Vous pouvez écouter l'enregistrement de cette chronique sur son lien permanent sur le site de Lumière101.com
L'ouverture des commentaires m'a amené à répondre sur l'outil de blogue de l'Insolent à propos des menaces terroristes sur l'Europe
Je vous livre donc une partie du petit dossier qui m'a conduit à écrire ce 28 juillet que "Dans les mois à venir une offensive d'envergure menace l'Europe elle-même et on le dissimule au grand public. Consommation touristique estivale oblige."
Voici donc les 4 points de ma documentation
1. Al Qaïda n'a certainement pas dit son dernier mot
Depuis deux ans, d'anciens militaires et insurgés pakistanais sont venus grossir les rangs des islamo-terroristes. S'inspirant des méthodes de guérilla vietnamiennes, ils prépareraient un nouveau 11 septembre en Europe.
Jusqu'à l'an dernier, les renseignements américains avaient eu vent de plusieurs projets d'Al-Qaida comparables aux attentats du 11 septembre 2001 à New York. Ces plans avaient pour but de renforcer l'impact de l'insurrection talibane en Afghanistan et de la rébellion encadrée par Al-Qaida en Irak. Les détails des prochaines opérations combinées des talibans et d'Al-Qaida sont si jalousement gardés que la plupart des services secrets de la planète ne disposent que de peu d'informations à leur sujet. Il semble toutefois que ces attaques soient inévitables, dans le sillage des récents succès des talibans en Afghanistan.
Avant l'offensive de printemps déclenchée par les talibans en 2006, bien des analystes internationaux avaient annoncé la victoire de la coalition et la fin des talibans en Afghanistan. Or la réussite de leur campagne, il y a deux ans, a ouvert une nouvelle phase. Elle a vu les talibans tirer un trait sur leurs méthodes de guerre tribale et adopter des tactiques modernes de guérilla urbaine importées d'Irak. Au cours de la même période, d'anciens officiers des forces armées pakistanaises, ainsi que des vétérans du djihad au Cachemire [région que se disputent New Delhi et Islamabad et qui connaît une rébellion armée depuis 1989], formés par la cellule Inde des services secrets pakistanais (ISI), ont rallié en grand nombre les camps d'entraînement du Waziristan, dans la Province-frontalière-du-Nord-Ouest. Ils étaient mécontents du tournant pris par la politique pakistanaise, qui impliquait l'abandon des talibans. Avec eux, la pensée stratégique des talibans et d'Al-Qaida s'est ouverte à de nouvelles idées, notamment inspirées par le général Giap et son offensive du Têt, qui avait pris les Américains par surprise en janvier 1968, lors de la guerre du Vietnam.
Les idéologues d'Al-Qaida étaient convaincus que, une fois Islamabad mis hors jeu, la résistance musulmane en Irak et en Afghanistan renouerait avec la victoire en cas de réussite de nouveaux attentats comparables à ceux du 11 septembre 2001 et du 7 juillet 2005 [à Londres]. Tout au long de 2007 et encore en 2008, la nouvelle orientation stratégique d'Al-Qaida, appliquée par les talibans pakistanais contre les forces de sécurité du pays, a été claire. Ils se sont inspirés de la stratégie en trois étapes du général Giap. La première phase a consisté en une opposition armée aux forces pakistanaises dans le Nord et le Sud du Waziristan. Cette étape dure depuis plusieurs années, non sans succès puisque les troupes d'Islamabad ont même dû un temps se replier. Pour la deuxième phase, qui a débuté en 2007, les insurgés s'en sont pris à des postes et à des membres isolés des services de sécurité. Les résultats ont été spectaculaires, aboutissant à la capture de plus de 500 soldats (pour la plupart libérés par la suite). Pendant la troisième phase, la lutte s'est étendue à toute la Province-frontalière-du-Nord-Ouest. L'offensive a gagné en intensité et s'est traduite par des attaques à grande échelle centrées sur Swat, avant-poste de l'insurrection au Waziristan, d'où elle devait atteindre Islamabad et le quartier général de l'armée, situé dans la ville voisine de Rawalpindi.
