisset sur la "posture" de Sarkozy. Faut avouer qu'en face, c'est lourd et dangereux, mais à force de bla-bla... ceci dit, les ennemmis de l'intérieur (son ancien ministère....!), les petits barbares détracteurs de Francité, nous mènent à penser également qu'un coup de balai est à prévoir, au lieu d'opprimer les français, et pire, les françaises, cela n'est point galant, il faut le reconnaître.
Rédigé par : minvielle | mercredi 03 sep 2008 à 23:30
c'est navrant, confondant. D'inculture géopolitique, d'incompréhension des enjeux, de naïveté.Ridicule.
Rédigé par : aramis | dimanche 07 sep 2008 à 20:56
J-G Malliarakis est devenu un européiste pro-yankee et son analyse est fausse et naïve à la fois. Je me souviens d nombre de manifs au début des années 80, où le dirigeant du MNR ( de l'époque ) aimaient à scander "ni trusts, ni soviets" ! Visiblement, il n'a gardé que la dernière partie du slogan. Jean-Gilles, l'URSS est morte en 1991 ! Cesse donc cette fixette ridicule. Seul Poutine est notre dernier salut. Il faut être aveugle pour ne pas le voir. Mais je crains que tu ne sois devenu très... libéral pro-occidental, terme inventé par les USA et sans fondement réel. C'est triste de voir un ex-natio devenir ainsi...
Rédigé par : ruvon | lundi 08 sep 2008 à 12:41
C'est un spectacle désolant de voir tant de nationalistes français, qui pendant des lustres étaient les seuls à dénoncer le communisme pour ce qu'il est, se mettre à adorer les pires de ses criminels, simplement parce qu'ils tiennent aujourd'hui un discours de haine vis-à-vis des étrangers.
"Etrangers" dont, pour ces criminels, nous faisons en outre évidemment partie.
Rédigé par : Sebaneau | vendredi 12 sep 2008 à 13:20
C'est un spectacle désolant
de voir tant de libéraux français, qui pendant des
lustres étaient les seuls
à dénoncer le mondialisme
d'inspiration "fabienne"
(donc anglo-américaine),
se faire les porte-voix
de stratégies suicidaires
(exposées notamment par Brzezinski dans son livre
"Le Grand Echiquier")pour
l'ensemble des nations de souche et de civilisation européennes.
Ensemble civilisationnel
qui comprend - n'en déplaise à certains monomaniaques - les Russes
et les Serbes, malgré le
sinistre héritage du Bolchévisme, dont les mondialistes furent d'ailleurs les actifs complices dès 1920 (fin du Blocus allié de la Russie
soviétique au nom de l'impératif commercial énoncé par Lloyd George).
Soljénitsyne aura été prophétique dans "L'erreur de l'Occident", lequel n'a jamais réellement et conséquemment lutté contre le Bolchévisme, mais contre la Russie.
Rédigé par : Denis | samedi 13 sep 2008 à 01:41
C'est un spectacle plus que désolant de voir certaisn pseudo-nationalistes continuer de voir la Russie comme il y a 50 ans ! Pitoyable, tout comme l'est le triste Touzé, bouffeur de hamburgers à Manhattan, comme il se plait à le dire. Oui, triste, désolant et pathétique. Toutefois, bravo à J-G Malliarakis d'avoir honnêtement accepté de publier mon post, pas franchement à son avantage. Ah, Jean-Gilles, quel dommage que tu sois passé du... "côté sombre" que tu as pourtant si longtemps combattu ! Slava Poutine !!
Rédigé par : ruvon | mercredi 17 sep 2008 à 01:59