De plus, les talibans ont discrètement ouvert un nouveau front dans le secteur de Khyber en mai 2008, afin de donner à leurs opérations en Afghanistan un effet de cascade. Cette zone est un axe vital pour l'OTAN, car 80 % du ravitaillement nécessaire à ses opérations en Afghanistan transitent par là. Les hommes du commandant Ustad Yasir, chef taliban de haut rang, ont mené des actions efficaces contre des convois de ravitaillement de l'OTAN. Bientôt, le marché Karkhano de Peshawar a regorgé de matériel, dont des cartes tactiques et de navigation aérienne de l'Alliance, des chaussures de marche, des équipements militaires, etc. Le vol récent de moteurs d'hélicoptère appartenant à l'armée américaine s'inscrit dans la même logique. La stratégie des talibans dans le secteur de Khyber a été si dévastatrice que l'Alliance atlantique a dû conclure un accord avec la Russie pour assurer le passage de son ravitaillement non militaire, alors que le coût du transport jusqu'en Afghanistan en effectuant un tel détour pèse lourd dans son budget.
2. Les cibles prioritaires semblent actuellement les aéroports européens
À la lumière de ces événements, les idéologues d'Al-Qaida sont persuadés qu'un attentat dans le style du 11 septembre ou du 7 juillet renforcerait considérablement les insurrections en Afghanistan et en Irak, gonflerait le moral de leurs troupes et augmenterait le recrutement. Pour l'essentiel, les renseignements sur cet attentat éventuel restent vagues. Les objectifs pourraient être situés en dehors des Etats-Unis, fort probablement en Europe. Les cibles prioritaires sont les aéroports d'où décollent les vols transatlantiques. Shannon, en Irlande, et Düsseldorf, en Allemagne, auraient déjà été identifiés en tant que cibles majeures. Il est possible que de jeunes recrues d'Al-Qaida, essentiellement des Turcs formés par Abou Hanifa, responsable de l'entraînement pour le réseau d'Oussama Bin-Laden, soient utilisés comme "missiles humains" sur des vols américains. Il est difficile d'obtenir plus de détails. Il faut cependant clairement envisager que, comme auparavant à Hambourg [où s'étaient regroupés les principaux responsables du 11 septembre], une cellule ultrasecrète d'Al-Qaida est actuellement occupée à planifier un nouvel attentat de grande envergure.
3. Parallèlement on doit aussi apprécier le conflit indo-pakistanais comme cause et foyer majeurs de l'islamo-terrorisme mondial.
Le 7 juillet, un attentat suicide visant l'ambassade de l'Inde à Kaboul avait déjà fait 41 morts et 150 blessés. Les services secrets pakistanais étaient déjà désignés comme suspects.
C'est un fait que le gouvernement d'Islamabad est actuellement pris entre deux feux.
À tort ou à raison, on a souvent reproché sa faiblesse au président afghan Hamid Karzaï. Mais il a récemment créé la surprise en semblant défendre les incursions militaires en territoire pakistanais destinées à frapper les intégristes musulmans qui attaquent son pays. Lors d'une conférence de presse au palais présidentiel à Kaboul, le 15 juin, trois jours après son retour de la Conférence des pays donateurs à Paris, il a affirmé que l'Afghanistan avait le droit de poursuivre les talibans implantés au Pakistan et responsables des attaques transfrontalières. Initialement considérée comme une menace directe contre Islamabad, la déclaration présidentielle a en suite été interprétée comme une réaction de colère d'un homme dont la patience est à bout. Pourtant, ses paroles ont sans aucun doute été soigneusement pesées. Elles n'ont pas été prononcées sous le coup de l'émotion. De fait, il semblerait que toute la polémique ait été soigneusement orchestrée, de manière à préparer de futures frappes au Pakistan par les forces internationales installées de l'autre côté de la frontière.
En effet, quelques jours plus tôt, les forces américaines en Afghanistan ont mené une campagne de bombardements en territoire pakistanais, tuant 11 soldats. Puis Washington a implicitement approuvé le président Karzaï, en reconnaissant la légitimité de ses inquiétudes et en exhortant Islamabad à mettre un terme aux opérations transfrontalières des talibans. Par la suite, de nombreuses escarmouches ont eu lieu. Les troupes de l'OTAN ont admis sans complexe leurs frappes en territoire pakistanais. Ce qui donne à penser que le chef de l'Etat afghan avait parlé en connaissance de cause. Reste à savoir l'ampleur que prendra cette intervention. L'autre voisin du Pakistan, l'Inde, verra peut-être d'un bon œil ces interventions étrangères contre les bastions extrémistes, mais il serait pourtant bien avisé d'avoir à l'esprit que ces opérations violent la souveraineté d'un pays de l'Asie du Sud et que cela crée un précédent inacceptable.
4. On doit dons apprécier dans ce contexte la controverse américaine, et compte tenu des enjeux de la campagne électorale, pour savoir "où en est Al-Qaida ?"
C'est un match de boxe. D'un côté, le sociologue Marc Sageman. De l'autre, l'historien Bruce Hoffman. Le premier estime Al-Qaida hors jeu, le second traite le premier d'ignare. Derrière la querelle se cachent des histoires de crédits, FBI contre CIA.
Une lutte personnelle acharnée vient d'éclater entre deux grandes personnalités du monde de la lutte antiterroriste, et leurs partisans doivent choisir leur camp. Cette bataille ne se déroule pas dans le no man's land escarpé de la frontière pakistano-afghane. Elle a lieu à Washington, entre deux des principaux théoriciens américains du terrorisme, deux hommes qui ont des opinions opposées sur la nature même de cette menace.
D'un côté, il y a le cérébral Bruce Hoffman, 53 ans, de l'université de Georgetown, auteur en 1998 du fameux Inside Terrorism [La Mécanique terroriste, Calmann-Lévy, 1999]. Selon cet historien, Al-Qaida est vivante, en pleine forme, en train de revenir en force et plus dangereuse qu'elle ne l'a été depuis plusieurs années. Il a avec lui un bataillon d'universitaires traditionnels et un rapport des renseignements publié l'été dernier affirmant qu'Al-Qaida s'est reformée au Pakistan. De l'autre côté, il y a l'iconoclaste Marc Sageman, 55 ans, d'origine polonaise, psychiatre, sociologue, ancien officier traitant de la CIA et consultant auprès de la police de New York. A en croire son dernier livre, Leaderless Jihad [Djihad sans chefs, paru en 2007, non traduit en français], la principale menace ne vient plus d'une organisation appelée Al-Qaida mais de la base – de personnes et de groupes radicalisés qui se rencontrent et complotent dans leur quartier et sur Internet. Il a dans son camp des agents et des analystes occupant des postes très sensibles à la CIA et au FBI.
Si Hoffman pénètre les organisations et se concentre sur les structures de commandement, Sageman entre dans les têtes et analyse la mentalité terroriste. Leur divergence va toutefois au-delà du débat d'idées. C'est le dernier rebondissement d'une guerre d'influence qui fait rage à Washington au sein de la lutte antiterroriste depuis le 11 septembre 2001.
Aussi bien à la Maison-Blanche qu'à la CIA, on reconnaît l'importance du débat entre les deux hommes. Un débat qui est utilisé dans les guerres de territoire auxquelles se livrent les différentes administrations pour déterminer les programmes qui seront mis en avant par le prochain gouvernement. S'il n'y a plus de menace Al-Qaida mais seulement des "bandes de types", selon les termes de Sageman, le futur président pourra plus facilement faire des économies. S'il ne s'agit que d'empêcher des attentats mis au point par de petites bandes de fanatiques dans un garage ou une cave ou dans l'arrière-cour d'une madrasa, c'est davantage du ressort de la police locale et du FBI, un travail qui se fait avec des informateurs et les autorités étrangères. "Si on a un 'djihad sans chefs', je peux me trouver un autre métier, parce qu'il n'y a plus de menace", confie Peter Bergen, de la New America Foundation, un organisme indépendant, qui se range dans le camp de Hoffman. "Les trucs sans chefs ne produisent pas de gros résultats." Si, en revanche, on considère qu'il s'agit avant tout de contrecarrer les complots ou de frapper les chefs d'Al-Qaida à l'étranger, il faut continuer à écouter la CIA, le département d'Etat, l'armée et les enquêteurs qui étudient le financement du terrorisme et leur accorder les moyens correspondants. "L'un des moyens d'accroître son budget, c'est de le présenter en termes de terrorisme", explique Steven Simon, du Council on Foreign Relations (CFR), un organisme indépendant. "Le problème, c'est que la 'qaïdologie' tient davantage d'un art que d'une science, et que les gens y projettent de nombreux préjugés."
Le conflit entre les deux hommes a tourné au vinaigre, même au regard des dures normes de la recherche, quand Hoffman a fait, au printemps, une critique du livre de Sageman pour Foreign Affairs [une publication du CFR]. Dans cet essai intitulé The Myth of Grass-Roots Terrorism [Le mythe du terrorisme de base], il accusait Sageman d'avoir fondamentalement mésinterprété la menace d'Al-Qaida et ajoutait que "son ignorance historique" n'était "surpassée que par son traitement superficiel de la théorie des réseaux sociaux".
La qaïdologie, c'est tout un art…Sageman riposta dans le numéro suivant de Foreign Affairs en accusant Hoffman de "déformation grossière". Il déclara dans un entretien qu'il ne voyait pas comment expliquer les critiques de son rival. "Peut-être est-il furieux que je sois celui qu'on consulte aujourd'hui." L'un des arguments de Sageman pour expliquer la perte d'importance d'Al-Qaida repose sur les déclarations de certains religieux sunnites, qui ont reproché publiquement à l'organisation de tuer des civils musulmans à l'aveugle… Un militant d'origine syrienne, connu sous le nom de guerre d'Abou Moussab Al-Souri, qui serait détenu par les Américains, a également plaidé en faveur d'un djihad sans chefs. Dans l'œuvre de sa vie, un pavé de 1 600 pages publié en 2005, il conseillait aux djihadistes de créer des réseaux décentralisés d'individus et de cellules locales unis par la foi plutôt que des structures hiérarchiques qui risquent d'être prises pour cible. Il qualifiait Oussama Bin-Laden de "pharaon".
De l'autre côté, le principal argument de Hoffman repose sur la résurgence d'Al-Qaida en 2005-2006 le long de la frontière pakistano-afghane. Il existe selon lui des preuves matérielles qu'Al-Qaida "dirige des opérations terroristes d'envergure internationale" à partir de cette base.
Mais les services de renseignements se trompent parfois dans leur analyse quand ils sont confrontés à des éléments de preuve disparates et contradictoires. Prenons, par exemple, les attentats de Madrid de 2004, qui ont tué 191 personnes : les autorités espagnoles et les experts ont commencé par évoquer un lien avec Al-Qaida, mais leurs déclarations ont été contredites par des preuves qui montraient que le groupe s'était formé seul, s'entraînait seul, se finançait seul et que les explosifs utilisés avaient été achetés sur place. Autres exemples, les attentats à la bombe déjoués dans la région de Londres en 2004 et les attentats perpétrés dans les transports londoniens le 7 juillet 2005 : on avait pensé au début qu'ils étaient les uns et les autres les produits d'un terrorisme local. Ce n'est que plus tard qu'on a eu la preuve que, dans les deux cas, certaines des personnes impliquées s'étaient entraînées au Pakistan dans des camps soupçonnés d'avoir des liens avec Al-Qaida.
Ceci est signé d'Elaine Sciolino et Eric Schmitt (The New York Times 8 juin)
Rappelons aussi note la New York Times que pour les magistrats et les policiers d'Europe, qui sont rompus à la lutte contre le terrorisme, le débat qui se déroule de l'autre côté de l'Atlantique est stérile. Il ne se passe pas une semaine ou presque en Europe sans qu'on mette au jour un complot terroriste et qu'on procède à des arrestations. "Ce débat de type 'ou bien - ou bien' risque de nous faire commettre à nouveau les mêmes bêtises que par le passé", confie Baltasar Garzón, le premier magistrat instructeur antiterroriste d'Espagne. "Dans les années 1990, on croyait qu'il n'y avait que des cellules atomisées, et Al-Qaida est arrivée. À présent, on ne voit qu'Al-Qaida, et on déclare que ce n'est plus une menace. Nous sommes en train de refaire la même erreur."
Pour le sociologue et psychiatre Marc Sageman dans le Washington Post et dans un livre récent : la nouvelle génération de djihadistes armés n'a rien à voir avec le réseau d'Oussama Bin-Laden. Il ne reste que des cellules dispersées et privées de chef.
Voici ce que lui répond dans Foreign Affaires (mai 2008) l'expert en terrorisme Bruce Hoffman, enseignant à l'université de Georgetown, qui critique sans ménagement le dernier ouvrage de Sageman : L'organisation demeure une vraie menace
Dans son dernier ouvrage, Leaderless Jihad*, Marc Sageman soutient que la menace la plus grave à laquelle sont confrontés aujourd'hui les Etats-Unis et l'Occident ne réside pas dans une Al-Qaida revivifiée et implantée dans la zone de non-droit s'étendant à la frontière afghano-pakistanaise, mais dans les cellules informelles composées de musulmans immigrés ou nés en Occident et venus étudier ou travailler dans les pays occidentaux. Ces "bandes de types" mécontents et révoltés sont souvent des amis qui partagent le même logement ou fréquentent la même classe, et qui vivent ensemble un processus de radicalisation.
Même si ces groupes terroristes locaux informels constituent sans aucun doute un élément crucial du réseau terroriste global, la faiblesse principale de Leaderless Jihad réside dans l'insistance avec laquelle l'auteur affirme que cette dimension représente la totalité de la menace planant aujourd'hui sur les Etats-Unis. Ce travers s'explique en grande partie par le fait que Sageman écarte d'un revers de manche une bonne partie de la littérature académique existante concernant le terrorisme en général et les réseaux terroristes en particulier.
D'après Sageman, Al-Qaida a cessé d'exister en tant qu'entité organisationnelle ou opérationnelle et ne devrait donc plus constituer un motif de crainte pour la sécurité des Etats-Unis. Sageman pense qu'"Al-Qaida Central a beaucoup diminué en importance" et va même jusqu'à affirmer qu'elle a été "opérationnellement neutralisée". En réalité, prétend Sageman, la principale menace terroriste actuelle proviendrait de groupes diffus à profil bas.
Cette vision contredit pourtant les deux plus récentes analyses autorisées à propos des menaces terroristes pesant sur les Etats-Unis : le National Intelligence Estimate (1) de juillet 2007 et le rapport annuel d'évaluation des menaces présenté en février dernier devant la commission sénatoriale sur les Renseignements par le directeur des renseignements nationaux, Mike McConnell. La partie du NIE 2007 rendue publique souligne sans ambiguïté, par exemple, qu'Al-Qaida "est et restera la menace la plus grave envers la patrie, car sa direction centrale continue d'ourdir des complots à fort impact potentiel, en incitant d'autres membres des communautés sunnites extrémistes à imiter ses initiatives et à renforcer ses capacités". C'est également la conclusion à laquelle est parvenu l'ancien responsable de la CIA et membre du National Security Council, Bruce Riedel, dans les pages de Foreign Affairs, il y a un an ("al-Qaïda Strikes Back", mai-juin 2007).
Le message contenu dans ces documents est clair : Al-Qaida est une organisation remarquablement souple et flexible qui démontre des capacités de planification et d'exécution à la fois de la base au sommet et du sommet à la base. Elle n'est pas exclusivement concentrée sur la dimension locale, qui constitue l'unique préoccupation de Leaderless Jihad.
"Nous estimons, poursuit le document National Intelligence Estimate, que le groupe a conservé ou régénéré des éléments clés de sa capacité d'attaque contre la patrie, parmi lesquels : l'établissement d'un refuge sûr dans les Zones tribales pakistanaises (Pakistan Federally Administered Tribal Areas), des responsables opérationnels et de ses principaux dirigeants." Or Sageman écarte ces conclusions, qu'il juge "alarmistes", mais ne se livre à aucune autre explication analytique ou justification empirique.
Voila mes sources. J'espère qu'elles vous ont intéressé et que, surtout, vous mesurez l'enjeu pour nous Européens, dans la campagne américaine, de la controverse entre MM. Hoffman et Sageman.
JG Malliarakis
Notes
- Précisons par ailleurs ce que sont les "National Intelligence Estimates", documents émis par le gouvernement des États-Unis. Il s'agit d'évaluations officielles du Directeur du renseignement national (DNI) sur des thématiques de renseignement liées à un sujet particulier relevant de la sécurité nationale. Ces "National Intelligence Estimates" sont produits par le National Intelligence Council et reflètent les avis de la Communauté du Renseignement des États-Unis (Intelligence Community) regroupant 16 services de renseignement étatsuniens.
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Les deux thèses ne sont pas contradictoires, du moins d'un point de vue pratique : il peut y avoir à la fois une organisation souple et des initiatives locales qui s'ignorent ou non. Internet permet la coexistence, la parenté intellectuelle et pratique (modes d'emplois), et, éventuellement, la mise en réseau.
Donc nécessité de défense "tous azimuts", mais aussi de la "guerre psychologique" renforçant les musulmans opposés au terrorisme (voir les sunnites d'Irak).
D'ailleurs, Al Qaida étant consciente de son rejet pour cause de massacres de musulmans aurait décidé de cibler davantage les Européens
Yves Montenay
http://www.echosdumondemusulman.net/
Rédigé par : Yves Montenay | mardi 29 juil 2008 à 11:20
Hé oui toujours la même histoire...certains construisent, d'autres détruisent. Ces gars là ont de bonnes raisons selon une logique qui anime parfois leurs ennemis. Nous vivons dans un monde de gangsters...
Rédigé par : minvielle | dimanche 03 août 2008 à 00:52
"Ce qu'il y a de terrible sur terre, c'est que tout le monde a ses raisons."
(réplique de "La règle du jeu", film écrit et réalisé par Jean Renoir en 1939)
Rédigé par : Philippe JOSSELIN | lundi 04 août 2008 à 15:20